Chapitre 23

452 36 6
                                    

Le choc est inscrit sur le visage des parents de Cassy. Ils auraient pu s'attendre à autre chose du style de rappeler un Ange Déchu pour qu'il les aide, mais pas de se jeter dans la gueule du loup. Ils tiennent encore à leur vie de vivant même s'ils veulent retrouver leur fille. Si les Anges ne coopèrent pas, ils vont perdre la mémoire ou se faire torturer jusqu'à la mort. Cette simple pensée les terrifie. Ils auraient fait tout ce chemin pour finalement ne pas revoir leur fille.

-Il n'y a pas d'autres solutions? demande le père de Cassy.

-Malheureusement, répond le monsieur, non. Il y a plusieurs villages de communauté de mort et il vous serait impossible de tous les parcourir même si vous avez l'éternité devant vous. Les Anges finiraient par vous rattraper, car personne ne change de village puisqu'ils ne connaissent pas leur existence. Ça a été un coup de chance que les Anges ne vous attrapent pas aujourd'hui...

Il se frotte le menton pendant quelques secondes comme s'il essayait de se rappeler de quelque chose, mais qu'il ne savait pas quoi. Il fronce les sourcils et marmonne des trucs pour se rafraîchir la mémoire. C'est important...

-Les Anges attrapent tout le monde... Je suis le seul... Il y avait un événement. Un événement! C'est ça. Vous avez eu une grande chance d'arriver aujourd'hui. J'adore espionner les conversations, surtout celles des Anges qui passent sans me voir. Je les ai entendus parler d'un genre de sacrifice qui aurait lieu aujourd'hui... C'est pourquoi ils ne vous ont pas effacé la mémoire, ils se sont tous rassemblé dans leur monument sacré. C'est une fille qui avait pêché je crois...

Les parents de Cassy sursautent face à cette révélation. Il est en train de parler de leur fille! Comment, autrement, comme la voyante l'avait dit, serait-elle encore en vie? Ils vont sacrifier notre fille, se mettent-ils à penser. L'horreur de la situation commence à se former dans leur esprit et ils remercient chaleureusement le monsieur qui les a si gentiment aidés. Maintenant, ils ont leur propre quête : trouver ce monument sacré et reprendre leur fille.

Ils parviennent sans mal à retrouver leur chemin jusqu'au centre du village avec les indications que le monsieur leur a si gentiment données. Sans attirer l'attention, ils s'accotent sur le mur d'une maison et observent les alentours. Ils cherchent le monument sacré des Anges, car, puisqu'il change constamment de place pour protection, le monsieur n'a pas pu leur dire où il se trouvait. Seulement que c'était derrière une longue plaine... mais il y a des plaines partout autour du village! Cela ne les avance pas grandement. De la brume cache en partie les plaines, alors c'est difficile de trouver un bâtiment dans tout ce brouillard. Leurs yeux observent attentivement chaque parcelle des plaines pour essayer de distinguer le monument. Le père de Cassy pense l'avoir vu et il se met à sautiller sur place, mais ce n'était qu'un oiseau... Il grogne et se remet à chercher.

-Je le vois! hurle la mère de Cassy.

-Où? s'exclame son mari en fouillant les environs du regard.

-Là-bas! Regarde! dit-elle en pointant l'horizon.

Après quelques minutes de silence, le père de Cassy hurle de joie. Il le voit! Le grand dôme d'une cathédrale beige qu'ils imaginent gigantesque sort un tout petit peu de la brume loin en avant d'eux. L'excitation retombe finalement quand ils se rendent compte qu'il est vraiment loin. Ils n'ont vu aucune voiture depuis leur arrivée ici et ils ne pensent pas qu'il y en a. Ils vont devoir marcher tout ce chemin et ils espèrent arriver à temps. Le monsieur leur a dit que les Anges n'étaient pas là quand ils sont arrivés au Paradis, car la cérémonie est en cours de préparation. Ils se regardent une dernière fois, prennent une grande respiration et se mettent en route.

Ici, ils n'ont pas la notion du temps et cela ne les surprend pas. Qui veut savoir depuis quand ils sont morts? Personne. Tous veulent recommencer une nouvelle vie. M'enfin, les Anges ne leur ont pas laissé le choix. Ils continuent leur progression sur la plaine déserte sous un soleil brûlant sans jamais en ressentir la chaleur. Ils se seraient attendus à suer, mais ce n'est pas le cas. Leur corps est à une température normale et ils ne sont pas essoufflés. Ça doit être une bonne chose.

Carita, Sirène ou humaine? Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant