Chapitre 1

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Saint-Sylvestre                                                                                                                                                         Copenhague, Danemark

J'entrouvre mes yeux, la lumière matinale m'aveugle. Comme chaque jour depuis maintenant une semaine je me réveille, seule, errante dans une rue sombre et inconnue. Mes muscles sont engourdis par la fatigue, mon cerveau est encore inapte à une quelconque réflexion.

Une goutte d'eau fraîche tombée d'une gouttière coule lentement le long de ma nuque jusqu'au bas de mon dos. Je frissonne et me lève d'une pulsion, manquant de m'écrouler.

Je suis incapable de me rappeler la raison de ma présence en ce lieu, je n'ai pas le souvenir de m'être rendue ici. Je n'ai aucun souvenir de la veille d'ailleurs. La bouteille de Carlsberg à mes pieds en sait probablement plus que moi...

En me retournant j'observe avec dépit mon allure dans une vitre brisée. Mon teint blafard et mes cernes profondément creusés témoignent de mon manque de sommeil. Mes boucles blondes humidifiées par la neige dégoulinent sur mon visage et mes épaules. Mon écharpe en laine empeste le tabac et me démange le cou. Mon trench suffit à peine à me couvrir du froid, de même pour mon débardeur. Mon jeans usé découvre l'un de mes genoux. Seules mes Dr.Martens, un présent de ma grand-mère défunte, tiennent encore le coup, comme elles le font déjà depuis trois ans.

Mais là n'est pas la question.

Je dévale la ruelle, emportée par une brise hurlante, et débouche dans une allée noire de monde longeant un canal givré. Sur la rive d'en face est implantée une lignée de maisons aux couleurs plus vives les unes que les autres, créant un affreux camaïeu qui suffirait à lui seul pour me faire vomir le peu de nourriture qu'il m'est donné d'ingurgiter. Copenhague. Ainsi, me voilà donc dans la même ville, cette ville que j'ai toujours souhaité quitter: ma ville natale.

Mais je dois l'admettre, à contre cœur: j'ai beau détester ces habitations aux façades répugnantes de couleurs, haïr ce cours d'eau empestant le poisson et l'air marin, cet endroit me tient captive, il m'est impossible de m'imaginer passer un instant ailleurs en ce monde.



PyromancerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant