- Ma chérie, c'est l'heure, aller réveille-toi ! Chloé, il faut que tu te lèves c'est ton premier jour de cours en première !
- Hhmm....
Une lumière éclatante jaillit sous mes yeux. La lampe que venait d'allumer ma mère. Je fis face au visage de cette dernière. Sarah Garner, me regardait en souriant d'un regard qui disait : « Tu ferais mieux de m'obéir ou ça va barder ! » Ma mère était une jolie femme. Elle était brune aux cheveux bouclés à l'anglaise comme les miens, des yeux noisette qui te donnaient envie de les manger. Et puis comme moi, elles avaient des cils longs comme ceux d'une biche.
- Bonjour ma puce, vas t'habiller, je vais te préparer ton petit déjeuner.
- Bonjour maman.
- Très bien dépêche-toi alors.
Puis elle partit. Je me levai et me tournai vers mon armoire. J'étouffai un cri. Sur mon armoire était accroché un miroir. Mon rêve me revint en tête. Un rêve vraiment ? Il m'avait paru si réel. Mais bon ce n'était qu'un simple cauchemar. J'ouvrai finalement l'armoire et choisi de m'habiller en pantalon bleu ciel, pull gris avec écrit New York en blanc dessus et converses grise. Ça ne me ressemblait pas : d'habitude je m'habillais avec des robes de couleurs vives, là je ressemblais à un ciel bleu remplis de nuages gris. J'espérais que ce n'était pas ce rêve qui m'avait fichu la trouille car j'étais tout de même de bonne humeur. Non c'était le début d'une nouvelle vie, je le sentais. Tout allait changer.
Je descendis les escaliers à toute vitesse et m'assis en face de ma mère qui lisait le journal.
- Alors qu'elles sont les nouvelles aujourd'hui ? demandais-je.
- Rien d'intéressant, à part que le facteur a été retrouvé mort dans la forêt. Il aurait été attaqué par un animal et mordu au cou. Mais c'est la saison du loup et il avait fait son temps : à soixante-dix ans..., me raconta-t-elle en ne faisant aucun commentaire sur ma tenue vestimentaire.
- Et personne ne le regrettera, c'est sûr, dis-je en engloutissant un beignet.
Je finis mon petit déjeuner et partit dans la salle de bain me débarbouiller et me laver les dents. Enfin je pris une veste noir, embrassa ma mère sur la joue et partit en direction de la porte, tout en mettant mon sac à dos bleu foncé sur le dos. Je sortis de chez moi en toute confiance quand une chose me sauta dessus. Je poussais un cri et me retournais. Une fille blonde aux yeux bleus foncés me regardait en souriant. Rose Nilson, ma meilleure amie depuis la maternelle.
- Bonjour miss ! Comment ça va ? Ouh là, j'ai loupé quelque chose ? s'exclama Rose en pointant d'un doigt manucurée ma tenue.
- Bonjour, oui ça va et non t'as rien loupé.
- OK, dit-elle en appuyant bien sur les syllabes, comprenant qu'il ne fallait pas insister. Elle sortit un paquet de cigarettes de sa poche et en retira deux. Rose m'en lança une que je rattrapa. Je la coinçait entre mes lèvres. Mon amie replongea la main de sa poche et trouvant enfin ce qu'elle cherchait, elle exhiba son briquet et m'alluma ma cigarette avant de faire de même avec la sienne. En arrivant devant le lycée, j'aspirai une grande bouffée de ma propre cigarette, avant de l'écraser sous ma chaussure et la jeter par terre.
Arrivées dans le lycée, on se dirigea immédiatement vers les casiers. Notre sorte de point de rendez-vous.
- Eh Chloé !
Je me retournais et découvrit sans surprise Jeremy, mon petit copain, qui se dirigeait vers moi. Jeremy était vraiment beau. Il avait des yeux bruns chocolats (oui ils étaient bruns foncés pas comme ceux de ma mère), des cheveux de la même couleur, qui comme toujours étaient parfaitement coiffes et des lèvres pleines. Il se précipita vers moi et m'attira vers lui, avant de m'embrasser à pleine bouche. Je m'empressai de répondre à son baiser. Il sentait bon le shampoing pour homme et la cigarette. Je ne suis pas une de ces idiotes qui trompe son copain avec tous les garçons qui passent devant elle. Non c'était réel. Il fut le premier à décoller sa bouche de la mienne.
- Ça va ? me dit-il.
- Oui, on ne peut mieux ! Et toi tu es en forme on dirait ! m'exclamais-je.
- Bon je crois que je vais vous laisser, on se voit en cours, intervint Rose en me lançant un clin d'œil.
- Ouais salut, répondions-nous en cœur.
Je pus enfin plonger mes yeux dans les siens. Une soudaine tristesse m'envahit. Comme si quelque chose n'allait pas. Pourtant tout était normal, même nez, même bouche, même mains... Non, ce devait être mon rêve qui m'avait bouleversée. Je l'aimais et rien ne pouvait me faire changer d'avis.
Dring ! Dring !La sonnerie coupa court à notre rêverie.
- Bon t'as quoi là ? me demanda Jeremy.
- Français et toi ?
- Mathématique mais c'est sur mon chemin. Je t'accompagne ? me proposa-t-il.
- Oui, si tu veux.
Arrivés devant la salle d'anglais. On se regarda d'un air gêné je fus cette fois-ci la première a m'avancé vers lui. Je me mis sur la pointe des pieds et l'embrassai sur la bouche, il répondu à mon baiser juste au moment où M. Bouchard, le professeur d'anglais, ouvrait la porte.
- M. Arthur, Mlle Garner veuillez éviter de faire cela devant ma salle de cours, je vous prie.
- Excusez-nous M. Bouchard, j'allais justement partir, s'exclama rapidement Jeremy.
- Faîtes vite, vous allez arriver en retard en cours.
Jeremy m'adressa un clin d'œil puis s'éclipsa. Je rentrai dans la salle sur le regard appuyé du professeur. Il restait deux places, une à côté d'Helen Fabot, la pipelette de service et une à côté de l'intello qui puait de la bouche. Je m'assis à côté d'Helen. Erreur. Ne jamais s'assoir à côté de la pipelette.
- Vous formez un trop beau couple toi et Jeremy, commença Helen.
- Oui, oui, disais-je en faisant semblant d'écouter le professeur (ce que personne ne faisait d'ailleurs).
- Mais oui je te jure, essaya-t-elle, qu'est-ce que j'aimerais être à ta place...
- Oui c'est ça.
Pendant tout le reste du cours, elle continua à me parler du fait qu'elle nous trouvait fantastique, comme couple, Jeremy et moi. Je crois que c'était le cours où j'ai pris le plus de notes ! Quand la sonnerie retentit je me suis précipitée vers le prochain cours, celui de sport, bien que je le détestasse. J'étais en train de courir quand je me cognais contre l'épaule de quelqu'un. Pas très fort, juste assez pour me stopper et me surprendre. Je levai les yeux, pour voir la personne que j'avais bousculée et je vis des yeux d'un vert d'eau une touffe de cheveux ébouriffés, d'une couleur noir corbeau et des lèvres pulpeuses. L'homme plongea son regard dans le mien (ce qui fut dur car j'avais au moins une tête de moins que lui), et tout à coup j'eus une envie de l'embrasser, ce qui était très bête car je ne le connaissais pas. Alors que j'allais me mettre sur la pointe des pieds, je paru me rendre compte de ce que je faisais et m'écarta précipitamment de lui.
- Excuse-moi, je ne t'ai pas vu arriver, m'excusais-je, tu es nouveau ici ? Moi c'est Chloé.
- Euh oui, je m'appelle Ben, je vais être en retard, désolé.
Consciente que je le collais, je lui répondis :
- En quelle classe es-tu ? lui demandais-je.
- Terminale trois, j'ai cours de sport.
- Ah tiens, moi aussi. Suis-moi je te montre où est le gymnase, Ben.
Je remarquai une cicatrice sur sa joue, et toujours autant consciente, je savais qu'il ne voulait pas me suivre, je lui attrapais le bras et le tirai. Comme il nous restait encore cinq minutes avant le cours j'en profitai pour sortir une cigarette. Ça faisait une heure, je n'en pouvais plus. Je sortis une autre cigarette et la lui tendis, il la prit sans ménagement et sortit un briquet de sa poche et m'alluma la cigarette en me regardant d'un air que je n'arrivai pas à décrypter, puis alluma la sienne sans me quitter des yeux.
- Tu es toujours aussi autoritaire ? m'interrogea Ben.
- Oui, pourquoi ? Dans ton ancien lycée les filles étaient sages comme des images et se laissaient tout le temps faire ? répliquais-je, vexée.
- Je n'ai pas dit ça, se défendit-il.
Je ne répondis pas et arrivés au gymnase nous nous dirigions vers nos vestiaires respectifs. A peine rentrée dans le vestiaire des filles que Rose me sauta dessus. Avant de me parler elle me piqua ma cigarette qu'elle mit dans sa propre bouche.
- Devine qui j'ai vu ce matin, en latin ? et sans me laisser répondre elle enchaîna, un nouveau ! Et devine à quoi il ressemble ?
- Cheveux noirs, yeux bleus, lèvres pulpeuses et cicatrice sur la joue ?
- Cheveux noirs, yeux..., commença-t-elle, attend, comment tu le sais ?
- Devine avec qui je suis venue au gymnase ?
- Non ! Sans blague ! Alors t'a vue comme il beau ? Et...
- Bon les filles, dépêchez-vous, les garçons vous attendent là ! l'interrompit Mme Orate, le professeur de sport, et enlever moi cette saleté de votre bouche si vous ne voulez pas être coller le premier jour !
Je mis précipitamment mes baskets pendant que Rose jeta la cigarette et nous entrions dans la salle de sport. Je regardais les élèves et tombai sur Jeremy qui me sourit, je lui souris en retour et puis je vis Ben qui me regardait fixement, j'allais lui sourire aussi quand Mme Orate ordonna à tout le monde de faire dix tours du gymnase. J'étais plutôt forte en sport, mais je ralentissais toujours, pour être sur la même vitesse que Rose. Jeremy cala sa vitesse à la nôtre.
- Je pourrai parler à Chloé, commença-t-il, en tête à tête, rajouta-t-il voyant que Rose ne réagissait pas.
Rose haussa un sourcil en nous regardant tour à tour.
- S'il te plaît ?
Mon amie arrêta de passer son regard de l'un à l'autre et posa ses yeux sur moi, attendant que je fasse quelque chose. Je hochait la tête d'un mouvement à peine perceptible et elle nous laissa passer devant elle en soupirant. Cette fois-ci je hochai la tête en direction de Jeremy, pour qu'il comprenne que j'étais toute ouïe.
- Apparemment tu aurais fait le chemin avec le nouveau.
- Ben ? Et alors c'est un crime ?
- Tout doux chérie, je dis juste ça parce qu'il ne faudrait plus que tu le refasse.
- Pourquoi tu es jaloux ? Tu as peur que je te trompe avec lui, parce que si c'est ça tu me connais vraiment mal, répliquai- je, tu sais très bien que je t'aime.
- Non, mais il est dangereux, il a un casier judiciaire : agression physique sur jeune fille. Je m'inquiète juste pour toi. Moi aussi je t'aime, ajouta-il avec un sourire.
- Mais...
- Non s'il te plaît, dis-moi juste que tu feras attention à toi.
- Ok.
- Cool.
Il m'embrassa puis accéléra pour retrouver ses copains. Je ralentis pour que Rose puisse me rattraper. Je lui racontai rapidement ce qu'il m'avait dit et on ne parla plus jusqu'à un certain moment. Elle et moi courions tranquillement quand l'alarme incendie retentit, personne ne s'inquiéta, étant donné que chaque année nous devons nous préparer à toute éventualité. Toute la classe regarda le professeur de sport en quête d'ordre, mais elle nous regardait elle aussi d'un air incrédule. Violette Charbin fut la première à rompre le silence :
- Madame, c'est un exercice n'est-ce pas ? demanda-t-elle d'une voix non assurée.
- Eh bien, oui sûrement, les professeurs sont normalement au courant d'exercice dans ce genre, mais la principale a peut-être décidé de nous mettre aussi à l'épreuve. Tous en rang, deux par deux !
Nous obéîmes et je me mis à côté de Jeremy.
- Alors, un peu de danger, ça te tente ?
- Oui, j'adore me faire cramer le derrière, en cours de sport !
- Toujours autant d'humour noir ! Ça te va toujours aussi bien !
- Eh oui, tu vois, on ne change pas, m'exclamais-je en lui tirant la langue.
Il choisit de me répondre par un baiser, auquel je répondis avec gêne. Je sentis un regard se poser dans mon dos. Je me retournais et tomber sur Ben qui me regardait d'un œil inquisiteur. Je lui souriais timidement, mais à ce moment on entendit un cri.
- Que se passe-t-il ?! s'écria Orate.
- Le feu, il y a le feu ! s'exclama une fille dont je ne connaissais pas le nom, quelque chose comme Daphnée ou Danielle, je crois.
Tous les élèves, commencèrent à crier et à se précipiter vers la porte. Je les entendis taper sur la porte de toutes leurs forces.
- Elle est fermée !
- Pas de panique, il y a la porte de secours, répondis la prof d'un air aussi impassible que possible.
Jeremy me tira par la manche et en ce moment même une nouvelle bourrasque enflammée arriva et je regardais la porte de secours en me rendant compte que j'étais tétanisée, alors je m'avançais vers la porte de secours, en regardant les autres élèves s'acharner sur la porte, jusqu'au point où la poignée se détacha, alors les garçons essayèrent de défoncer la porte. J'avançai toujours, en regardant fixement la porte. Je ne ressentais plus rien, j'avais perdu le contrôle de mes membres, je me comportais comme une somnambule. Quelqu'un dont j'avais oublié le nom me hurla de reculer. Je n'écoutais pas et je restais sur mon objectif. Un des garçons qui poussait la porte me donna une claque. Je le regardai, puis je le poussai en avant de toutes mes forces et il fut propulsé à l'autre bout de la pièce. Il y eut des hurlements et le sang gicla. Tout à coup, la lumière était plus forte, la chaleur plus intense, je sentais tous mes muscles contractes. Une envie me prit soudain de me jeter dans la flaque rouge et de la lécher. Mais je détournais les yeux et croisais le regard de Ben qui avait lui les yeux fixés sur ses mains qu'il se mit à sucer. Je me concentrai pour me rendre compte que du sang avait éclaboussé sur lui. Arrivée à la porte, je la défonçais littéralement et les élèves eurent une réaction tout à fait normale dans ce genre de situation (même si à mon avis, il ne devait pas avoir beaucoup de situation comme celle-ci, peut-être même aucune) : ils hurlèrent en se poussant, se tapant, se tirant les cheveux pour accéder à la sortie. Je fus propulsée à terre et on me marcha dessus sans que quiconque de se rende compte de quelque chose. Tout le monde était sorti, je n'entendais plus que les flammes. Avez-vous déjà pensé une fois que vous alliez mourir ? Bien sûr que non. Mais moi, oui. A cet instant précis, les flammes se rapprochèrent. Je ne bougeais toujours pas. Je les sentais me toucher. Aucun mouvement. Mon corps était en feu. Je n'arrivais plus à penser, à réfléchir. Je ne voyais plus rien, la fumée cachait tout. Je n'entendais plus. Mais je sentais les flammes m'engloutirent. Je les sentais se refermer sur moi. Un éclair bleu et noir passa. Je fermai les yeux.
