11. Seuls à seuls.

310 43 113
                                    







SUNOO.


— « Appelle-moi au moins. Je m'inquiète. »

Le poids de la culpabilité alourdit mon cœur. Je tape rapidement un message que je lui envoie.

Jake

Tout va bien.

Je range le téléphone, regardant l'enseigne lumineuse du bar à striptease. Il y a du monde ce soir, comme tous les autres. J'hésite à entrer. Le videur n'a pas l'air commode mais il me connait. Le soucis c'est que je ne veux pas croiser le patron des lieux. Je ne l'aime pas.

— Hé Arai, plus vite que ça ! Il y a des clients qui t'attendent là !

Je plonge mes mains dans mon perfecto.

— Oui boss ! Répond une voix féminine.

C'est tout ce que j'entends avant de tourner le dos au bar. J'avance sur le trottoir animée. J'aperçois les bâtiments lumineux à travers les flaques d'eau. Il a plu aujourd'hui. Je commence à en avoir assez de ce froid rigoureux.

Tout comme je commence à en avoir assez de toi.

Je peux l'entendre couiner tout au fond de moi.

Elle n'a pas cessé de rendre mes nuits chaotiques. J'ai préféré faire profil bas quelques jours, de peur que quelqu'un découvre ce qui n'allait pas. Dès demain tout sera fini.

Alors si seulement tu pouvais me laisser tranquille.

Depuis que j'ai croisé Lee Heeseung, j'ai l'impression d'avoir perdu le contrôle. Et c'est si frustrant. J'avais ma routine avant qu'il ne vienne tout chambouler. Je n'ai besoin de personne pour survivre. Tu entends ça ? Mes pas se stoppent tandis que je suis assaillis de ses protestations.

Je ramène mes cheveux en arrière en espérant qu'elle se taise, lorsque des frissons viennent chatouiller ma nuque. Immobile, je jette un coup d'œil discret dans mon dos, détectant des silhouettes suspectes. Encore eux. Il ne manquait plus leur présence. En temps normal, je me serais agacé avant de leur échapper en toute discrétion.

Malheureusement pour eux, je suis dans un état tout sauf normal.

Je plonge mes mains dans mes poches, faisant mine de n'avoir rien remarqué et reprend ma tranquille marche. J'inspire profondément et filtre les bruits qui m'entourent en me concentrant. Il y a plusieurs pas qui résonnent dans ma tête. Les leurs sont les plus secrets. Ils se fondent avec facilité dans la foule. Le truc de bien en tant qu'hybride c'est d'avoir les sens sur développés selon l'animal.

Leur odeur diffère du reste.

Je me glisse à mon tour entre les passants en changeant mon rythme de façon brusque, accélérant ma marche. Ma disparition soudaine a du l'affoler. C'est le but voulu. Sans qu'un homme ne s'en rende compte, je lui pique son chapeau. Je retire mon perfecto en chemin et dérobe une veste en vente à un mannequin en silicone devant une boutique.

Un sourire en coin se dessine sur mes lèvres. Ils veulent capturer un renard. Je frétille un peu d'amusement. Je ne sais pas comment ils se sont débrouillés mais je suis toujours visible sur leur radar. Il y a un passage étroit repéré à quelque mètres dans lequel je me glisse.

À partir de là, je n'ai que quelques secondes. Mes griffes s'allongent d'elles même. Je fais plier mes jambes pour prendre mon appuie et saute. J'atterris au dessus d'une caisse abandonnée tout en m'accrochant à un tuyau. C'est suffisant pour me hisser sur le toit.

HYBRIDES, enhypenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant