III - Neige Pourpre

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Quatre jours après le meurtre de Sam, la police avait découvert le cadavre de Luckas et avait maintenant deux homicides sur le dos.

Dans le même quartier où avait eu lieu le double homicide, une famille commençait juste à se réveiller.

***

ㅡChérie ! Lève-toi ! Cria une voix venant de l'étage d'en dessous.

J'avais vite compris que cette voix appartenait à ma mère, je soupirai, je n'aimais pas me lever tôt, cela me mettait toujours de mauvaise humeur. Bon, il fallait dire que ce n'était pas comme si j'étais tout le temps de bonne humeur, mais voilà.

ㅡYuki ! S'impatienta ma mère.

ㅡOui ! J'arrive ! Répondis-je d'un ton agacé.

J'utilisais souvent ma langue maternelle quand j'étais sous l'effet d'une émotion particulière.

Je suis d'origine japonaise, voilà pourquoi je m'appelle Yuki, mon nom est Murasaki, ces deux mots veulent dire Neige Pourpre. J'ai toujours aimé mon prénom, je ne suis pas narcissique non, mais je trouve qu'il a quelque chose de poétique.

J'aime beaucoup la poésie, je pense que c'est l'une des rares choses que j'aime.

Je fis plaisir à ma mère et me levai en prenant mon portable et regardai si je n'avais pas de notifications. Seulement trois, un message de ma chère amie Sara, un mail d'une chaîne de maquillage et un Tweet qui datait de deux semaines par @Arctic_Lucy.

C'est vrai, je ne l'avais pas encore lue... cela faisait un certain temps qu'elle avait été victime du tueur en série. Cette nouvelle m'avait rendu triste, je ne comprenais pas comment une personne pouvait faire cela... J'espérais tout de même qu'il ne s'en prendrait pas à ma famille, s'il faisait cela, je crois que je ne pourrais plus tenir. Oui, j'étais tombé en dépression, il y a quatre ans, j'allais mieux depuis, mais ma santé mentale pouvait chavirer à tout instant. Mes proches étaient tout de même inquiets pour moi, ils avaient peur que je ne replonge, c'était normal... je crois.

J'ouvris le message que Sara m'avait envoyé :

[Hey ! Ça va ? Je voulais te proposer
qu'on se fasse un bowling aujourd'hui histoire de se changer les idées. Réponds-moi vite p'tit poulpe !]

Je souris au surnom qu'elle me donna, elle en changeait tout le temps, je ne la comprendrais décidément pas. Je lui répondis par un message affirmatif puis regardai le Tweet que Lucy avait posté.

[Aller ! Je me mets au boulot ! Une nouvelle, ça vous, dit? J'ai déjà le nom :) " Le silence des mots "
Dites-moi si cela vous plaît !]

Je sautai le mail de cette chaîne de maquillage, je m'en fichais un peut à vrai dire. Ça doit être encore une de ses publicité mensongère qui vous harcèle pour que vous avez achetiez ce nouveau produit qui viens de sortir.

Quand j'eus fini de tout regarder, je descendis l'escalier pour aller dans la cuisine, où ma mère déjeunait en regardant les nouvelles. La pièce était très ensoleillée, ce qui donnait un air paisible aux lieux. Mon père n'était pas là apparemment, c'était rare qu'il parte si tôt le matin... Je m'assis près de ma mère puis me servis un bol de céréales et commençai à manger. Elle me demanda si ça allait, je lui répondis que oui, qu'elle n'avait pas à s'en faire. Nous mangions tranquillement nos céréales lorsqu'une nouvelle nous interpella.

La nuit du 16 novembre Le tueur a encore fait parler de lui. En effet, le corps de Luckas Martin a été retrouvé, il y a quatre jours de cela, dans son appartement. La police enquête toujours sur les raisons de ce meurtre. Le mode opératoire ressemble fortement à celui qui a été utilisé pour tuer la jeune auteure. La police enquête donc sur ces deux meurtres, mais ne se prononce pas pour l'instant.

Un bruit sourd se fit entendre : j'avais lâché ma cuillère, mon cœur rata un battement, c'était le cousin d'une amie, je le connaissais bien car ils étaient très proches tous les deux alors je le voyais assez souvent. Ma mère aussi était terriblement choquée, elle avait porté ses mains à sa bouche pour s'empêcher de lâcher un cri.

Les larmes commençaient à arriver, mon monde s'était écroulé de nouveau autour de moi, mais j'essayai de retenir ces larmes du mieux que je pouvais. Je ne comprenais pas, pourquoi lui ? Pourquoi sa famille ne nous aurait-elle pas prévenus ? Sûrement à cause du chagrin me suis-je dis.

Je me levai d'un bond et partis dans ma chambre m'enfermer à double tour. J'étais là, par terre en position fœtale dans un coin de la pièce, en train de pleurer toutes les larmes de mon corps, je l'aimais bien ce garçon, il était toujours souriant, toujours de bonne humeur. C'était un peu comme un pilier pour moi, il m'avait beaucoup aidée durant ma période de dépression, c'était le soleil qui illuminait mes jours... Et c'est à ce moment-là que je perdis pied.

Les repères que je m'étaient fait venait de s'écrouler, les sentiments en moi affluaient tellement vite que je ne pouvaient les identifier clairement. De la haine ? De la tristesse ? Je n'en savait rien, ce que je savais en revanche était que je me sentais terriblement mal, j'avais des maux de têtes affreux à force de pleurer, ce qui me rendait nauséeuse. Le paysage autour de moi tournait. Ma chambre était devenue aussi sombre que mes pensées, l'air ici était irrespirable.

Je ne comprends pas, je ne comprends pas, je ne comprends pas... Me répétais-je sans cesse.

Ce n'était pas possible, c'était impossible, impossible, oui c'est cela, c'était impossible. Me disais-je.

_____

Cet équilibre que Yuki avait regagné venait juste de se rompre, elle venait de sombrer dans la folie, elle allait devenir une de ces personnes assoiffées de sang, seul le motif, lui, différait, c'était la vengeance qui était devenue maître.

Aku no HanaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant