Coeur de pierre [Arrêté]

12. Le coeur gonflé de souvenirs

-... dis que je ne mangeais jamais de calamar parce que je trouvais ça dégoûtant! Un peu comme les crevettes. C'est vrai, ça a avalé l'eau polluée de la mer ces bestioles! Tous nos pissous dans l'océan, ça arrive là-dedans et lui, il mange ces immondités avec goût! Donc il m'a répondu que je n'avais qu'à prendre quelque chose d'autre sur la carte. Mais il voulait que je prenne quoi? Il m'avait emmenée dans un restaurant de fruits de mer! Alors je...

Morgane, Morgane... Parfois, ma meilleure amie me désespère. Elle continue son délire sur les calamars qui dérive sur le sauvetage des baleines pendant que je contemple le plafond, allongée sur le lit de Morgane.
Maintenant que j'ai le nom d'Henri: Narime, je peux mettre Morgane sur la piste de mon premier amour. Il faut aussi que Dylan ait un nouveau rendez-vous avec ma meilleure amie pour qu'il tombe amoureux d'elle.

Non mais regardez! Même dans "tomber amoureux" il y a tomber! Dès le début on nous préviens que si on se laisse faire, on va se faire mal. Bien sûr, on peut se relever. Mais lorsque tu es de nouveau debout, il est fort possible que tu te reprennes les pieds dans l'amour pour tomber une fois encore! Autant rester à terre une bonne fois pour toutes.

Morgane me secoue le bras. Étonnée, je remarque que je suis à présent assise sur le lit.

-Mylène, tu parlais à voix haute. (Elle lâche mon bras.) Et tu ne m'écoutais pas!

Une moue déforme son visage.

-Mais si Morgy! Tu parlais de calamars, de baleines, de fruits de mers et de...

J'allais continuer ma liste en faisant de grands mouvements avec mon bras gauches lorsque je capte le regard dur de Morgane au coin de mon champs de vision. Je ferme immédiatement ma bouche de peur d'avoir le droit à un long discours pour m'expliquer que les meilleures amies sont là pour s'écouter et bla bla bla!

Je change de sujet en me mettant debout:
-Tu ne fais rien aujourd'hui? (Elle me regarde, méfiante.) Parce qu'on va partir à la recherche d'Henri.

Elle pousse un soupire avant de se lever à son tour. Elle lisse son pantalon, remet ses cheveux en place. Elle place son regard dans le mien et inspire un grand coup pour faire durer le suspens de son petit cinéma.

-C'est parti, lâche-t-elle.

***

Le regard rivé sur l'ordinateur, nous cherchons. La table sur laquelle nous avons posé l'ordinateur se trouve au milieu de salon. Cela fait une dizaine de minutes que nous faisons défiler les pages. Des Narime, il ne doit pas en avoir des millions! Enfin c'est ce qu'on pense au début!
Pendant que Morgane faisait défiler les pages, je repars dans mes pensées. Qui sera la prochaine cible? Je passe dans ma tête la liste de mes anciens petits-amis. Fernando. Il s'était joué de moi. Il avait dit m'aimer pour partir avec... devinez qui? Maude. Encore et toujours Maude.
Comment est-ce que je pourrais savoir où se trouve Fernando? Une image me revient en mémoire. C'était lors d'une fête chez quelqu'un du lycée. Comme je n'étais pas populaire, je m'étais incrustée à la fête grâce à Morgane. La personne qui vivait dans la grande maison était éperdument amoureux d'elle.
J'étais près du bar, habillée d'une robe que Morgane m'avait obligée à acheter. Elle était blanche brodée de fils couleur or. Ma meilleure amie répétait que je ressemblais à un ange. Morgane dansait avec le fameux garçon et je m'étais retrouvée seule, malgré le fait que je ressemblait -d'après Morgane- à un ange. Je mangeais les chips par poignées pour faire passer le temps. L'heure des slows était arrivée et j'étais -toujours- toute seule. J'essuyais très gracieusement ma bouche avec ma main pour enlever les restes de chips. C'est à ce moment là qu'il est apparu. Il était habillé d'un costume. Déjà, son habit seul pouvait me séduire mais de plus, il était beau. Pas le genre de beauté à faire dire à votre conscience "Oh. Il est beau" mais plutôt "Ouaaaaah! Il est vraiment super mega giga BEAU!" Ses yeux bleus pétillaient alors qu'il souriait à des personnes qu'il devait connaître. Je ne le lâchais pas des yeux pendant qu'il faisait un clin d'oeil à quelqu'un. Sur le moment je n'avais pas fait attention à qui c'était puisque j'étais éblouie par sa beauté, mais maintenant, je vois dans l'image de ce souvenir que le destinataire de ce clin d'oeil était une destinataire et qu'elle n'était autre que Maude.
Il avait continué sa route pour aller dans ma direction. Lorsqu'il n'était plus qu'à cinq mètres de moi, j'ai repris mes esprits et ai remarqué que j'avais la bouche ouverte et les yeux exorbités. Très vite -peut être même un peu trop- j'ai fermée ma bouche, remis mes cheveux en ordre et me suis redressée, cognant le buffet derrière moi. Le buffet à tangué avait de répandre par terre les boissons et les chips. Oups. Il avait ri et m'avait aidé à ramasser mes dégâts. Il s'était ensuite présenté. C'était un Italien du doux nom de Fernando qui venait de Venise mais qu'il était venu en France pour habiter avec sa petite soeur, trop jeune pour rester en France alors que ses parents étaient restés en Italie, à Venise. Pouvait-il être mieux? Oui. Il m'avait demandé de danser. Pendant la danse (durant laquelle je croyais défaillir à cause de son merveilleux regard bleu posé sur moi), il avait approché sa tête brune de moi et m'avais chuchoté à l'oreille "Tu es merveilleuse, tu ressembles à un ange".
Et je l'avais cru. Je l'avais cru comme un enfant croit les affirmation des adultes: de façon naïve. Terriblement naïve. Je n'avais pas réfléchi. Je ne m'étais pas demandé s'il était sincère.
La colère enfouie depuis quatre ans ressort. Je suis comme un volcan en éruption. Lui aussi va souffrir. Qu'il sache au moins une fois dans sa vie ce que ça fait de pleurer comme il m'a fait pleurer.

-Et encore une fois tu ne m'écoutes pas! (Elle tape sa tête contre la table.) À quoi est ce que tu pensais pendant que je travaillais? J'espère que au moins c'est intéressant!

Qu'elle travaille, qu'elle travaille... mui, mui, mui.

-Je pensais à ma prochaine cible. Ce sera Fernando. (Elle me lance un regard d'incompréhension, son côté gauche de la tête toujours posé sur la table.) Tu ne te souviens plus de qui il s'agit?

-Ce n'est pas comme s'il n'y en avait eu que deux quand ta vie.

Si les regards pouvaient tuer, Morgane ne sourirait plus ainsi.

-Il avait une petite soeur, plus jeune d'un ou deux ans. Annabelle, Anissa... je ne me souviens plus de son nom... Hannah je crois. On les a rencontré à une soirée, tu sais...

-Hannah... oui ça me dit quelque chose. Mais si! C'était le mec classe qui t'a fait faire tomber le bar? Tu n'es tellement pas douée! (Elle rit à gorge déployée à l'évocation de ce souvenir.) Une vraie maladroite!

Je lui lance encore une fois un regard assassin. Elle serait morte deux fois. Deux fois en cinq minutes.

-Je ne sais pas comment le retrouver. Il est même peut être retourné en Italie?

-En Italie?

Je hoche la tête.

-Demande à sa soeur. Tu as gardé son numéro?

Je me tape la tête avec la main. Mais quelle idiote je suis. Bien sûr que j'ai gardé son numéro, lorsque j'étais encore sous le charme de cet idiot d'italien j'appelais Hannah pour avoir de ses nouvelles. Hé! J'étais tellement pathétique! Vouloir des nouvelles d'un ancien petit ami!

-Bon, Chou, je vais y aller, dit Morgane après avoir regardé sa montre. A demain! N'oublie pas tes bottes en caoutchouc, c'est mieux pour aller à la ferme.

Elle m'embrasse sur les deux joues après m'avoir fait un clin d'oeil. Elle prend son sac et part dans l'entrée où, je devine d'après les voix que j'entends, elle rencontré Céleste qui est rentrée de son travail.
Morgane me crit "Bisous" à travers l'appartement puis claque la porte. Je me lève pour aller saluer ma soeur. Nous échangeons les discussions habituelles puis je me dirige vers ma chambre qui se trouve au bout du couloir pour aller chercher mon téléphone.
Je m'assois sur mon lit avec celui-ci dans mes mains. Je fais défiler les contacts.
C...
D...
F...
H!
Hannah. Je l'ai trouvée. J'appuie sur appeler et porte le téléphone à mon oreille. Ça sonne...

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Bonjour bonjour!
Je sais... j'ai beaucoup de retard...Désolée!
Je vais poster le chapitre 13 ce soir, promis.

Ah oui aussi, dans "lalalala, chanté-je", il n'y a pas de faute. :) Le "é" est tout à fait normal puisqu'on ne peut pas dire "chante-je" (je sais que vous avez essayé ;) ), on met le "é". Ne me rajoutez pas des fautes en plus de celles que je fais déjà! X)

Bisous :*