GENOS - L'aube d'un monde nouveau

Chapitre Cinq

Laboratoire de recherche Genos, Moscou, Europe, 29 Juillet 2035, 14h47

Ana et Tia étaient allongées dans la neige. Elles étaient tombées, inconscientes, telles de vulgaires poupées de chiffons. Ana papillonna la première des paupières, et quand elle ouvrit réellement ses yeux, elle fut pris d'un mal de tête sans précédent. Elle ne se souvenait pas exactement de ce qu'il s'était passé. Elle secoua Tia, qui émergea au fur et à mesure, prise du même mal de tête que sa semblable. Elles n'eurent pas besoin de parler pour savoir que ni l'une ni l'autre n'était capable d'expliquer ce qu'il s'était passé il y avait à peine quelques instants. Elles étaient perdues. Qui avait bien pu leur faire ça ? Leur faire oublier les derniers instants qu'elles avaient vécues avant de soudainement s'évanouir. Et surtout que faisaient t-elles ici ?

- Ne restons pas ici, souffla Ana.

Tia approuva d'un hochement de tête, et les deux jeunes filles repartirent du bâtiment de béton, maintenant abandonné, telles qu'elles étaient venues : dans un courant d'air.

Lieu inconnu, 29 Juillet 2035, 21h02

Ana avait entraîné la jeune asiatique dans ce que Tim appelait une "planque". Pour y accéder il fallait aller dans une sorte de maison abandonnée et pousser un panneau en bois bien particulier. On entrait alors dans un immense souterrain grouillant de gens. Cela ressemblait un peu à une cité sous-terre. Et dans cette cité se cachaient plus d'une centaine de personnes. Ils étaient tous ralliés à la cause de Tim, cause qu'il avait expliqué en long, en large et en travers à Ana. 

Une cause que la jeune fille avait rallié, et que Tia allait sûrement rallier à son tour. Elles déambulèrent au milieu de ces gens qui les dévisageaient tous. Ils avaient pour la plupart des regards tristes et désolés, d'autres avaient les prunelles animées d'une rage que l'on décelait en un instant. Tous étaient sales, habillés de noir, et courbaient l'échine, sombres squelettes auquel on semblait avoir enlevé l'humanité. Une vieille dame s'avança au devant de Tia et lui toucha le bras, ce qui eu pour effet de la faire frissonner. Ce n'était pas un frisson de dégoût non, c'était de la peur. Elle avait peur pour ces gens. Pour ce qui allait leur arriver. Cloîtrés ici, il semblait que personne ne se souciait de leur sort. Elle avait peur de devenir comme eux.

Bientôt, les deux filles arrivèrent au devant de Tim. C'était la première fois que l'asiatique le rencontrait, et il lui inspira immédiatement confiance. Il n'était pas comme ces gens qu'ils avaient croisés dans ce souterrain. Il dégageait une aura presque imperceptible, mais rassurante et chaleureuse. Il avait un air grave, mais on sentait comme un sourire à l'intérieur de ses iris animées d'une flamme de bonté. Tia lui adressa un maigre sourire, et l'homme lui serra la main. Puis il plaça les deux jeunes filles à côté de lui et commença un long discours qui plut immédiatement à la japonaise. 

Elle n'était plus numéro quatre. Elle n'était plus un sujet de laboratoire. Elle n'était plus un objet entre les mains d'Eleanor Northwell.

Elle était Tia. Elle était métamorphe. Et elle sauverait des gens.

Centre de direction des opérations du Groupe Genos, lieu tenu secret, 30 Juillet 2035, 05h45

Eleanor venait à peine d'arriver dans les bureaux. Elle avait une mine fatiguée, et de grands cernes d'un violet bleu ternissaient son joli visage. Deux sujets s'étaient alliés pour s'échapper et le troisième avait disparu dans la nature. Même la bonne nouvelle de la mort de Staphis n'avaient pas suffit à la mettre de bonne humeur. Elle était pathétique et elle le savait. Deux adolescentes et un autre avaient réussi à lui glisser d'entre les doigts et elle était incapable de mettre la main dessus. Son père avait appris la nouvelle par les journaux et avait catégoriquement refusé de lui adresser la parole. Elle savait exactement à quoi il pensait.