Lettre 12

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Théo,

J'ai retourné ma dernière phrase encore et encore. Quand j'écris ces lettres, je ne prends pas le temps de réfléchir. Cette phrase, je ne l'ai pas réfléchie. Tu vas me dire que je ne réfléchit jamais de toute façon.

Oh, ça ne veut pas dire que je ne le pense pas.

C'est vrai, j'ai peur. Je m'interroge.

Est-ce que tout redeviendra comme avant ?

Pourquoi le monde semble continuer de tourner alors que le mien s'est arrêté ?

Est-ce que je perdrais contact avec ta famille ?

Comment les autres me regardent-ils ? Comment réagir ?

Est-ce que je supporterais de les voir, de leur parler ?

J'ai peur.

Est-ce seulement possible d'être heureuse sans toi ?

Au fond qu'est-ce qui m'en empêche ? Rien, seulement un manque, un vide, que je dois apprendre à combler. Je le comble avec nos souvenirs, tu nous as laissé tant malgré tout ce que tu as emmené avec toi.

J'ai lu quelque part « ne pleure pas car c'est terminé, souri car c'est arrivé ». C'est vrai. Ton amitié m'a apporté les plus grands bonheurs pendant toutes ces années. Pourquoi devrais-je être triste à propos d'une chose qui m'a rendue tellement heureuse ?

J'avance peu à peu, je commence à réfléchir, à relativiser. Je retrouve mon sourire. Lentement mais sûrement.

Aujourd'hui, la première fois depuis ce qui m'a paru une éternité, j'ai ri. ça a surpris tout le monde, moi aussi d'ailleurs. C'était libérateur. J'ai vu des gens sourire, était-ce grâce à moi ? j'aimerais !

Dans ce cas je continuerais de faire rire et sourire les autres. Quel plan de carrière magnifique, n'est-ce pas ?

Comme c'est bon de rêver comme si tu étais là !

Pardon d'être aussi idiote.

Céline

Quand j'irai sur ta tombeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant