Un Journal Intime Pas Très Intime

Chapitre 18 : Le jour où je suis mort.

Tw : racisme, mention de mort.

C'est après l'été 2018 que j'ai arrêté de parler à mon paternel. À cette époque, je venais d'entrer au lycée et j'avais eu 16 ans en juin, soit un mois avant les faits.

Ma belle-mère était Marseillaise. C'est pourquoi nous avons était à Marseille avec ma sœur pour les vacances, chez sa mère, une femme âgée dont je ne me souviens même plus le nom. Je suis même incapable de dire si elle était là à ce moment là ou non. Je sais que j'ai déjà rencontré cette femme pour les fêtes de Noël mais à vrai dire, je ne me souviens même plus de ce que je pensais d'elle. Est-ce qu'elle était gentille ? Est-ce que je ne l'appréciais pas ? Tout ce que je me souviens, c'est que j'ai refusé de manger un soir et que quelqu'un m'a dit :

"Tu as vu ton comportement alors qu'elle t'héberge chez elle ?!"

Je ne sais plus ce qu'il s'est passé, et pourquoi mon frère m'a discrètement apporté un fruit pour que je mange quelque chose alors que je pleurais dans la chambre.

Mais cette fois-ci, c'était la deuxième fois que je m'y rendais. Ou la troisième ? Ma mémoire me joue des tours. Honnêtement, l'ambiance n'était pas mieux. Il y avait eu beaucoup de disputes, de cris et de pleurs durant ces vacances qui ressemblaient plus à un camp militaire. Car avec mon paternel, c'était toujours le pas de course. À peine avais-je ouvert les yeux qu'on venait me dire qu'on m'attendait dans la voiture pour aller je ne sais où. Je n'avais même pas le temps de prendre une douche, alors que j'avais transpiré durant la nuit, même en ayant qu'un petit drap sur moi. Car un été à Marseille, c'est une vraie fournaise pour quelqu'un qui ne supporte pas la chaleur. Si au moins on m'avait prévenu le jour, ou même le soir avant, de ce qu'on allait faire le lendemain, j'aurais mit un réveil ! À quoi bon avoir des plans si c'est pour en prendre connaissance le matin même.

C'était tout le temps comme ça, même avant le divorce de mes parents. Il y avait toujours quelque chose à faire ou à voir. Visite du marché, sortie à la plage, en ville, balade, buvette,.... même si j'aime avoir un programme, j'aime aussi me reposer quand je suis en vacances. Et cette organisation ratée était déjà source de conflits car je déteste qu'on me presse alors que je viens de me réveiller.

Il y avait donc de la tension tout au long de ce séjour, et pas uniquement entre lui et moi. Il est arrivé plusieurs fois que mon paternel et ma belle-mère se disputent, parlant parfois italien pour que moi et mon frère on ne comprennent pas. C'était quelque chose qui m'agaçait d'ailleurs. Quand je pense que j'aurais pu être bilingue si il m'avait daigné m'apprendre sa langue natale...

Mon paternel est né dans un petit village en calabre. Il est venu vivre en France quand il était petit et a même francisé son prénom. C'était donc toujours cocasse de l'entendre se plaindre "des étrangers" alors que lui même n'est pas né ici.

"C'est pas pareil, les italiens on avait besoin d'eux !"

Oui ça doit être ça, rien à voir avec un quelconque racisme, comme la fois où pendant les jeux olympiques il avait râlé devant sa télé en disant qu'il aurait préféré que ce soit un "chintok" qui gagne plutôt qu'un "ricain". À cette âge, j'étais trop bête, je ne disais rien. C'est en grandissant que je me suis rendu compte qu'il ne fallait pas laisser quelqu'un tenir ce genre de propos, quelque soit son âge ou qui il est. Père, ancien militaire, ou même président de la république, il ne faut pas cautionner le racisme et ne pas rester sans rien faire.

***

Revenons à ces vacances durant lesquelles les prises de becs n'allaient jamais bien loin et ne duraient pas longtemps. Si on oublie le départ stressant et fait en vitesse avant chaques sorties, on a quand même pu profiter de ces quelques jours. Et même si j'ai horreur de Marseille avec son odeur de pipi, ces automobilistes qui se croient dans Fast and Furious et ces méchants regards dans la rue, je dois bien admettre qu'il a des coins plutôt jolis.