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En juin, alors que ma première année d'université s'achevait, Julie et moi décidâmes de partir voyager. Nous partîmes en direction de New York.

Un voyage assez particulier puisque nous ne sortions et ne visitions la ville qu'une fois le soleil couché, et nous reposions qu'une fois le soleil levé. Il n'y avait pas de rapport avec un quelconque décalage horaire, mais Julie trouvait simplement New York bien plus magique la nuit.

De plus, l'été arrivant, la nuit était suffisamment douce pour laisser nos vestes à l'hôtel. Des lunettes sur le bout de nos nez malgré l'absence de soleil, un sac si petit qu'il ne pouvait contenir que nos cartes de crédit, et une tenue accordée que Julie choisissait tous les soirs, nous parcourions les rues de New York, nous arrêtant de temps en temps pour tester de la nourriture ou essayer de nouveaux vêtements.

D'habitude plutôt casanière, je me retrouvai sortie de ma zone de confort et euphorique à l'idée de partir dans une grande ville comme celle-ci avec personne d'autre que Julie.

Il faut dire qu'il m'arrivait de penser à Riki, mais nous nous envoyions régulièrement des messages. Rien de bien particulier : j'envoyais des photos de New York, Riki répondait par des photos de terrains de basket ou par des photos du bout des casquettes de ses amis. Nous rigolions bien ensemble, mais dès que je posais une question un peu plus personnelle, Riki changeait étrangement de sujet. Il faut dire que je m'en trouvais plus que frustrée. Je voulais mieux le connaître, et Riki le voyait bien.

Mais suite aux conseils de Julie, je ne répondis qu'une fois par jour aux messages de Riki, ce qui lui fit comprendre ma petite frustration. Ainsi, la fin de notre séjour se déroula sans intervention d'un quelconque garçon.

C'était juste nous, personne d'autre.

Nous allions dans des grands magasins de luxe, essayant des bijoux et vêtements que jamais nous ne pourrions acheter, dans des restaurants à Chinatown, dans des théâtres voir des pièces de Broadway ou encore visiter le sommet des gratte-ciels incontournables. Mon coup de cœur fut un petit restaurant près de Central Park, un restaurant au style rétro, avec un artiste jouant du jazz au piano en chantant. Julie trouvait cela chiant et me supplia à plusieurs reprises de partir au lieu d'attendre la fin de sa représentation.

À la fin de notre séjour, lors du trajet en avion, Julie triait ses photos afin de faire quelques posts alors que je dormais, ne réalisant pas que j'étais réellement partie à New York. Mais le rythme étrange que nous avions adopté me fatiguait au point que je mis une heure et demie pour rentrer de l'aéroport à chez moi, là où d'habitude je mettais une heure.
Il faisait déjà très tard lorsque j'arrivai dans ma rue. Ma valise à la main, je ne passais pas inaperçue, heureusement je ne croisa personne. Il pleuviotait légèrement, m'évoquant les souvenirs de cette chanson que l'un des artistes jouait dans ce fameux restaurant. Je me mis à sourire et à jouer avec mon trousseau de clés, imitant le rythme de la musique avec celui-ci.

Mais en arrivant devant la porte de mon immeuble, j'entendis un raclement de gorge. En me retournant discrètement, je fus surprise de le voir ici.

— Riki ? demandai-je, surprise.

Je voulais savoir comment il avait su que je revenais ce soir précisément et ce qu'il faisait ici, mais la seule question que je réussis à sortir fut :

— Tu vas bien ?

— Heum… dit-il, réalisant probablement l'étrangeté de sa présence.

Je ne bougeai pas, attendant sa réponse. Lui comme moi nous regardâmes, l'air surpris. Il habitait loin, ce n'était pas comme si je l'avais vraiment croisé par hasard.

— Je venais simplement pour voir si tu vas bien, tu semblais un peu irritée par message, dit-il enfin.

Je fus surprise de sa réponse. Je l'observai, sentant mon cœur enfin se détendre après une dizaine de secondes de palpitations.

can't say goodbye [ni-ki] frOù les histoires vivent. Découvrez maintenant