Chapitre VII (Partie 1)

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Il n'y a pas un bruit. La pièce est bien éclairée. Il y a dix lits superposés de chaque côté de la pièce, de chaque côté de la porte. En face de la porte, la rangée entre les deux volées de lits et au fond, une autre porte. Dessus, il y a un B. J'observe un peu plus les lits. Sur celui juste à ma gauche, il y est écrit T1 sur celui du haut et T2 sur celui du bas.

- Grouille ! Le lit S1 est libre !

Je lève les yeux. Celle qui vient de me chuchoter ça est une grande fille de seize ans, noire de peu et les yeux étrangement bleus. Du doigt, elle me montre le lit d'en face. Je hoche la tête et grimpe dans le lit. À la tête, il y a un tiroir, que j'ouvre. Dedans, j'y glisse mon poignard et le fourreau. À peine fermé, la porte B s'ouvre. Un homme chauve, plutôt grand, entre. Il a une cicatrice sur le front.

- Bonsoir, Soldats !

- Bonsoir, Caporal !

Ce sont les anciens qui ont répondu. Caporal B nous regarde et sourit.

- Des nouveaux ? Qu'est-ce que vous attendez pour descendre ?

Aussitôt, on descend. On s'aligne devant lui. Il a l'air satisfait.

- Bonsoir les p'tits nouveaux, pour le programme, c'est : vous prenez vos fiches et vous vous débrouillez ! Et je veux pas de questions ! Rompez !

On grimpe dans nos lits et Caporal B éteint.

- Bonne nuit, Soldats !

- Bonne nuit, Caporal !

Je regarde l'horloge, dont les aiguilles sont lumineuses, sur le mur. Il est minuit pile. J'allume la petite lampe portable et regarde le programme :

Programme pour toutes classes et session. (- class 3)

04:00-08:00 : course

08:00-08:30 : petit déjeuner

08:30-11:00 : combat

11:00-12:30 : natation

12:30-13:00 : déjeuner

13:00-16:00 : combat

16:00-18:00 : course

18:00-18:15 : infirmerie (lits R2, S, T)

18:15-20:00 : histoire

20:00-23:00 : combat

23:00-24:00 : repos

24:00-04:00 : nuit

J'ai l'impression d'être à l'armée. Mais apparemment, je n'ai pas le choix. J'éteins et je me couche.

Je me réveille en sursaut. C'est une alarme stridente qui m'a réveillée. Tous le monde est déjà levé. Je prends mon poignard et l'attache à ma ceinture puis je saute du lit.

La course m'épuise. Je m'écroule au bout d'une heure. Le prof me donne des coups de pieds dans les côtes jusqu'à ce que je me lève. Au petit déjeuner, je mange mes deux biscuits et mes quatre carrés de chocolat. Puis je dors un peu, dans l'espoir de récupérer. Le combat est plus simple. On s'entraine à jeter nos poignards sur des pantins puis à neutraliser des pièges pour se délivrer. A la natation, je suis vite épuisée. Mais, par peur de recevoir le même traitement qu'à la course, je me donne à fond. Durant le déjeuner, je m'endors sur mon steak haché à peine entamé. Puis de nouveau, les combats, où je suis plutôt à l'aise. Puis de nouveau la course où je veille à ne pas ralentir, ni m'arrêter. Enfin, à 18:00, je rentre en direction de l'infirmerie en compagnie de deux garçons de 19 ans, d'une fille de 18 ans et de Lou, la fille qui m'a parlé dans le dortoir. C'est un des deux garçons qui entre en premier. Il ne ressort pas par la même porte. Puis la fille, qui ressort au bout de dix secondes. Elle me regarde.

- C'est à toi.

J'entre. La pièce est composée de plusieurs armoires et commodes où trônent des instruments médicaux et une table, transformée en lit. L'infirmière, une jeune femme de environ trente ans aux cheveux blonds et aux yeux bleus me fait signe de m'asseoir sur le lit.

- Excuse-moi, j'avais oublié les nouveaux. Ton nom ?

Me rappelant les conseils de Tom, je réponds :

- I93.

Elle note dans un petit carnet puis reviens vers moi. Durant quelques secondes, elle m'observe sans me toucher.

- Tu as deux côtes cassées I93.

Comment le sait-t-elle ? Elle me tend une pommade en prenant soin que je ne la touche pas.

- Mets-en ce soir, ça ira mieux demain.

Puis elle me tend une pilule que je mets dans ma bouche, sans l'avaler. Enfin, elle me fait signe de sortir par une autre porte. Une fois de l''autre côté, je glisse la pilule dans le fourreau de mon poignard.

- Tu fais quoi ?

Je sursaute. Le garçon me regarde.

- Rien, je vérifie que le fourreau n'est pas abimé. Je le fais souvent.

Il hoche la tête et se détourne. Une fois que tout le monde est là, on prend la direction de la salle de cours. Le cours d'histoire est ennuyeux, le prof est assis derrière son bureau et nous lit ses notes. A nouveau, le combat se passe bien. Durant le moment de repos, Lou et Tom me rejoigne. On s'isole dans un coin. Avec un drôle d'air innocent, Lou nous demande :

- Vous vous appelez ?

C'est Tom qui répond :

- On te l'a dit, Tom et Maxime.

Lou sourit.

- Vous ne prenez pas la pilule.

- Non.

Cette fois, c'est moi qui ai répondu. Tom demande :

- A quoi ça sert ?

- Les nouveaux la prennent le premier jour, ensuite, ils oublient leur prénom dès le premier jour. Puis peu à peu ils oublient tout. Aux dernières nouvelles, j'étais la seule à ne pas l'avoir prise. Je me méfiais. Comme vous.

- Vous n'êtes pas les seuls.

On sursaute. Un garçon où il est écrit J sur le t-shirt s'est approché de nous. Il a les cheveux bruns et les yeux verts. Le plus marquant, c'est la cicatrice qui lui barre l'œil gauche. Et, à l'intérieur de son œil, là où passe la cicatrice, une ligne noire. Il nous tend la main.

- Antoine, ou J84. 14 ans.

On lui serre la main et on se présente. Lou est I52.

- Samy, ou I72, 15 ans.

D'un même mouvement, on se retourne. Un garçon aux longs cheveux noirs nous regarde. Il a les traits tirés. Ses yeux sont entre le brun et le rouge. Un peu orangé. Ses mains sont bandées. On sourit. On n'est plus tout seul.

Les jours passent. Je deviens vraiment bonne en combat. Au bout de deux semaines, j'ai battu le prof. A présent, j'ai un t-shirt avec la lettre C. un jour, lors de notre réunion quotidienne à l'heure du repos, Samy n'est pas là. Tom demande :

- Où est Samy ?

C'est Antoine qui répond :

- Ils l'ont emmené à l'infirmerie.

Lou s'éloigne. Elle revient un peu plus tard avec un papier dans la main.

Je lui demande :

- C'est quoi ?

- C'est un papier signé par un A qui nous permet d'aller voir Samy à l'infirmerie. Vous venez ?

13 [En Révision Et Finition]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant