17 ans - 2eme partie

35 7 0
                                    

Je suis une fille pleine de rancune. Une fille a qui l'on a pas laisser le choix d'avoir une vie paisible.
Après le départ de mon père, il a écroulé ma famille sous les dettes, humilié ma mère et blessé mes frères.
Nous nous sommes retrouvés seuls face au monde extérieur et vulnérable face à l'avenir.

J'ai surpris ma mère dans ses crises d'angoisse, allongée dans la salle de bain ou à pleurer derrière une porte verrouillée.
Ma mère travaillait à l'hôpital pour nous assurer un avenir convenable et rembourser le crédit de la maison ainsi que les erreurs de mon père.

Nous avons donc été élever par mes grands parents, à l'ancienne comme on dit.
Tout en rigueur mais avec l'attention que ne nous offrait pas notre mère par manque de temps.
Cela peut paraître étonnant mais je les remercie tous les jours d'avoir été là pour nous, de nous avoir fait devenir ce que nous sommes aujourd'hui.

Puis à l'âge de neuf ans, ma mère a refait sa vie avec Marc, un riche médecin.
Cette rencontre a changé ma mère et moi par la même occasion. Marc, sur le papier était le gendre idéal, bien élevé, cultivé et drôle. Mais comme tout le monde, les défauts font leur apparition tel que l'égoïsme, la fierté ou le besoin de supériorité.
Ma mère était heureuse et c'était le principal.
Ensuite ma petite sœur Yaelle est venue au monde. Une petite merveille : le portrait craché de ma mère.
Puis l'annonce du deuxième mariage de ma mère où jusqu'au jour J, je l'ai supplié de ne pas le faire.

Depuis ce jour là, la relation mère-fille que j'entretenais avec elle était conflictuelle.
À côté de cette vie familiale, j'ai poursuis mes études dans des écoles privées coûteuse et blindées d'enfants de fils-filles à Papa-Maman, BCBG qui ne connaissent pas la misère et les difficultés.
J'ai pratiqué des arts martiaux à haut niveau au point de ne vivre que de ça, oubliant l'importance des études.
Pendant l'année de mon bac, je suis tombée sur le journal intime de ma mère, ce qui a bouleversé ma vie et remit en question mon existence, et relancer ma quête de vengeance.
Ma mère était assise dans le canapé, une fois à sa hauteur, je lui balance son carnet sur ses genoux.

- T'es qu'une salope de m'avoir caché ça pendant toutes ses années, pourquoi t'as fais ça putain? Lui demandais-je d'un ton dur.

Je ne quitte pas son regard plein d'incompréhension. Ses pupilles se dilatent et je vois ses mains commencer à trembler.

- Emma... Je... C'était pour... Mais comment t'as eu ce carnet, ça ne te regarde pas!! Finit elle par crier pour se défendre.

- répond à ma question putain! Ça me regarde y'a mon nom dans toutes les pages! T'allais me l'avouer quand? Insistais-je

Ma mère joint ses mains à son visage et elle fond en larme.
Voyant les armes de ma mère s'écroulaient, je décide de partir loin, de faire mes valises.

- C'était pour te protéger Emma! Ne m'en veux pas pour ça!

Je ne me retourne pas, je m'attendais à cette réponse.
J'ai lu ce carnet depuis la fin de l'après-midi et j'ai au le temps de réfléchir à la situation et de trouver milles excuses à ma mère.

J'accélère le pas dans les escaliers et ouvre la porte de ma chambre. Cette dernière claque contre le mur, ce qui attire l'attention de mes frères qui se précipitent à l'entrée de la pièce.

- Tu fais quoi Emma? Demande Nathan

Je dépose deux grands sacs sur mon lit, les ouvre et dépose des vêtements et autres dedans.
Ma chambre est à moitié vide désormais. Je referme mes sacs, éteint la lumière et passe devant mes frères.

- Tu vas où Emma? demande Tanguy

Je ne sais pas encore où je vais. Je descends les escaliers à nouveau et ma mère m'attend en bas. Les bras en forme de T.

- Je peux savoir où tu t'en vas comme ça?

Je fais la même taille qu'elle et la défi du regard. Elle m'empêchera de partir, c'est certain.

- Je m'en vais, j'ai toutes les raisons de croire que tu ne seras pas la seule à être contente, lui dis-je en désignant Marc qui se tient dans l'entrée, rentrant à peine du travail.

- T'as dix-sept ans Emma, tu ne dormiras pas dehors ce soir, réplique t'elle.

Je balance mes deux sac derrière elle à l'aide de mes pieds et m'avance tout en soutenant son regard.
Elle a peur.
Je passe sous l'un de ses bras et elle me surprend à m'attraper par les épaules. Elle réussi à me plaquer contre le mur à l'aide de ses bras.
Je la repousse en lui donnant un coup dans les côtés et elle recule machinalement.

- Qu'est ce qui te prend Emma? Dit elle choquée tout en se touchant les côtes.

Mes frères et sœurs descendent enfin pour observer le spectacle.

- Et toi? Qu'est ce qui t'as pris de me cacher  que mon propre père m'avait violé, tabasser à mort mes frères, te tromper...? Hein?

Elle ne bouge plus et regarde mes frères avec de grands yeux.
L'un deux lève la main comme à l'école mais se presse de parler sans qu'on lui ait donner l'autorisation.

- Maman... C'est quoi "violer"? Demande t'il timidement.

Ma mère détourne le regard et s'empresse de reprendre mes deux sacs. Marc en prend un.
- Vous êtes des lâches...! Finis-je par dire.

Je sais pertinemment que je ne pourrais pas partir maintenant. Pas devant mes frères et ma sœur.

Je m'avance à quelques centimètres de ma mère et lui reprend le sac aussitôt. Je vais en direction de ma chambre et reprends le deuxième au passage que me donne volontiers mon beau père.
Je monte les escaliers et m'enferme dans ma chambre.
D'en haut, j'envoie un SMS à Florence ma meilleure amie pour la prévenir de mon arrivée, de ce qu'il s'est passé. Puis j'attends que la soirée passe.
Quelques heures après, j'ouvre ma fenêtre et jette mes deux sacs par dessus.
J'escalade la toiture et descends rapidement me faisant mal aux chevilles une fois au sol.

Je me redresse lentement et lutte à porter les kilos de toute ma vie. Je marche pendant deux heures chez Florence. Refusant les auto-stop.
Je fouille dans le répertoire de mon téléphone et appelle le numéro que jamais je n'aurai cru un jour composé.

- Emma!! Ça va? Alors t'as pris ta décision?

Je sens dans sa voix à la fois de la surprise et beaucoup d'enthousiasme.

- Oui, je pars quand tu veux, viens me chercher chez Flo s'il te plait.

- Whouah...! D'accord bon et bien laisse moi le temps d'arriver. À toute! Dit Tim.

Tim est mon meilleur ami et lui seul peut comprendre autant ma rancune et mes envies.
J'accélère le pas et arrives enfin chez Florence.

" Ne t'en fais pas, je pars tester mes limites, vivre quelque chose de fort et d'inoubliable" dis-je par message à Florence.

Il est bien tard pour s'attendre à une réponse  Tim se gare devant et m'ouvre la portière.

- On a peu de temps, tu pars demain soir.

Il redémarre la voiture et empreinte des chemins de campagne sinueux. Je me sens enfin bien, et essaye de ne pas repenser à tout ça.

La vie d'EmmaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant