Coeur de glace

Prologue

« J'admire ceux qui continuent à danser même lorsque la musique s'est arrêtée, car ce sont ceux qui continuent d'avancer lorsque tout espoir est perdu. »

PROLOGUE

Elle étira longuement sa main fripée qui finit par frapper la surface lisse du miroir. Elle essaya d'y planter ses ongles pour essayer de se relever. Automatiquement, de la buée commença à se former sur le miroir et il commença à se fissurer. Elle était trop gelée. C'était anormal. Elle savait que sa fin approchait, mais elle ne pensait pas que ce serait si tôt. Elle devait avoir encore quelques temps. Elle ne s'était pas cachée pendant toutes ces années pour échouer. Ils n'étaient pas censés vernir la chercher aussi rapidement. Elle avait calculé encore quelques semaines avant leur arrivée. Elle s'observa encore dans le miroir, ses yeux bleus et ses lèvres qui commençaient à bleuir. Ce dernier continuait de se fracturer sous la morsure du froid. Il faisait trop froid.

Elle essaya de se relever, s'accrochant désespérément à la vanité. Ses ongles se plantèrent dans le bois et elle se retint de hurler de douleur quand son dos se craqua, faute d'être restée trop longtemps accroupie au sol, à regarder son reflet geler dans le miroir. Le désespoir se lisait dans ses yeux, mais une touche de détermination y régnait encore.

Un craquement retentit autour d'elle et elle sursauta. Ils arrivaient. Elle ne devait pas se laisser attraper. Non. Pas maintenant. Elle était si proche du but cette fois. Elle donna une autre grande poussée avec ses mains et jambes et réussit à se relever en hurlant de douleur. Elle posa une de ses mains sur son ventre arrondie et regarda son reflet dans le miroir. Elle était minable. Des cernes parcouraient ses yeux et la douleur crispait ses fins traits. L'enfant était si proche. Encore quelques temps...

La porte d'entrée de la maison éclata et elle pria ses jambes de l'amener assez vite au lit. Ses forces s'épuisaient de plus en plus à chaque pas qu'elle faisait. Sous ses pieds, le sol commençait à se remplir de givre et atteignait maintenant les murs. Chaque muscle de son corps la faisait souffrir, mais elle devait continuer. Elle devait supporter la douleur pour elle, son enfant.

Elle entendait des pas dans les escaliers. D'ici trente secondes, ils seraient là, une minute si elle était chanceuse. Elle mit sa main en direction de la poignée de la porte et poussa son énergie vers celle-ci. Un éclair de glace et la serrure était gelée. Elle aurait, au minimum, deux minutes pour accomplir le rituel qui les sauverait, sa lignée et elle.

Elle ouvrit la commode près de son lit et en sortit un petit objet étincelant. Elle le prit dans sa main précautionneusement et souffla à l'intérieur avant de le déposer sur son ventre rond. De la sueur coulait sur son front tandis qu'elle poussait pour faire sortir son enfant. Elle ne put retenir un cri de douleur quand le métal s'enfonça dans sa peau. Elle accoucherait sous peu.

Elle trempa ses mains dans le liquide à sa droite et enduisit son ventre de cette substance. La douleur se clama un peu, mais pas le froid qui avait englouti toute la pièce. L'objet scintillant n'arrêtait pas de lui procurer des vibrations et elle s'efforçait de tenir le coup. Pour ma fille. Quand les chocs se terminèrent, elle mit une toute dernière fois les forces qui lui restaient pour se concentrer sur ses pouvoirs, sa puissance, et les envoyer vers l'objet qui englobait tout.

La porte ne tarda pas à éclater dans un bruit sourd et les fragments restants tombèrent au sol, mais la nouvelle maman réussit à sourire au travers de ses larmes :

- Il est trop tard. Elle réussira.