Coeur de pierre [Arrêté]

2. Coeur de pierre

J'essuie mes chaussures trouées sur le paillasson marron, tourne la clef dans la serrure puis pousse la porte de notre appartement situé au 5ème étage.
- Mylène? C'est toi? Demande ma soeur à travers l'appartement.
-Qui veux-tu que se soit d'autre?

Elle ne répond pas. De toute façon la question n'amenait pas de réponse.
Céleste est plus âgée que moi de deux ans. Elle sait tout de moi. Ce n'est pas moi qui lui dit, non! Elle le vois. Elle lit en moi comme dans un livre. Elle connaît tout de moi, mais moi, je ne connais rien d'elle, malgré le fait que ce soit ma soeur et ma colocataire.

Je me dirige vers la cuisine où Céleste était en train de débarrasser son dîner. Je regarde ses longs cheveux bruns brillants bouger au rythme de ses pas. Je l'ai toujours jalousée sur ses cheveux. Les miens sont ternes, sans éclat et d'une couleur indéfinie: entre le blond et... le gris? J'aime appeler cette couleur blond cendré.
Nous sommes presque identique toutes les deux : même nez, mêmes yeux marrons, même forme de visage. La seule différence physique est qu'elle a de plus beaux cheveux que moi.
-Tu ne m'as pas attendue pour manger? Il me reste quelque chose à manger au moins? Me plains-je.
Elle tourne ses yeux joliement maquillés vers moi.
-Je pensais que tu mangerais avec Dylan. Oui, dans le frigo, il doit rester de la quiche d'hier.
-Il m'a quitté, dis-je très vite.
Elle se tourne vers moi.
-Mais... Je croyais que... Il... Pourquoi?
-Il a préféré vivre avec une autre...
Les larmes commencent à envahir mes yeux. "Coeur de pierre, tu as un coeur de pierre." Je me répète en boucle, mais les larmes n'écoutent pas et roulent sur mes joues. Céleste se précipite sur moi pour me prendre dans ses bras. Pourquoi je suis aussi faible? Je n'ai plus un coeur de verre, j'ai un coeur de pierre. Dylan est un abruti. Je dois me reprendre en main et me venger. J'AI UN COEUR DE PIERRE!
Je repousse violemment ma soeur.
- Je ne vais plus jamais tomber amoureuse, jamais. Je vais me venger. De tous. Je vais tous les faire souffrir comme ils m'ont fait souffrir.
J'ai dit tout cela d'une voix calme. Peut être un peu trop.
Céleste me regarde, ses yeux marrons sont écarquillés. J'y lis une incompréhension totale et de la pitié. Non pas de pitié! Je ne veux pas de pitié. C'est elle qui fait pitié avec son coeur fragile!
Je soutiens son regard quelques secondes puis me retourne. Je prends mon sac à main informe, mes clefs et mon portable que je mets dans mon sac. J'ouvre la porte d'entrée de l'appartement et je sors. Au moment où la porte claqué, je cris :
-Je vais chez Morgane!
Je dévale les marches grises à toute allure, mes cheveux blonds cendrés volent derrière moi. L'avantage, c'est qu'à cette heure de la nuit, il n'y a personne dans l'immeuble, je peux donc courir à ma guise! Ma main glisse sur la rampe en fer. Encore deux étages. Je continue ma descente jusqu'au rez-de-chaussée, où il y a un tournant. Je tourne à toute vitesse et une seconde plus tard, je suis à terre. Dans quoi ai-je foncé? Ou dans qui peut être?
Je me retrouve sur les fesses, sans comprendre ce qui m'arrive. Un petit tapis rouge a amorti ma chute. Il y avait un tapis ici? Je ne m'en était jamais aperçu. Comme quoi on ne fait jamais attention aux choses qu'on a l'habitude de voir. Est-ce qu'on fait pareil avec les êtres humains? Est-ce que à force de voir les même personnes on ne les remarque plus?
Je suis encore dans mes pensées lorsque je vois une main tendue devant moi. Pourquoi y a-t-il une main devant moi? Je lève encore les yeux et vois le visage d'un homme de 25 ans je dirais, peut-être un peu moins. Mais qui est ce? Ah! Oui! Ça doit être la personne que j'ai renversée dans ma course folle. Je l'avais complètement oublié.
Je le regarde de nouveau, ces beaux yeux noisette me fixent, attendant que je réagisse. Sa main est toujours tendue vers moi pour m'aider à me relever. Haha! Il croit vraiment qu'un inconnu va m'aider à me relever? Je ne demande de l'aide que dans les moments graves. Je me relève toute seule, je suis une grande fille, je sais faire! Il me regarde d'un air amusé. Si je n'avais pas un coeur de pierre, ce que j'ai ne l'oubliez pas, je serais en extase devant son visage parfait et son sourire charmeur. Il a une tête de plus que moi, il est grand et en profite, il me regarde de haut. Umpf! Ce n'est pas la taille qui compte! Un silence gêné s'installe.
- Ça va? Me demande-t-il en brisant le silence.
- Oui, merci.
Je le contourne pour partir vers le métro. Il me regarde partir en silence.
-Bonne nuit! crit-il.
Pfff! Je suis loin de me coucher!
Je fais semblant de ne pas avoir entendu et m'enfonce dans les rue de Paris endormies... ou presque.
***

Je me faufile entre les portes ouvertes du métro. Il est 23 heures, mais toutes les places assises sont prises.
Je m'approche donc de la barre centrale en évitant de penser à toutes les personnes aux mains sales et pleines de microbes qui ont tenus à cette barre. Je fais une grimace de dégoût avant de m'accrocher au nid à microbes.

Mon voisin, affublé d'une moustache bien fournie, parle (très fort) au téléphone. Je trouve ça extrêmement impoli. Ces gens pensent-ils qu'ils sont seuls dans le wagon? Ou peut être que les autres sont sourds? Et bien non! Et nous n'avons absolument pas envie de connaître leur vie privée! En tous cas en ce qui me concerne, car je ne lis pas dans la tête des autres.
"Oui... oui, j'arrive tout de suite... j'étais en réunion... Non je n'étais pas avec Allyson! Mais comment tu connais Allyson d'ailleurs? ... "
Sa vie est pa-ssio-nnante!
J'essaie de regarder autre chose que son crâne dégarni et sa moustache, mais j'ai l'impression qu'ils attirent mon regard. C'est vraiment bizarre, je sais!
Il continue sa conversation téléphonique :
"Allyson est juste la copine de mon collège. C'est tout! Il n'y a rien entre nous. ... Je te dis que non! ... Tu ne me fais même plus confiance? ARRÊTE DE DIRE QU'ON EST ENSEMBLE, ELLE ET MOI! C'est faux! Tu comprends? FAUX! ... Argh tu m'énerve! À demain. Je rentre chez moi. Non, je ne vais pas chez elle! ARRÊTE! "
Et il raccroche au nez de la personne que je pense être sa femme. Ça ne doit pas être leur première dispute. Et elle sera sans doute suivie de beaucoup d'autres. Ils continueront jusqu'à se détruire mutuellement. Jusqu'à ce qu'ils ne soient plus que des ombres.

Cette conversation téléphonique ne fait que conforter mon choix de ne pas avoir de relation amoureuse. L'amour ne sert à rien. A rien à part se faire du mal à soi-même et aux autres.
__________________________________
Coucou :)
J'espère que vous avez aimé ce chapitre!
Je parle toute seule là parce que personne ne lis ma fiction... C'est pas grave! :')
Donc, c'est la première histoire que j'écris sur Wattpad et la première histoire que je compte terminer! Quelle ambition!
Je vais essayer de poster tous les vendredis ou samedi.
Bisous :*