▷Chapitre 10 ◁

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Je gardais précieusement sa main dans la mienne, craignant de perdre ce seul contact. De la perdre une fois encore. J'observais le ciel qui défilait rapidement à travers les vitres du bus en repensant aux moments que nous avions passé ensemble étant enfant. Je la revois encore au pied de cet arbre feuillu et majestueux. Ses cheveux bouclés qui dansaient avec la brise du printemps. Elle tenait un livre entre ses petites mains et semblait perdue dans ces mots qui la faisait rêver. Je me souviens que je l'observais, la tête dans l'herbe à côté d'elle. Nous n'avions pas besoin de parler pour apprécier un moment l'un avec l'autre. Chacun plongés dans son monde. Nous avions le simple plaisir de savoir que ces songes nous les passions ensemble. Je la revois le dos appuyé contre le tronc rugueux de ce vieille arbre qu'elle aimait tant. Il n'avait rien d'extraordinaire, un simple tas de feuilles. Pourtant elle l'aimait. Comme elle aimait s'imprégner de la beauté des mots et d'une histoire qu'un livre lui apportait. Et puis un jour la romance de ses livres ne lui suffisait plus. Il lui fallait en vivre une. Et nos chemins se sont séparés. Je resserai ma main sur la sienne, je voulais prendre conscience de sa présence à mes côtés. Me rassurer et me dire que je ne rêvais pas, qu'elle était vraiment avec moi et que je ne m'inventais pas une vie. Je voulais être sur que ces derniers jours n'ont pas été le simple fruit de mon imagination désespérée. Je tournais la tête et posais mes yeux sur elle. Son visage était calme, presque paisible et insouciant. Ses lèvres voluptueuses et charnues étaient légèrement relevées en un petit sourire. J'aimais ses lèvres, leur simple beauté. Elles n'avaient pas besoins de couleur elles étaient déjà rose et semblaient douces. Je me mis à imaginer le goût qu'elles pouvaient avoir, j'hésitais encore entre la cannelle et la vanille mais je savais que mon imagination ne pouvait être aussi agréable que la réalité. Je faisais remontais mes yeux vers son nez, il avait des traits grossiers cependant il n'en restait pas moins, selon moi, le plus beau qui puisse exister. Et c'est dans cette imperfection flagrante que je me demandais comment ne pouvait-on pas aimer ce nez. Il avait tous pour plaire, si ce n'est dans la finesse ce serait dans le caractère. J'avais sous les yeux le plus beau nez qu'il m'ais était donné de voir. Un petit rire s'échappa de mes lèvres lorsque que je pris conscience de la stupidité de mes pensées. J'étais littéralement en train de faire une éloge à un nez. C'était ridicule.
J'avançais encore dans ma contemplation et mon regard se retrouva dans deux yeux noisettes remplis de douceur. Ils souriaient. Je voyais une petite étincelle d'amusement et sentis un sourire idiot se former sur mon visage. J'avais toujours aimé cette tendresse que seul ses yeux semblaient capable d'exprimer. Si les yeux sont réellement le reflet de l'âme, la sienne est une utopie. Un monde doux et sensible, fort et faible à la fois. Un univers entier où se trouve chaque parcelle de sa personnalité. En passant par son plus vilain défaut à sa plus grande et honorable qualité. J'aimais ce que son visage m'offrait. J'aimais chaque détails en passant par son léger duvet au dessus de sa lèvre supérieure à ce magnifique et gros grain de beauté au coins de son oeil gauche. Elle était belle. Mais pas seulement plastiquement parlant. Sa beauté intérieure embellissait cette enveloppe corporelle et la rendait unique.

- La vue te plaît, me demanda-t-elle avec une voix douce et assurée.

Je baissais les yeux et sentis mes joues prendrent feux. Son petit rire moqueur résonna dans le bruit de fond du bus, me faisant relever les yeux. Elle était si belle quand elle rigolait. Le bus s'arrêta, Kimberley se leva et je fis de même. Une fois sortit je reprenais sa main que j'avais lâché, Kimberley se figea un bref instant et regarda nos mains comme si c'était nouveau pour elle. Elle souria doucement avant de marcher en direction du grand centre commercial qui se trouvait à quelques mètres. C'était un immense labyrinthe qui se tenait devant nous. Il ne faisait pas très beau aujourd'hui, les quelques rayons de soleil traversaient rarement l'épaisse couche de nuage gris qui recouvraient le ciel. Il allait sûrement pleuvoir. Le temps expliquait la foule qui rentrait et sortait du magasin et je regrettais déjà d'avoir céder. Kim m'entraîna avec joie dans la masse de monde et on arriva avec grand mal à se frayer un chemin pour arriver dans un grand hall. Le toit avait été remplacé par de nombreux vitraux laissant entrer la lumière naturelle. Les magasins se répartissaient seulement sur les côtés. Je regardais devant moi et soupirais en voyant la longueur de l'allée. Elle semblait interminable. Kimberley avança et se rendit directement vers le deuxième étage. Je me baissais et murmurais à son oreille :

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