Histoires De Rémission

12

Severus ne savait pas très bien combien de temps il était resté là, à contempler le reflet du feu, briller sur le verre cassé. Le rouge des flammes dansaient de façon distordue sur son plancher et il y avait quelque chose d'hypnotisant dans le mouvement répétitif quoique imprévisible. Peut-être était-ce finalement une manière de fuir la réalité que représentait ce triste tableau.

Harry était parti.

Pire.

Il l'avait chassé.

Quand Severus finit par s'arracher à son étrange fascination, il était incapable de dire s'il s'était écoulé quelques minutes ou bien des heures. Il se dirigea lourdement vers sa chambre. Et au dernier moment, son regard fut attiré par la porte laissée entrouverte de la pièce adjacente.

Avec un soupir, il finit par y glisser. Il ferma précautionneusement la porte derrière lui, comme s'il avait peur d'être surpris, alors même qu'il était seule dans sa maison vide et silencieuse.

Il se laissa tomber sur les draps, se déchaussa d'un geste las. Avec un soupir, il s'enroula dans les couvertures. Il s'endormit presqu'instantanément, bercé par l'odeur de la peau du jeune sorcier, serrée tout contre lui.

Quand Severus se réveilla, il se trouva fort honteux d'avoir agi ainsi. Il se leva dans un sursaut, ajusta sa tenue d'un tic nerveux et s'enfuit de la chambre, comme pris en faute.

Il prit néanmoins le temps de claquer la porte, manifestant sa colère contre lui même, et de verrouiller la pièce d'un puissant sort, priant pour que cela décourage ses envies ridicules.

De toute manière, il partait pour le château.

Le sorcier prépara ses bagages de manière automatique, essayant d'ignorer l'agaçant tremblement qui parcourait ses mains.

Une fois sa valise prête, il partit de la maison, sans un regard en arrière pour les mois qu'il laissait derrière lui.

Quand Severus vit le château, il se sentit soudainement abattu. Il n'était plus si certain qu'accepter ce poste avait été une bonne idée. Il détestait cet endroit. Il détestait les enfants. Il détestait les souvenirs qui l'envahissaient. Il détestait enseigner. Il détestait se sentir impuissant. Il détestait tout.

Il était certes convaincu qu'il avait pris la bonne décision concernant Harry. Elle était toutefois beaucoup moins facile à assumer maintenant qu'il se trouvait face à Poudlard, dans son implacable grandeur, avec ses fantômes, ses cicatrices et son passé.

Et cela n'avait pas le moindre foutu sens, puisqu'il était revenu maintes fois sans Harry foutu Potter.

Pourtant son absence lui semblait d'autant plus criante face à cette épreuve.

Severus se souvint brutalement ce que signifiait être seul.

.

« Severus. Nous ne vous attendions pas si tôt. Vous auriez pu profiter de votre temps avec Harry, déclara Minerva.

- À partir d'aujourd'hui je vous prie de bien vouloir cesser toute mention de M. Potter, répliqua-t-il avec froideur.

- Oh Severus... Qu'avez vous fait, très cher...

- J'ai fait ce qu'il fallait. »

La directrice ouvrit la bouche pour répliquer mais Severus le coupa d'un geste las.

« Pas aujourd'hui, Minerva. »

Elle pinça sa bouche en guise de mécontentement mais n'insista pas plus, pour le moment.

« Je vais vous présenter à notre très cher professeur de Potions. »

Severus renifla bruyamment, manifestant son enthousiasme restreint.