CHAPITRE 5

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Joyeux dix-huit ans à -Marion !!
Je t'aime fooort

Le son des cloches de l'église du village me réveilla. Je ne sais pas ce qu'il annonçait, peut-être dix heures, peut-être onze heures, peut-être un mariage ou encore le début de la messe.  À vrai dire je ne savais pas en quelle occasion les cloches d'une église devaient nécessairement retentir. Je ne m'y connaissais pas tellement à ce niveau. J'étais catholique, mais je n'aurai jamais mis ma main à couper que Dieu avait réellement existé. Il y avait des jours où j'y croyais et des jours où je n'y croyais pas. Parfois la science me faisait dire que c'était impossible, qu'il existe, et parfois elle me faisait dire que justement, c'était incontestable. Parfois je me disais qu'il y avait forcément un dieu, mais pas forcément celui auquel je crois, et parfois je me disais c'était forcément lui. Puis, pour finir, parfois je pensais que ça ne durerait pas. Un jour la religion chrétienne, comme les autres, se ferait contredire, et une autre serait créée. C'était toujours comme ça depuis le commencement de l'histoire, avec les grecs, les romains, les aztèques, les mayas et bien d'autres encore. 

Enfin, après mon débat intérieur sur la religion, je me redressai sur le lit. J'avais la tête un peu lourde, à cause de l'alcool et j'étais fatiguée. Ces foutus cloches m'avaient réveillée bien plus tôt que ce que je l'aurai espéré.

Je regardai l'heure sur mon réveil, midi. Il n'était pas si tôt, finalement... Je décidai alors de me lever. Je me dirigeai vers mes rideaux, afin de les ouvrir, je n'avais pas de volets alors ils étaient très épais et opaques  puis jaunes poussins aussi. Beaucoup n'aiment pas le jaune, et beaucoup aiment mais pas au point d'en faire la couleur de ses rideaux. Mais moi j'adorai, c'était la couleur des étoiles.

Je regardai l'horizon par la fenêtre, je faisais systématiquement ça. Je voulais simplement vérifier que tout était en place, que du premier étage de ma maison, le village paraissait en ordre. Puis mon regard s'arrêta sur le terrain de basket. Et je pensais alors à lui, à Nolan.

Il était bon au basket, je dirai même qu'il était excellent. En même temps, comment aurait-il pu ne pas l'être ? Il était très grand et musclé. Lorsque nos deux classes en faisaient en même temps, il nous surpassait tous. Il vivait ce sport, il ne le pratiquait pas seulement. Il était plus que concentré dans le jeu, et je me demandais sérieusement comment avait-il pu voir que j'étais si nulle, comment avait-il pu faire attention à moi ? Je crois que le problème, avec Nolan, c'est qu'il sait me regarder intensément tout en faisant autre chose. Là il jouait, et me regardait. Mais moi je ne peux, moi lorsque je le regarde j'ai du mal à penser. Je perds tous mes sens, il ne m'en reste plus qu'un : la vue.

C'est alors que je repensais à la soirée d'hier, devais-je être excitée ou apeurée à l'idée que nous nous soyons parlés ? Je n'en avais pas la moindre idée, j'étais les deux. Et ça m'inquiétait. Il fallait que j'arrête de me mentir, j'étais attirée par lui. Mais je savais que c'était sans issu. Il ne se passerait jamais rien. À l'inverse du cliché « ce n'est pas toi c'est moi » je crois que c'était lui, le problème. Il était « trop ». Il avait trop d'expérience, moi pas assez. Il était extrêmement beau, j'étais loin de gagner un concours de miss. Il était très populaire, je me fondais dans la masse. Je dirai pas qu'il était parfait, non. Parce que comme je le disais, il était « trop ». C'était le genre d'hommes qui plaisait aux grandes blondes magnifiques pleines de confiance en elles. Pas au petite brune bancale, sans assurance et dotée d'aucun talent.

Je savais qu'il me regardait juste, qu'il ne s'intéressait pas à moi. C'était évident.

Je continuai à regarder par la fenêtre, je ne sais pas ce que je cherchai en faisant ça, et pour une raison que j'ignore, voir cette ville inactive me bouleversait. J'espère que rien ne changera, quand il partira de ce monde. C'est d'ailleurs lui qui m'interrompait  : 

Jusqu'aux étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant