SUNOO.
Les jours qui ont suivis ont largement différés du moment passé sur le canapé.
Entre bouffées de chaleurs écrasantes, hallucinations, crampes interminables et la constante envie de sexe, on s'y perds. Alors qu'on m'avait parlé de phéromones d'un mâle pouvant atténuer la douleur, j'ai connu l'enfer lorsque mes crampes se sont renforcés au point de réduire mes entrailles en miettes.
Le diagnostic du médecin était catastrophique. Elle a sous-estimé les conséquences du venum. Et même si Heeseung a contribué en majorité aux quelques instants de paix, les heures de souffrance ne m'ont pas loupé. Comme quoi, c'est le prix que la nature me fait payer.
Je ne me rappelle pas grand chose. Sauf peut-être lui avoir demandé trois cent cinquante deux fois de s'accoupler avec moi. Je frissonne d'effroi rien qu'en imaginant le truc.
La prochaine fois je m'enferme à double tour chez Jennie plutôt, alpha ou pas alpha. C'était elle qui couvrait mes périodes, en complicité avec mes prises régulières de venum sans le dire aux autres. J'avais peur des chaleurs.
Revenons à mon toutou. À l'interminable semaine passé sous son toit à le harceler sexuellement et hurler comme un dégénéré.
Lorsque j'ai pleinement repris conscience, il n'a rien laissé paraître, agissant normalement. Les pièces de l'appartement étaient propres et rangées, laissaient passer la lumière du jour. Elles étaient aérées, bien que conservant une odeur d'orange et de bois de cèdre.
Comment il a fait pour me gérer ? Je me le demande encore. Il m'a paru normal, même en poussant une assiette pleine sous mes yeux. Je me suis contenté de mâcher sans dire un mot. Le silence n'était pas gênant. Il n'était pas apaisant non plus. Je n'avais pas envie de parler. Et ça n'avait pas l'air de le déranger.
Puis, les souvenirs sont remontés, lentement mais sûrement. De brèves images obscènes qui ont participé à l'afflux du sang au visage. Je ne peux pas me considérer comme quelqu'un de timide quand il s'agit de sexe. Loin de là. Mais jamais je n'aurais soupçonné que Heeseung soit comme « ça » dans ce genre de moment.
Je jette un coup d'œil discret à l'individu en question, installé à l'autre bout de la banquette arrière. Le véhicule avance aux côtés de ses semblables. Aucun bruit à l'intérieur, juste les phéromones de mon loup qui m'enveloppent. Je le sens très —un peu trop— protecteur, sans pour autant lui faire remarquer.
Parce qu'à l'instant, c'est le cadet de mes soucis; et parce que je ne gagnerai pas ce combat. Il sait être têtu quand il veut.
Il y a longtemps que j'ai la sensation que des couches se décollent de sa peau et le dévoilent sous un jour nouveau. Je ne le vois plus tel un monstre à cornes qui veut ma peau. Encore moins comme une source de problème. Il a été le contraire.
Il donne l'air d'admirer le paysage à travers la vitre. Or à mes yeux, son regard est plus perdu dans le vide. Même s'il est resté souriant et sympathique la semaine après mes chaleurs, je l'ai senti distant, ailleurs, dans ses pensées.
Je ne lui demande pas ce qu'il a. C'est en partie frustrant. Je me force à me dire que je m'en fiche. Mais c'est faux. Ça m'importe. Est-ce que j'ai fais ou dit un truc pendant que je délirais ? Ou alors, il regrette... ?
Dis-le prince.
Je déglutis. Je serre les jambes. Ce n'était pas rien, ce qu'on a fait, la mer de plaisir qui m'a traversé, le moi conscient de tous ses actes. Je me rappelle de chaque détail de son visage, et ses yeux rayonnant d'une flamme décoratrice qui, au lieu de m'effrayer, m'étaient en quelques sortes... excitant.
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HYBRIDES, enhypen
FanfictionLors d'une soirée universitaire, Sunoo croise par hasard le regard d'un loup. Pas n'importe lequel. Il s'agit de son prédateur le plus direct, le poussant à se faire plus discret. C'est sans compter sur la volonté de ce loup à lui tourner autour. Il...