Aure Pourpre [Terminé]

Chapitre 22 -Explications-

Aure était assise sur le sol de pierres froides depuis de longues heures maintenant. Elle réfléchissait, ne cessant de rejouer les scènes dans sa tête, mais dans quel but ? Où ces futiles réflexions pourraient elles la mener ? Elle n'avait même pas toutes les pièces du puzzle. Les derniers éléments paraissaient trop irréels pour s'être déroulés sous ses yeux. A quoi pouvait elle encore se raccrocher ?
Elle ne savait plus vers qui se tourner.

La princesse n'était pas parvenue à trouver le sommeil ces nuits dernières et de profondes cernes commençaient à se creuser sur son visage autrefois angélique. Ses longs cheveux blonds jadis si soyeux étaient devenus ternes et rêches et avaient perdu de leur éclat. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même,un spectre déambulant au gré de ses pensées, hantée par les souvenirs de ses passions et de sa vie familiale et royale autrefois vertueuse et admirée.

Bon nombre de gardes la prenaient pour une simple servante et elle ne semblait pas empreinte à changer cette situation, ne se considérant en aucun point comme celle qui, quelques jours auparavant était la digne héritière du trône.
Les dernières traces de sa grandeur passée avaient disparu et elle se laissait lentement sombrer vers le néant, comme si aucune autre issue ne pouvait être envisagée. La vie ne restait finalement qu'un fardeau, pesant de tout son poids sur ses frêles épaules et au rendu bien peu efficace.

Les paroles qu'elle avait prononcées à l'enterrement de son père avaient depuis lors perdu leur sens et les promesses qu'elle s'était faites avaient été enterrées avec son père, en particulier depuis les récents incidents avec son frère.

Seule Ariane parvenait à lui tirer de temps à autre quelque parole aussi inintéressante qu'audible et elle commençait à perdre espoir d'un jour retrouver sa maîtresse.

En réalité, les paroles de Flore ne cessaient de tourner en boucle dans so esprit martyrisé.
"Je ne crois pas qu'elle ait tué votre père et je sais que vous ne le pensez guère non plus. Je vous en prie, il devait y avoir des centaines de soldats. Ça pourrait être n'importe lequel d'entre eux. Ne laissez pas ma fille se faire condamner. Écoutez ce qu'elle a à dire, je vous en conjure."

Aure avait ce matin réussi à se traîner jusque dans la cour du château et, en quête de réponses s'était dirigée vers le petit bâtiment de pierre, émergeant au milieu de cet océan de pavés. Les gardes l'avait laissée entrer, elle avait pour cette occasion troqué son habit de servante au profit de l'une de ses robes. Après avoir descendu l'escalier étroit elle s'était présentée devant l'une des cellules et avait attendu jusqu'à ce que son occupante s'éveille.

C'était donc à cet instant que nous retrouvions Aure, perdue dans un amas de pensées alors que Louise quittait peu à peu les bras de Morphée.

Louise ouvrit peu à peu les yeux. Malgré la fatigue qui se lisait clairement sur ses traits, les yeux de Louise semblaient héberger la même détermination et la même force qui la caractérisait.
Elle fixa donc son regard sur Aure et toutes deux restèrent ainsi, durant quelques secondes jusqu'à ce que Louise rompe ce pesant silence.

-Je ne pensais pas te revoir un jour.

-Pour être honnête, je ne le pensais guère non plus. Mais ta mère est venue me rencontrer et elle a su me toucher.

Le silence s'installa de nouveau, Louise ne sachant que dire et que penser.

-Écoute je n'ai pas assassiné ton père. L'un des soldats m'a attaqué, j'ai lâché mon épée et l'ai achevé avec ma dague. Lorsque je me suis retournée, ton fret poignardait le roi.

-Tu mens, répliqua Aure, pourquoi aurait-il fait une telle chose ?

-Tu le sais comme moi, pour accéder au trône.

-C'est faux, j'étais l'héritière de Wayton, il n'aurait pu régner avant moi.

-Et que fait-il en ce moment ? s'enquit Louise en arquant un sourcil.

-C'est différent, plaida Aure, c'est parce que mon père nous a découvertes.

-Et qui nous a dénoncé d'après Firmin ? continua Louise.

C'en était trop. Aure se releva, n'était décidément pas prête à entendre ce que Louise lui disait et sortit en furie de ces sombres cachots. Avant qu'elle ne parte, Louise lui cria :

-Je comprend que tu ne puisses pas confronter cette vérité pour le moment. Seulement, demande toi une chose : es-tu prête à faire condamner à mort une innocente pour le meurtre de ton père, à la place du monstre avec lequel tu te seras toute seule condamnée à passer le reste de ta vie ?

Les paroles de Louise résonnèrent en écho dans l'esprit d'Aure longtemps encore après qu'elle ait quitté cet endroit.
Louise allait être condamnée à mort. Elle avait beau se dire que ce n'était que justice, elle ne parvenait décemment pas à faire abstraction de leur passé commun. Elle avait bien essayé de la haïr, mais rien n'y faisait, elle restait obnubilée par cette femme, leur conversations lui revenant avec violence et puissance. Cette rancœur ne parvenait pas à se constituer entre ces deux êtres liés d'une manière si évidente et passionnelle que leur amour était impossible à détruire.
Cette conversation était censée éclairer les choses. Aure voulait voir la lueur qui animait les yeux de Louise lorsqu'elle mentait mais elle ne s'était pas présentée. Elle ne savait plus que penser.

Pour la première fois de sa vie, Aure était véritablement perdue.

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Chers lecteurs,
Je m'excuse du manque d'action de ce chapitre "passerelle" mais il m'était néanmoins nécessaire pour amorcer le dénouement de cette histoire.
Oui, cette fiction touche à sa fin mais pas de panique, il reste encore quelques chapitres.
Je voulais aussi vous remercier, nous avons dépassé les 1,42 K de lectures, et cela m'a fait vraiment plaisir !

Merci pour tout, vous êtes merveilleux !

Margaux.