Chapitre VI (Partie 2)

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Il fait un geste étrange et je vois sa main gantée de noir.

- L19 ?

- Oui Seigneur ?

La voix vient de derrière moi. Un homme de forte taille vient d'entrer. Il est chauve, sans barbe. Entièrement habillé de noir, il a un anneau à l'oreille gauche.

- 93.

- Oui Seigneur.

J'aimerai bien avoir le dictionnaire des mots codés en ce moment... l'homme sort.

- Excuse-moi, travail de routine. Bien. Tu es ici pour devenir un soldat. Tu seras entrainée jusqu'à ce que l'on appelle le Passage. Qui se fait lors de tes vingt ans. Et ensuite, tu es reléguée à un poste. Voilà, tu peux passer dans la salle d'à côté.

Comme je me lève, il dit soudain :

- Ah oui, n'oublie pas, les sorties sont strictement interdite.

Je hoche la tête et ouvre la porte. Il y fait noir et je cherche un interrupteur ou autre chose qui puisse m'éclairer. Mon pied bute soudain contre une pierre. En tombant, je me cogne violemment la tête. Mon dernier souvenir est une douleur intense à la tête.

Je me réveille avec une étrange sensation de brulure au bras gauche, juste sous l'épaule. Lentement, j'ouvre les yeux. Je suis allongée dans un lit, dans une pièce blanche immense. Un court instant, je panique à l'idée d'être de retour à St-Laurent. Mais je me souviens. La marche. Mélanie. Tom. Le piège. Et l'homme qui m'a dit d'aller dans la pièce d'à côté. Puis la chute.

Je me lève lentement. Rapidement, j'enfile la tenue posée sur le lit. Un jean, un t-shirt noir avec la lettre I en blanc et une ceinture de cuir. Il n'y a pas de chaussures, aussi je reste pieds nus. Enfin, je regarde l'origine de ma brulure. Je manque m'étouffer. Il y est écrit 93 ! A présent, je comprends mieux ce que disait l'homme. « Un travail de routine ». Tous ! On est tous marqué ! En observant mieux, je vois un petit I en dessous. Lentement, je traverse la pièce et atteint la porte. A mon grand soulagement, elle s'ouvre sans bruit. Je me retrouve dans un couloir. Des dizaines d'enfants se déplacent rapidement. Je vois aussi quelques adultes qui surveillent. Sur leur t-shirt, il est marqué la lettre A. d'ailleurs, tout le monde est habillés pareil. Seule la lettre du-t-shirt change. Soudain, un haut-parleur crépite.

- I93. I93 est appelée à la salle d'armes. Je répète, I93 est appelée à la salle d'armes.

Je me fige. Un A s'approche.

- Tu cherches la salle d'armes ?

- Ou... Oui.

- Tout droit, puis deuxième couloir à gauche. C'est écrit dessus.

- Merci.

Il s'éloigne. Je suis ses instructions et arrive devant une double porte en bois où il est marqué, en lettre d'or, « Salle d'Armes ». J'entre. Devant moi s'étendent des rangées et des rangées d'armes de toutes sortes. Je remarque qu'il n'y a pas du tout d'armes à feu.

- Bonjour !

Un homme, dont le t-shirt est marqué d'un L, s'approche. Il ressemble comme deux gouttes d'eau à celui de tout à l'heure. J'ouvre la bouche pour répondre mais il a déjà disparut. Il me tapote sur l'épaule. Je sursaute. Il est là, derrière moi. Je me demande comment il a fait pour se déplacer si vite. Il me tend un poignard et un fourreau que j'attache à ma ceinture. Puis il me pousse dehors.

- Excuse-moi, mais j'ai du boulot. Bonne journée !

La porte claque devant mon nez. Je me retourne et regarde la foule qui passe. Soudain, je vois Tom.

- Tom !

Il se retourne. Dans ses yeux, je lis de la peur. Lentement, il fait non de la tête. Mon sourire s'évanouit. Que se passe-t-il ? Je fais un pas vers lui, mais il disparait derrière la foule. Je cours dans sa direction, mais je ne le vois plus. Soudain, quelqu'un m'attrape par le bras et me tire dans l'ombre. Je me retourne. Tom !

- Tom ! Mais...

Il me fait signe de me taire et chuchote :

- Maxime, il ne faut pas qu'on s'appelle par nos prénoms. Mais par nos numéros. Je suis I92.

- I93.

Je suis choquée. Il a peur, je le sens. Mais ce qui me choque, c'est le fait que nous ne sommes plus des personnes, juste des plaques d'immatriculation. Je comprends à présent l'utilité des sortes de tatouages. C'est un peu comme si ils voulaient nous faire disparaître. Nous éliminer toutes formes de personnalités. Nous transformer en robots, en machines. La voix de Tom me tire de mes pensées.

- Quoi ?

- On doit retourner aux dortoirs.

- D'accord.

Lentement, on se lève. Soudain, j'ai un pressentiment.

- Tom ! Si ils essayent de nous donner une pilule ou autre chose, essaye d'éviter de la prendre.

Il me regarde longuement avant d'acquiescer. L'un après l'autre, on sort de notre cachette. Après une vingtaine de minutes, je finis par trouver le couloir des dortoirs. C'est la troisième porte à gauche, là où il y est écrit : Dortoir I. Pour moi, franchir cette porte, c'est comme commencer une nouvelle vie.

Lentement, je pousse la porte.

13 [En Révision Et Finition]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant