▷Chapitre 5 ◁

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Je me levais, essuyais mes larmes d'un geste de main et remontais dans ma chambre d'un pas las. Tout mes gestes semblaient lents. Je n'étais plus que l'ombre de moi. Et je ne connais que trop cette sensation d'abandon. Je ne veux plus sombrer. Je m'affalais sur mon lit laissant ma tête dans le vide. J'observais le ciel devenu gris. Sans vie. Même les oiseaux ne volaient plus. Le monde autour de moi s'écroulait en même temps que je m'oubliais.

- Mon coeur ?

La voix étouffée de ma mère, qui se tenait derrière la porte me sortis de mes réflexions mais je ne voulais voir personne. J'entendis quand même la porte s'ouvrir.

- Maman laisse-moi s'il te plait.

- Tu sais que tu peux tout me dire...

- J'AI RIEN À DIRE ! Criais-je en me relevant brutalement.

Elle baissa les yeux et quitta ma chambre en refermant doucement la porte. Je m'assis sur mon lit et pris un livre ainsi que mes écouteurs. Je lirais jusqu'à ce que le sommeil m'emporte.

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J'ouvrais lentement mes yeux, assimilant chaques événements de la veille. Je revis le sourire de Kimberley ainsi que ses yeux baignés de larmes par ma faute. Crétin. Je n'étais qu'un crétin. Je voudrais me cacher ou partir loin. Très loin. Ne jamais revenir dans sa vie. Au moins elle ne souffrirait plus par ma faute. Je me relevais doucement pour éviter de brusquer mon cerveau déjà bien embrouillé. Je me rendis compte que j'avais encore mes écouteurs et que mon livre avait quelques pages en mauvais état. De toute façon il était vieux.
Mon ventre fit des siennes et je fus obligé de me rendre à la cuisine pour manger.
En descendant les escaliers je priais pour que ma mère ne soit pas là. Une fois devant la porte de la cuisine j'écoutais attentivement pour savoir si ma mère n'y était pas. Pas de bruit. Je posais ma main sur la poignée et la tournais lentement. La porte s'ouvrit sur une cuisine vide. Un long soupire de soulagement s'échappa de mes lèvres et avec l'espoir que ma mère ne rentre pas avant quelques heures je me dirigeai vers le frigo. Mon regard fut attiré par un post-it jaune. Il y a toujours eu plein de papiers sur le frigo, mais je pris quand même ce dernier dans mes mains pour lire ce qu'il disait.

"Je savais bien qu'après sa visite tu serais dans tout tes états alors j'ai préféré partir lui souhaiter son anniversaire sans toi. Je reviendrai vers 13 heures au plus tard.
Je suis désolée mon poussin.

Bisous Maman."

Mon coeur s'arrêta à la lecture du mot. Mes mains tremblaient, et un frisson désagréable me parcouru le dos. J'avais froid. Je ne voulais pas me remémorer cette nuit-là.
Je regardais le papier haineusement. Non je n'en voulais pas à ma mère d'être partie le voir sans moi. Au contraire. Je froissais le papier avec rage, comme si il pouvait ressentir mon dégoût à travers ce geste. Mais ce n'était pas suffisant. Il fallait plus pour exprimer ma colère. Je me dirigeais vers la cheminée avec un briquet. Je posais délicatement le papier au centre et y mis le feu. J'observais les flammes qui mangeaient le post-it, le silence autour de moi se faisant oppressant. Je retenais mes larmes. Elles ne franchiraient pas la barrière de mes yeux. Pas aujourd'hui. Pas pour ce qu'il a fait.
Je finis par me relever au bout d'une dizaine de minutes après avoir observé le papier qui n'était plus que cendres. Je jettais un regard à l'horloge qui indiquait 12h35. Je pris un morceau de brioche et retournai dans ma chambre. Chaques marches semblaient plus dur à passer. Chaque pas que je faisais me demandaient un effort que je n'étais plus capable de fournir. Mon souffle se faisait rare après chaque pensées douloureuses.
Je réussis quand même à atteindre ma chambre, le souffle court et les mains moites. Lorsque j'ouvris la porte j'observais ce monde qui constituait une pièce. Ma pièce. Les mur gris clair et le plafond blanc me donnaient froid. J'avais repeints ma chambre après que tout ce soit barré en sucette. Les murs vierges seulement cachés par de nombreuses étagères blanches remplis de livres ainsi que mon armoire me déprimais. J'observais le sol où rien ne traînait. Propre. Trop. Sauf mon bureau en verre où les feuilles en désordre montraient qu'il y avait un semblant de vie et d'activité dans cet endroit aux allures fantomatique. Mes yeux se dirigèrent vers mon lit, trop grand pour moi seul. La couette noir à carreaux était défaite et certains coussins n'étaient pas à leur place. Je baissais les yeux sur mes chaussettes, puis les reportais sur mon lit. La distance me paraissais trop longue. Je fermais ma porte dans un claquement sourd et me laissais glisser le long de cette dernière. J'avalais ma brioche sans grande conviction. Elle n'avait aucun goût, ma bouche en revanche avait un goût amer, presque acide. Le goût de la mort.
Je restais assis, le dos contre la porte, les yeux dans le vide. Chaque années c'est comme ça.
Je finis par me bouger, je me dirigeais vers mon lit prit mon téléphone et allais le brancher à ma chaîne-hi-fi. Avant de lancer la musique je sortais pour prendre un balais, un plumeau et le reste nécessaire au ménage. Je mis la musique et fit mon lit en prenant soin de changer les draps pour un ensemble indigo avec les constellations pour seul motif. Je décidais de ne pas toucher au canapé mais je mis en charge mon ordinateur. Je rangeais ensuite les papiers de mon bureau puis fis la poussière pour ensuite nettoyer les vitres. Une fois le plus gros fait, je me tournais vers mon armoire. Mes yeux observaient l'énorme caisse sur le dessus. Le plus dur dans le ménage c'est qu'il faut forcément trier des souvenirs. Les miens sont douloureux. Je n'avais pas envie de le faire. Je n'ai jamais eu le courage de toucher à cette caisse. Mais aujourd'hui je devais faire le vide.
Je pris un escabeau et attrapais la caisse pleine de poussière. Je la posais sur le sol et l'ouvris délicatement comme si elle c'était la chose la plus fragile de ce monde. Enfin dit comme ça, oui, c'est un objet qui a un contenu fragile. Mais plus fragile dans le sens sensible. Le temps se figea, laissant en suspend la vie. Je retenais mes larmes à la vue de son contenu. Mon coeur se serra et mon souffle devint bruyant et rapide. Je finis par prendre un paquet contenant des photos, entre mes mains. Je l'ouvris soigneusement, une odeur usée et ancienne s'échappait de la caisse. Je saisis le contenu les mains tremblantes. J'observais chaque détails de ces dernières. Chacun des clichés m'entaillaient un peu plus le cœur. Ils semblaient heureux, alors pourquoi ? J'ouvris tous les paquets en observant attentivement chaque images, pour ensuite les mettre dans un carton et jettais chaque objets, sauf un. Je le pris et le serra au creux de ma main gauche. C'était plus qu'un simple objet. C'est une partie de lui. Un fragment de son être. Cette fois je ne pus retenir une larme. Je la laissais faire sa course depuis mon oeil, glissant tendrement sur ma joue, pour finalement mourir sur mes lèvres. Je pris le carton de photos et posais l'objet sur une étagère au passage. Je coupais ma musique et descendis au salon pour mettre le carton dans la cheminée. Cette fois j'entendais ma mère chanter une berceuse. Sa berceuse. Refoulant la vague de sentiments qui commençaient à s'emparer de moi, je pris le briquet que j'avais laissé et pris une photo au hasard. Je mis le feu au carton qui eu du mal à brûler au début, mais ensuite les flammes grandirent et engloutirent le passé. Je regardais la photo que j'avais en main. Je voulais être l'auteur de sa mort. Je détailler une dernière fois son visage heureux. Il était trop jeune. Il ne méritait pas ce que cet enflure à fait. Je me fis violence pour ne pas garder cette image et la mettre dans un cadre. Je tendis le bras avec la photo au dessus du carton encore en feu et la lâchais dans l'oubli.
Je sentis des mains se poser sur mes épaules, je me retournais vivement et aperçus le visage attendri et compatissant de ma mère. Je la pris dans mes bras et dans un murmure presque inaudible, je lui dis :

- Désolé. Pour ce matin, pour tout. Je suis désolé.

Elle ressera son étreinte et tout en caressant mes cheveux de sa main elle me répondit :

- Je t'aime. Ne l'oublie jamais.

Elle me relâcha et me fis un bisou sur le front. Je me rassis devant les cendres puis pris une pelle et ramassais mon enfance. Je retournais dans ma chambre pour finir le ménage. Un coup d'aspirateur rapide, pour ensuite retourner à la cuisine. Je n'avais pas vu le temps passé pendant mon tris. Heureusement j'avais fait mes devoirs avant d'aller à cette stupide fête. Je mangeais avec ma mère en silence. Tout étais beaucoup plus silencieux depuis son départ.

- Avant il était là pour nous raconter son expérience du jour, dis-je en regardant méticuleusement mon assiette et son contenu.

- Tu te souviens lorsqu'il avait mis un lombric dans l'eau et qu'il avait crié "Maman regarde !! Un verre de terre qui danse !!" répondit-elle en souriant.

- Oui, déclarai-je en rigolant. Et tu lui avais répondu d'un air dépité...

- "Non mon canard, il est en train de mourir", continua ma mère en retenant un rire.

On se regarda et pendant un instant et je vis dans ses yeux une lueur de joie qui avait disparu. Peut-être qu'un jour on pourra enfin être heureux.

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OH. MON. DIEU.
Je suis carrément trop fière de ce chapitre !! \(O.O)/

Enfin, voilà mon petit bébé de chapitre 5 enfin posté. Remarque je publie beaucoup en ce moment... Il faut remédier à ça x)

Donc comme d'habitude, si ça vous a plu vous pouvez voter et commenter. J'accepte les commentaires constructifs et dit avec délicatesse (je suis une personne susceptible :') ).

Bisous bisous mes chers moutons mutants ♡♡♡

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