*La montagne qui me fait face, m'appelle et me hante. Un pas, puis deux, et ainsi de suite, me mènent en haut de cette immensité. Le vent, la fraîcheur, les nuages qui ne sont qu'à un bras de m'atteindre m'enveloppent finalement. Tout est merveilleux... Je prends une grande respiration avant de crier toute ma joie et mon effort. Je suis seule, je suis libre. Et surtout, je ne m'attendais pas à recevoir une réponse. Le son irrégulier des pas d'une personne qui gravit cette montagne m'effraie, mais la curiosité me donne envie de rester. Parce que je connais la suite. L'homme s'avance en confiance, je lui parle doucement de choses et d'autres mais il ne répond que brièvement. Ayant compris qu'il voulait que je me taise, alors soit. Je fais un dernier tour sur moi-même pour contempler l'infini et m'en vais en direction opposée à la sienne. Il me retient. Il me demande de rester. Sa main glisse le long de mon bras, me procurant une sensation presque indescriptible. Une sorte de mélange entre l'électrique et l'aimant. Je ferme les yeux ayant peur que ce ne soit rien de plus qu'un rêve*
*Yellow diamonds in the light. Now we're standing side by side. As your shadow crosses mine...*
Je me réveille en un sursaut. Ma main cherche à éteindre mon téléphone mais n'arrive pas à le trouver. J'essaie d'ouvrir les yeux mais la clarté m'empêche de voir distinctement. J'ai encore oublié de fermer les volets hier soir. J'attends quelques instants avant de me redresser sur mes avant-bras engourdis et regarde autour de moi. Encore une chose prévisible : mes oreillers sont par terre et ma couette pend à moitié dans le vide.
*It's the way I'm feeling I just can't deny. But I've gotta let it go*
Je ne sais où, ni comment, j'ai réussi à trouver assez de motivation pour me lever et éteindre mon réveil. Je passe devant mon calendrier : on est mardi. Ce qui veut dire, encore une journée vide et gâchée à passer en cours.
J'avance dans la rue en priant pour que la sonnerie retentisse avant que je n'arrive devant le bâtiment. Mais je ne dois pas prier assez fort ou ma requête paraît tellement insignifiante qu'elle m'a été refusée. Mais croyez-moi, elle aurait pu me sauver de l'attente ainsi que du sentiment d'être observée. Étant de nature solitaire, lunatique et assez je-m'en'foutiste, je m'habille de façon discrète, ne me maquille pas, ne me met pas de vernis aux ongles, mais ne les ronge pas non plus. Je n'ai pas d'amis, seulement des distractions auxquels je ne tiens pas tant que ça. Et ça me va.
La cour commence à se remplir, les groupes se forment. Une silhouette s'approche de moi, des bribes de mon rêve me reviennent mais disparaissent presque aussitôt. Martin, comme à son habitude, passe son bras autour de mes épaules et laisse tomber son sac ainsi que tout son poids sur moi jusqu'à ce que je fasse un pas sur le côté. J'appellerais ça un rituel mais il dit que c'est juste nous.
"Au moins j'ai réussi à te faire sourire avant huit heure !" s'exclame-t-il avec des yeux qui pétillent d'un concentré de malice.
"J'ai juste imaginé mon fou rire pour le jour où tu tomberas par terre, ne m'en veux pas" Son sourire s'agrandit en miroir au mien. Il me comprends.
"Au moins tu penses à moi. Preuve que ton esprit cruel est ouvert au reste du monde !"
Je secoue la tête et ne trouve rien à répondre. Comme pour me sauver d'un silence qui aurait pu devenir gênant, la sonnerie retentit. L'avantage des cours est que tu peux ne parler à personne durant 45-55 bonnes minutes et qu'avec le temps, les autres finissent par comprendre que tu ne leur parleras pas.
Je m'installe sur une des rangées côté mur et pose mon sac sur la chaise à côté de moi. Si ce n'est pas un message suffisamment explicite, laissez-moi le traduire : cette place est prise. Après le vacarme des chaises qui rappent le sol, des bavardages et des bruits de talons, le silence finit par s'installer. Le professeur arrive accompagné d'une nouvelle tête. Un nouvel élève. Une présentation et deux trois paroles de nos délégués plus tard, il finit par s'avancer jusqu'à ma table.
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Illusory Life
Teen FictionDepuis longtemps je me fond dans la masse, je suis une lycéenne comme les autres. Enfin, ça dépend... Si l'on considère que parfois mes fantasmes et mes rêves me font perdre la notion de réalité, alors je suis une "outcast". Autrement, je suis ju...