Chapitre 9 - La fin du cauchemar

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Le 18 juin 1767 au soir, suite à l'attaque de la veille, une délégation de paysans se rend chez le marquis d'Apcher pour l'aviser du meurtre.

La Bête aurait été vue, après avoir commis son méfait, se réfugier sur le mont Mouchet.

Il est bien tard mais le marquis décide de réunir immédiatement une troupe de chasseurs, en tout douze hommes armés dont Jean Chastel (je vous avais dit qu'on reparlerait de lui !), et fait préparer ses chiens et ses piqueurs.

Ils partent en pleine nuit, dans cet équipage, et il est confirmé en route au marquis que la Bête s'est rembûchée sur les pentes du mont Mouchet comme elle semble en avoir pris désormais l'habitude.

Il y file et l'on bat le bois de la Ténezère. L'incertitude demeure sur le nombre de batteurs dont disposait le marquis, certaines sources faisant tout de même état de 300.

Les tireurs sont postés de part et d'autre du bois.

Il est 10h15 ce vendredi 19 juin 1767 et le jour est donc levé depuis bien lontemps.

Le marquis et deux de ses hommes aperçoivent soudain la Bête accompagnée d'un animal plus petit.

Il fait lâcher les chiens qui refusent de donner sur la Bête, sauf un qui la poursuit.

La Bête sort soudain du bois devant Jean Chastel qui est posté avec son fusil au lieu-dit La Sogne d'Auvers.

L'arme est lourdement chargée : une balle et 5 chevrotines.

Il tire et la Bête s'écroule en poussant un cri.

La balle lui a traversé la nuque et fracassé 4 vertèbres cervicales, tandis qu'une chevrotine lui a cassé la patte avant gauche.

Elle est raide morte !

L'autre animal, le plus petit, se sauve dans les bois et le marquis d'Apcher, conscient de ce qui vient de se passer, remet sa poursuite à plus tard, s'empressant de se rendre à Auvers.

Un paysan et M. de la Védrines, qui ont eu maille à partir avec la Bête, décrivent les blessures qu'ils lui ont infligées. D'autres assurent qu'ils l'ont vue si souvent et de si près qu'ils pourront la reconnaître sans peine.

Quand la dépouille arrive, tous la reconnaissent comme étant la Bête et l'on retrouve les cicatrices décrites par le paysan et M. de la Védrine.

La Bête morte est emportée le soir même au château de Besques.

Une foule énorme s'y presse dès le lendemain pour voir la Bête.

Le chirurgien Boulanger et son fils, qui ont été requis pour ouvrir la dépouille, retirent de son estomac une tête de fémur d'enfant mais endommagent fortement l'animal, ce que constatera M. de la Mothe à son arrivée.

Cependant, un procès-verbal précis est dressé par le notaire royal Marin pour consigner l'apparence de cet « animal qui nous a paru être un loup, mais extraordinaire et bien différent par sa figure et ses proportions des loups que l'on voit dans ce pays (sic)».

Le notaire relève que « Plusieurs chasseurs et beaucoup de personnes connaisseuses nous ont effectivement fait remarquer que cet animal n'a des ressemblances avec le loup que par la queue et le derrière. Sa tête, comme on le verra par les proportions suivantes, est monstrueuse (...) ».

On identifie sur l'animal de multiples cicatrices compatibles avec celles que l'on sait lui avoir été infligées.

Nombre de mensurations de l'animal figurent au rapport, desquelles il ressort notamment qu'il s'agit d'un canidé (voir sa dentition) mâle adulte de grande taille (près de 54 kg pour presque 77 cm de hauteur mesurée à l'épine dorsale).

Si c'est un loup, il est donc assez petit mais lourd, et son pelage est singulier.

Il porte en outre une tache blanche au poitrail, en forme de cœur, ce qui n'apparaît pas chez le loup et pourrait constituer un signe d'hybridation.

Comme pour le loup des Chazes, une noria de témoins oculaires va défiler devant la Bête. Elle est reconnue par tous.

Apparemment, cette fois, c'est donc bien la Bête. Ou bien encore une des Bêtes.

La nouvelle se répand partout, évidemment.

Il va falloir la préparer et aller la montrer au roi !

La Bête du Gévaudan, une histoire vraieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant