Chapitre 39 : Un pas de plus vers l'enfer

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"Pourquoi courir, si tu n'as pas de destination ?" Jarod (un rappeur cool)

Je lis et je relis la phrase sur l'emballage du test sans comprendre un seul mot. C'est comme si mon cerveau les rejettait. "Barres" "Positif" "Negatif" je ne saisissais pas le sens de ces mots.
Fanny m'a pris l'emballage des mains et je suis restée là à regarder mes doigts  comme une demeurée.

_Queen... Je suis désolée.

Ah. Ca y est le sens des mots de l'emballage me vient.
"Une barre signifie que le test est négatif, deux barres signifient qu'il est positif."

Positif.

Po-si-tif.

L'air me manque.

Positif.

Je ne pleure pas. Mais ce qui se passe dans mon corps et dans ma tête est impressionnant.
Là, à cet instant j'ai envie de mourir.
J'ai l'impression de faire une tachycardie tant mon coeur bat fort.
Tous mes membres sont parcourus de tremblements que je ne peux maîtriser.
Quand Fanny me prend dans ses bras je ne pleure toujours pas, il y a trop peu d'air dans mes poumons pour que je puisse éclater en sanglots.

Je suis enceinte.

Ces mots résonnent dans ma tête et c'est comme si quelqu'un tentait de me fracasser le crâne à coup de massue.
Je serre les poing tellement fort que mes ongles laissent de petits arc de cercles blancs dans mes paumes. Je respire par à-coups, la panique me saisit tout entière.
Je suis en train de faire une crise.
J'ai envie d'hurler. J'ai de plus en plus de mal à respirer. Des pensées irrationnelles me viennent à l'esprit. Je déraille complètement.  La situation me parait tellement irréelle !
C'est tellement douloureux que je suis convaincue que mon coeur n'y survivra pas. Et ce serait peut être mieux.

Oh mon Dieu.
Comment j'ai pu laisser un truc pareil m'arriver ?
Je me sens tellement conne !
Je me griffe le visage jusqu'au sang, je tire sur mes cheveux et je tambourine la porte de coups de pieds. Je pète un plomb.
Bordel pourquoi moi ?!
Fanny me dit des trucs mais je lui hurle d'aller se faire foutre. Parce que je me sens en colère, non, je me sens enragée.

Pendant une vingtaine de minutes, je me laisse aller à une terrible crise. Je m'en veux et j'en veux à la terre entière.
J'avais tellement méprisé toutes ces filles stupides qui tombaient enceinte à 15, 16, 17 ans, même ma mère je l'avais trouvé stupide ! Et me voilà dans la même situation.
Mais quelle cruche !
J'avais envie de me tuer, de tout brûler, tout casser, tout envoyer chier.
Le poids du désespoir était immense, il écrasait ma poitrine et la douleur était incommensurable. C'était comme si toute force me quittait. Je ne ressentais plus rien, je n'étais que douleur.

Peu à peu je tente de me calmer, si ma tension s'élevait trop je ferais un malaise et Fanny ne saurait pas quoi faire dans l'immédiat.
Je suis trop faible pour me mettre debout. Fanny réussit à me traîner jusque dans ma chambre puis jusque dans mon lit. Je m'effondre dessus dans l'espoir de m'y enfoncer jusqu'à disparaître.

_Tu veux de l'eau ?

Je secoue la tête et je me recroqueville sur moi même.
Fanny me prend dans ses bras et me serre contre elle, là seulement, je pleure. De gros sanglots emplis de douleur. Je crois n'avoir jamais eu de tels sanglots depuis la mort de ma soeur. Ces sanglots me font me sentir enfant. Je hoquette, je renifle, je tremble.
J'ai la tête posée contre sa poitrine, je n'arrive plus à penser de manière rationnelle.
Je suis enceinte bordel !
Comment ai je fais pour me mettre dans une telle merde ?
Je pleure encore longtemps avant de m'endormir, épuisée par ma crise.

.

C'est l'envie de vomir qui me réveille.
J'ouvre les yeux, ça sens encore le parfum de Fanny.
Je me précipite aux toilettes.
Ca m'épuise de vomir de la bile, j'ai mal à la gorge.

_Maman !

C'est la première fois que je prononce ce mot pour appeler Rae. Peut être que c'est le fait que je l'ai dis en pleurant qui fais que ça sonne bizarrement.

Personne ne me répond. Personne ne sens ma détresse.

.

Chapitre 39.
Et oui, je suis tombée enceinte quand j'avais 16 ans. C'est le genre de trucs qu'on pense que ça n'arrive qu'aux autres jusqu'à ce que ça nous arrive en pleine face.
Sérieux les filles, protégez vous ! Que ce soit la pilule, les capotes, le patch, tout ce que vous voulez, protégez vous, c'est sérieux, les boulettes ça arrive, mais quand on fais attention on peut les éviter et ainsi préserver sa jeunesse de tout ces trucs qu'on est pas censé subir quand on est ado.
Protégez vous, couchez avec des mecs fiables et soyez heureuses.

Forever and a day (Partie 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant