Chapitre VI (partie 1)

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- Rester ici ?

- Oui.

Il a l'air gêné.

- Tu sais, c'est vraiment bizarre Limestone.

Je termine mon thé avant de lui répondre.

- D'accord.

Il sourit. Il a vraiment l'air heureux.

- Viens ! Je vais te montrer ta future chambre !

En rigolant, je le suis au fond de la grotte. Il me montre un petit creux dans la paroi où se trouvent un lit, une couverture et une table à même le plancher.

- Celle-là, c'est la mienne, la tienne est juste à côté.

J'y vais. Il y exactement les mêmes choses sauf qu'ici, la couverture est rouge, alors que dans l'autre, elle était bleue.

- Merci

- De rien. Je vais me coucher.

- Bonne nuit.

-Bonne nuit.

Je m'allonge sur le lit qui est plutôt confortable. Pour la première fois depuis longtemps, je suis heureuse.

Cela fait déjà une semaine que je suis ici. Tom m'apprend à chasser avec un arc, une lance ou un harpon. Il m'apprend aussi à cueillir les mets comestibles et à fabriquer des choses basiques comme un panier ou des armes. Ce que je n'arrive pas à faire, c'est un feu. Pourtant il a essayé de m'apprendre.

Ce jour-là, on était tous deux assis au bord de la rivière, emmitouflés dans nos manteaux de fourrure. Tom avait l'air soucieux.

- J'ai besoin de cordes et de nouveaux outils Maxime.

- Tu veux que je te les fasse ?

- Non. J'ai besoin de vrais outils.

- Tu veux dire que...

- Oui, il faut que j'aille à Limestone.

- Je t'accompagne.

- Non! Maxime, non. C'est trop dangereux.

- Bonne nuit !

- Maxime ! Non ! Attends.

Trop tard. Je me couche. J'entends Tom qui s'approche. Je fais semblant de dormir. Au bout d'un moment, il retourne se coucher.

Heureusement, je me lève plus tôt que lui. Je glisse mon canif dans mon sac et m'habille. Puis je vais faire chauffer de l'eau sur le feu qui ne s'est pas éteint. Quand j'entends Tom se lever, je prépare deux tasses de thé et lui en tends une. Il accepte avec un grognement.

Sur le chemin, il se calme et sourit même plusieurs fois quand je lui montre un écureuil ou un oiseau. Mais à proximité de Limestone, il devient grave. Je sais que ce n'est pas contre moi. Il s'inquiète un peu, c'est tout. Il n'y a pas longtemps, il m'a expliqué que les enfants qui disparaissaient avaient entre zéro et vingts ans. Il est sur ses gardes. Les rues sont pavées. Il n'y a personne. Tout est fermé. De l'humidité coule sur les murs. Et surtout, tout est d'un noir d'encre.

Nous avons rabattu nos capuches. Puis nous sommes entrés dans un des seuls magasins ouverts. Là, on a eut un choc. Il y avait un monde fou. À croire que tout Limestone était réunit. Mais il n'y a pas un rire, pas même un bavardage. Je remarque alors que ce sont tous des enfants accompagnés de leurs parents, qui ont les yeux rougis par les larmes. Ils font la queue. Je regarde Tom. On est fichu.

Devant, je vois deux hommes en noir qui vérifient tous les yeux des enfants. Puis ils les séparent en deux groupes. Dans l'un, ils sont séparés de leurs parents. Ces derniers crient et pleurent mais d'autres hommes en noir les embarquent. Dans l'autre groupe, les enfants et les parents restent ensemble, soulagés. Nous avançons et bientôt, c'est notre tour.

- Enlevez vos capuches.

Étrangement, la voix est douce. Nous nous exécutons à contre cœur. Celui qui s'occupe de moi pousse une exclamation de surprise. Du coin de l'œil, je vois Tom aller dans le premier groupe, abattu. L'homme me tient par l'épaule. Il me regarde encore une fois puis me fait rejoindre le premier groupe. Je rejoins Tom et nos mains se serrent. Ça y est. C'est fini pour nous.

Au final, nous somme vingt-quatre. Il y en a six qui n'ont pas l'air d'avoir plus de deux ans. Ça me fait mal au cœur. Nous nous mettons en marche. Entourés d'hommes en noir, nous traversons la ville. Des gens nous regardent à travers leurs rideaux. Comme un des petits trébuche, je le prends sur mon dos.
Enfin, nous arrivons devant le portail du château. Les portes s'ouvrent et nous pénétrons dans une immense cour où plusieurs voitures de marque sont garées. On nous bande les yeux.

Je ne me rappelle pas du trajet mais quand on nous a enlevé le bandeau, nous étions dans une cellule. À peine le temps de se retourner que la porte avait déjà claqué.

Nous avons attendu environ deux heures puis deux femmes habillées en noir sont venus et ont pris tous ceux qui avaient six ans ou moins. Nous n'étions plus que quatorze. Puis, une heure plus tard, elle sont revenues et ont pris ceux qui avaient entre sept et quatorze ans. Nous n'étions plus que six. Enfin, elles sont venues nous chercher. Elles nous ont conduits devant une grande porte. L'une d'elles prend une liste et fait l'appel. Tom passe en avant-dernier et je me retrouve seule. Enfin :

-Maxime Limenon.

J'entre dans la salle. Il y a juste un fauteuil et une chaise de chaque côtés d'un bureau. Je m'assoie sur la chaise. Je ne parviens pas à distinguer l'homme en face de moi.

- Enfin...

Sa voix est douce mais emprunte d'un accent de méchanceté.

- Alors, comme ça, ils t'ont appelé Maxime ?

Il éclate de rire. Un rire froid et moqueur. Je préfère ne rien dire et n'ose plus bouger.

- La troisième attrapée et de loin la meilleure...

Je me rends compte que j'ai arrêtée de respirer. Je reprends mon souffle.

- Tu dois te demander pourquoi tu es là, assise sur cette chaise inconfortable, non?

Il se tait un moment.

- Les enfants comme toi, les enfants aux yeux clairs, ceux qui viennent ici, tous, tous sont passés sur cette chaise, et tous ont appris ce qu'ils étaient vraiment. Et tous ont entendu ces mots.

13 [En Révision Et Finition]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant