Pyromancer

Chapitre 5

Je me lève et me fraye un chemin parmi les flocons de neige, tombants avec légèreté telle une masse cotonneuse, en direction de l'habitation. L'envie prend le dessus sur la raison, il me faut effleurer du bout des doigts le bois calciné, les briques fendues, les éclats de verre des vitres brisées. Je ne sens plus mes pieds et me vois forcée de ralentir le pas, mais qu'importe, ma destination est si proche.

Je n'atteins pas mon but à temps, on m'attire vers le sol. Impuissante, je tombe à la renverse, entrainée sous une lourde charge.

Me voilà à terre, face contre sol. Un policier, le même qu'il y a quelques heures, pointe son revolver sur l'une de mes tempes et me soumet à une clé de bras de sorte à ce qu'il me soit impossible de bouger. Le choc de ma tête contre les dalles trouble chacun de mes sens. Après avoir repris totalement connaissance, tout me revient à l'esprit, d'une logique foudroyante de simplicité: j'ai commis un délit, j'en payerai le prix fort, c'est ainsi. Mon exécution est déjà fixée. D'ici quelques heures, peut être même quelques minutes je m'en irai. Je quitterai ce monde.

Partir. Quelle douce pensée. Voilà donc l'unique porte qui ne s'est jamais ouverte à moi. J'en aurais franchi le seuil plus tôt si j'en avais eu l'idée.

La mort, quelle bénédiction.

Je n'ai plus qu'à attendre que l'agent ne daigne effectuer sa tâche et je serai éternellement loin d'ici. Tout me paraît si clair désormais. Quoique.

Mon regard s'est à l'instant posé sur la fameuse demeure en ruine. Ce n'est pas terminé. Pas encore. Il me reste ce souvenir auquel je prendrai plaisir à m'attacher quelques instants encore.

C'est exactement cela.

Je me dégage avec une aisance surprenante, en bousculant l'agent qui ébranle à son tour le sol échappant un cri de douleur. Dans un second élan de courage, je cours aussi vite que mon état le permet.