C'est la fin d'après-midi. Les invités partent les uns après les autres, laissant derrière eux un monceau d'assiettes sales,des mètres carrés de pelouse piétinée, et des effluves de parfums coûteux qui continuent de flotter dans l'air. Deux jeunesemployés s'activent pour remettre de l'ordre.
Ma mère s'en va à son tour, me glissant à l'oreille :
— Je n'ai pas tout à fait compris ce qui s'était passé tout à l'heure, mais tu me raconteras quand tu en sauras plus ?
— Oui, bien sûr.
— J'espère que tu as tout de même apprécié cette journée ?
— Oui maman, ne t'inquiète pas. C'était parfait.
Sally est partie elle aussi. Elle avait rendez-vous avec un jeune commercial rencontré récemment, sans doute saprochaine conquête. Aussi libre et légère qu'un papillon, elle butine de ci de là sans jamais se poser.
Oliver, visiblement contrarié, fait les cent pas.
— Où sont tes parents ?
— Dans le salon. Ils discutent.
— Et ton frère ?
— Ma mère lui a demandé de partir.
Je ne comprends pas pourquoi Oliver est à ce point en colère. Ses traits harmonieux expriment une fureur à peinecontenue, qui me désarçonne. Depuis six ans que nous sommes ensemble, je ne l'ai vu que très rarement perdre ses nerfs. Leretour de son frère devrait plutôt être une bonne nouvelle, même s'il s'est mal comporté par le passé.
— Qu'est-ce qui ne va pas, Oliver ? Est-ce que tu pourrais m'expliquer ce qui se passe exactement ?
— Ce qui se passe ? C'est pourtant clair, non ? Justin est revenu, et mes parents sont loin d'être ravis. Je ne le suis pasnon plus, d'ailleurs. Mon frère est un fouteur de merde, et je n'aime pas le savoir dans les parages. Bon... allons dire aurevoir et rentrons, d'accord ? Je suis crevé.
La joie de la fête s'est évaporée. Nous nous rendons au salon pour saluer les parents d'Oliver. Tous deux sont tendus,nerveux, et nous regardent à peine. Au moins, pour une fois, j'échappe aux remarques désobligeantes d'Elizabeth Bieber.
Sur le chemin du retour, je reste silencieuse. Je sens bien que ça n'est pas le moment de parler de Justin. À travers lavitre, je regarde défiler le paysage. La lumière du crépuscule est douce et chaude, et les champs de maïs, alternant avec devastes pans de forêt, forment une fresque aussi magnifique que paisible. Quelques mois plus tôt, Oliver et moi avons achetéune ancienne ferme rénovée à l'écart de Maytown. Enfin, quand je dis Oliver et moi... lui, surtout. Son père lui a confié ladirection de l'une de ses agences, et ses revenus sont bien plus élevés que mon salaire de bibliothécaire. C'est en partie celaque me reprochent les Bieber. Selon eux, je m'intéresse avant tout à leur argent. Évidemment, ils ont tout faux : non seulement jeme fous de leur fortune, mais je n'ai aucune envie de devenir une femme entretenue et compte bien continuer à travailler aprèsle mariage. Pas question pour moi d'être une femme au foyer dépendante de son mari, et ce même si Oliver a largement de quoinous faire vivre tous les deux.
Devant la maison – une jolie bâtisse en bardeaux environnée de prés verdoyants – une nouvelle surprise nous attend. Unevieille Ford déglinguée est garée devant le portail. Justin en descend, un sourire aux lèvres, et nous adresse un signe de lamain.
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Bad Guy
Roman d'amourCassidy Hopkins, vingt-trois ans, est une jeune femme heureuse : elle exerce un métier qui la passionne et s’apprête à épouser le beau Oliver Bieber, son petit ami depuis le lycée. Mais le frère d’Oliver, Justin Bieber, pourrait bien compromettre ce...