Chapitre 3.

192 26 2
                                    

Je me réveillai paisiblement. Par chance, mon mal de crâne était passé. Je soupçonnais donc tout simplement la fatigue de m'avoir joué un tour la veille. Bizarrement plus qu'en forme, je me levai rapidement et me dirigeai vers la cuisine pour me faire un café. Je voulus aller proposer à Caroline de lui en faire un, mais je ne savais pas si Dylan était resté dormir à la maison ou pas. Dans le doute et pour éviter toute gêne, je décidai donc de m'abstenir. Je me fis donc un café dans lequel je versai quelques gouttes de lait ainsi qu'un sucre et demi. Je m'affalai ensuite sur le canapé après avoir posé mon café brûlant sur la table basse. En effet, ce canapé supportait notre poids environ un quart de la journée. De vraies grosses feignantes. Et pas qu'amatrice !

J'allumai la télé et zappai les chaînes, sans trouver un programme qui me plaisait. Je regardai alors l'heure, étonnée. 10h12. Bizarre, souvent à cette heure il y avait des films sur la 10 et la 11. Tant pis. Je me levai et allai en direction de la salle de bain pour me changer. J'étais tellement fatiguée la veille que j'en avais oublié de me mettre en pyjama. Je mis donc les infos afin de me renseigner sur les actualités de ce dimanche et me dirigeai vers la salle de bain. Rien de bien intéressant, grève de la SNCF (pour changer !) et nouvelle saison pour je ne sais plus quel légume.

Une fois habillée, je décidai d'aller à la boulangerie pour acheter des viennoiseries pour Caroline et éventuellement Dylan s'il était resté dormir à la maison. Je décidai de partir à pieds. Arrivée en bas de mon immeuble, je partis en direction de ma boulangerie habituelle. Celle dont la propriétaire était très agréable et avec qui j'avais sympathisé. 

Une fois arrivée, j'entrai. La propriétaire, Barbara il me semble, me reconnut sûrement car elle m'adressa un grand sourire chaleureux.

"Bonjour ! Qu'est-ce que je vous sers aujourd'hui ?" me demanda-t-elle sans pour autant s'arrêter de sourire.

"Bonjour ! Se sera 3 croissants, 3 pains au chocolat et hum.. aller, 3 chaussons aux pommes. Et une baguette s'il vous plaît !"

Elle se retourna et pris une baguette qu'elle emballa soigneusement avant de se diriger vers sa caisse pour la compter dans le prix final. Elle pris ensuite ma commande de viennoiserie et les disposa dans un petit sac qu'elle posa à côté de ma baguette.

"7€20 s'il vous plaît." m'annonça-t-elle.

Je payai et lui adressai mes au revoir avant de sortir de la boutique. Un petit vent frais s'était levé, ce qui me fit frissonner. Alors que j'étais plongée dans mes pensées, quelqu'un me bouscula.

"Oh pardon !" m'excusai-je par réflexe, bien que je ne sois pas en tort.

C'était un monsieur, assez musclé d'ailleurs. Très imposant. Il tenait par la main un petit garçon qui mangeait une sucette. Sûrement son fils. Il m'adressa un sourire en guise de réponse et ajouta "c'est moi".

Je me retournai donc vers la rue assez déserte quand j'entendis derrière moi le petit garçon s'adresser au monsieur. Je me retournai discrètement.

"C'est elle papa j'te dis !" s'exclama-t-il en me montrant du doigt de façon pas très discrète.

"Ne dis pas de bêtise, Tom."

Ayant entendu les paroles du père, je me rassurai. Je ne voulais pas avoir d'ennuis, encore moins avec une personne de ce gabarit. Je tournai dans l'angle de la rue où un couple était en train de s'embrasser à pleine bouche sur le trottoir. Je fis une grimace intérieure, digne de mon dégoût. Je décidai de changer de trottoir. Par chance, la rue étant pratiquement déserte à cette heure-ci un dimanche, je pus me permettre de la traverser sans qu'il n'y ait de risque. Je sentis une pression sur mon épaule et me retournai brusquement.

"Madame !"

Je regardai la personne qui venait de m'interpeller et fus étonnée de voir le petit Tom. Je ne le connaissais pas, mais son père l'avait appelé ainsi quelques minutes auparavant.

"Oui ?"

"Bien vrai que c'est vous qui avez  été au parc ce matin ? Hein ? Mon papa ne me croit pas !"

Il devait avoir une dizaine d'années, ce qui pardonnait en partie son côté sans gêne. Cependant, je n'étais pas allé au parc ce matin là.

"Non, tu dois te tromper. Désolée jeune homme." souris-je.

"Mais si ! J'vous reconnais, j'suis pas aveugle quand même !"

Il commençait sérieusement à m'agacer. Je pris sur moi et m'adressa calmement à lui.

"Non, je suis désolée mais tu dois confondre."

Au même moment, son père arriva par derrière et le retourna par l'épaule, la mine énervée.

"Mais ça va pas de me faire des frayeurs comme ça ! La prochaine fois je t'assure que ta play tu l'oublies pour une semaine ! Maintenant tu laisses cette jeune fille tranquille et on rentre." cria-t-il à son fils.

J'adressai un merci au papa et repartis en direction de ma maison.

*Ellipse* 

J'ouvrai la porte de mon appartement et y entrai. Je posai mes clés, la baguette et le sac de viennoiseries sur le plan de travail et enlevai mon manteau. Quand je levai le regard, j'aperçus Caroline et Dylan, en train de regarder la télé en mangeant de la pizza.

"Oh c'est cool de m'avoir attendue ! Surtout que je vous ai acheté de quoi déjeuner.."

Je regardai la pendule et constatai qu'il était déjà 13h03. Peut-être un peu tard pour déjeuner, certes, mais ça ne pardonnait pas le fait qu'ils ne m'aient pas attendue. Je décidai de le prendre à la rigolade. Je n'allais tout de même pas m'énerver pour ça..

Je m'approchai du canapé, n'ayant eu aucune réponse de la part des amoureux. Je compris que quelque chose n'allait pas quand je vis le regard noir que Caroline m'avait lancé. 

"Euh.. ça va ?" demandai-je, hésitante.

"Bah oui, pourquoi ?" sourit-elle, sans doute en se forçant.

Son regard restait intense, noir et plein reproches. Je ne comprenais pas. Qu'avais-je fait ? J'essayais de me remémorer les dernières scènes de la veille. Peut-être m'en voulait-elle de m'être couchée plus tôt que prévu hier ? Non, je la connaissais. Elle ne m'en aurait pas voulu pour si peu. Puis, elle avait l'air inquiète la veille, et non pas agacée. Et elle sait que je ne l'aurais pas fait si je n'en avais pas senti autant la nécessité, non ?

"Bah.. on dirait pas." avouai-je.

"Ouai, en fait, t'as raison." annonça-t-elle froidement.

Sur ces paroles, elle se retourna vers son programme télé et Dylan, qui ne m'avait pas adressé un mot, en fit de même.

Qu'est-ce que j'avait fait ? 


Je ne suis pas folle.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant