Chapitre 12.

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"Mais puisque je vous dis que ce n'est pas moi, merde à la fin !" hurlai-je aux deux infirmières et au psychologue qui n'était pas celui de la dernière fois.

"Adèle !" tenta de me calmer ma mère.

Mais cette fois-ci, c'en était trop. Comment pouvaient-ils croire que j'avais pu saccager ma chambre de la sorte ? Je n'étais pas folle, bordel ! J'en avais marre, j'en pouvais plus. J'avais beau leur dire tout ce que je pouvais, ils ne me croyaient pas.

"Cette fois, le verdict est clair, Adèle. C'était la fois de trop. Tu seras transférée demain dans.." hésita l'infirmière du premier jour.

"Dans un hôpital psychiatrique." compléta le psychologue, impassible.

Mes jambes se mirent à trembler. Il y a 3 mois, tout cela aurait été absurde et j'aurais ri au nez des personnes qui auraient osé imaginer une telle situation. Mais il fallait se rendre à l'évidence, j'étais destinée à vieillir dans un hôpital psychiatrique. Je voulais pleurer, hurler à la terre entière de m'écouter, mais c'était trop tard. Je m'étais enfermée dans cette bulle et il était trop tard pour en sortir. Je courus vers je ne sais où en claquant la porte derrière moi. Je ne voulais pas fuguer, mais profiter.

Si j'étais considérée comme folle, je voulais en profiter. Je m'étais toujours dit en regardant les séries américaines médicales, que ça devait être trop génial d'embrasser un infirmier beau goss. Qu'avais-je à perdre ? Je voulais profiter avant de me retrouver avec.. des fous. Oui, bel et bien des fous. Mon père essaya de me courir après mais la vieillesse l'en empêcha. Je courrais à travers les couloirs, ne sachant ni où j'allai, ni où je comptais aller. Je savais juste que je courrai, bousculant parfois des gens. Bizarrement, personne ne me poursuivit dans le personnel médical. Peut-être avaient-ils pitié ? Peu m'importait, c'était fini, dans 24h je serai internée.

Je m'arrêtai devant un distributeur d'eau gratuit. Je pris un verre d'eau et le bu. Soudain, j'entendis quelqu'un se racler la gorge derrière moi. Oups, je bloquais le passage, étant restée devant la machine. Je me tournai pour m'excuser, et devant moi se tenait un médecin. Ou un infirmier. Peu m'importait, mais je me retrouvais bouche-bée. Il était tellement beau ! Prise par un élan d'adrénaline, je lui attrapai le visage entre mes deux mains et l'embrassai pendant plusieurs secondes. Il ne se débattit pas. Il devait penser que j'étais folle, ou avoir eu l'information, lui aussi. Je m'en fichais. Une fois mes lèvres décollées des siennes, je lui souris.

"J'en avais toujours rêvé. Vous avez accompli un des rêves d'une folle. Soyez fiers." ris-je nerveusement en posant ma main sur son épaule.

J'osai le regarder dans les yeux et je vis qu'il était gêné. Ses joues viraient au rouge écarlate. Je décidai de ne pas prolonger ce moment de gêne intense qu'il devait vivre, ne sachant sûrement pas comment il devait réagir à ce genre de situation.

Je continuai ma route à travers les couloirs de l'hôpital.

*Ellipse*

J'étais allongée sur mon lit, le regard dans le vide. Mes parents étaient à mon chevet. Ils avaient été mis au courant de mon petit rêve réalisé. Ils regardaient maintenant la télé. Je ne savais pas ce qu'il se passait dans leur tête, mais en tout cas, ils ne montraient rien. Sûrement pour être forts dans un moment si douloureux ? Pour ne pas m'inquiéter ? Peu m'importait. Ils avaient les yeux rouges et gonflés pour ma mère, et embués pour mon père. Je tournai la tête et les voir dans cet était me fit un flash.

*Flashback*

Nous étions à table. Nous mangiions du riz avec une escalope de dinde sauce blanche. Mon plat préféré. J'avais appris le jour même à cuisiner ce plat et j'étais fière de l'avoir concocter pour toute la famille. Nous regardiions les informations. Une fille qui avait tué sa mère. Comment pouvait-on commettre un acte aussi terrible ?

"Maman ?" demandai-je, la bouche pleine.

Un projectile s'échappa de ma bouche et je rigolai. Mon père lâcha un rictus, quant à ma mère, qui avait reçu le missile sur la main, n'en fit pas autant. Je m'excusai et nettoyai sa main avec un mouchoir. Elle finit par sourire, sûrement amusée de l'ironie de la situation.

"Bon, maman ?" repris-je.

"Oui ma chérie ?"

"Je voulais savoir euh.. vous êtes fiers de moi ?" demandai-je, hésitante.

Le jour même, ma meilleure amie Léolia m'avait confié que sa mère lui avait dit ne pas être fière d'elle, ce qui l'avait profondément blessée.

Ils me regardèrent tout deux, étonnés.

"Nous serons toujours fière de toi, Adèle. Peu importe tes choix, ta destinée et ton avenir, tu resteras la plus belle chose qui nous soit arrivée à ton père et à moi." me répondit-elle.

*Fin du flashback*

Sur ces pensées, j'éclatai en sanglots. J'avais tout gâché. Tout. J'aurais pu m'en sortir si dès le début j'avais su m'affirmer. Mais il était trop tard. Ma mère me prit dans ses bras, et mon père en fit de même. Je me sentais bien, dans l'emprise de mes parents, ceux qui m'avaient appris à marcher. Qui avaient assisté à mes premiers fous rire, m'avaient toujours encouragée et défendue. Mais dès le lendemain, je ne vivrai plus jamais une si belle sensation. Ou pas exactement, du moins.

NDA : Voilà le chapitre 12 ! Il ne reste plus que deux chapitres à l'histoire ! J'espère que ça vous plait et que vous ne serez pas déçus de la fin. En attendant merci beaucoup pour vos lectures, vos votes et vos commentaires. Ça me touche énormément. On se retrouve très vite pour la suite, n'hésitez pas à commenter votre avis sur le chapitre, l'histoire, vos hypothèses, vos réactions ! Gros bisous ! ♥

Je ne suis pas folle.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant