Chapitre 3

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Sans m'en rendre compte, je m'assoupi. Je rêvais et je le savais. Je marchai sans destination précise. J'étais dans une forêt rempli d'arbres longs et fins. Ils étaient tellement hauts que je ne voyais pas le ciel. Un cri se fit entendre et je me précipitais vers le son. À ma surprise, je me vis moi-même bien plus petite. Je devais avoir six ans. Un grand homme portait ma version enfantine sur son dos et la faisait tourner en rond, ce qui était la raison de son cri. L'homme me ressemblait étrangement : les mêmes cheveux bruns, les mêmes yeux verts. Il me fit penser aussi au personnage de mon ancien rêve. Ce n'était qu'un rêve je devais m'imaginait mon père d'après ce que ma mère m'avait décrit. Je n'étais jamais allée dans cette forêt, ce ne pouvait qu'être qu'un rêve. L'homme reposa l'enfant (je m'étais résolue à me dire que ce n'était pas moi) qui commença à courir à travers les arbres en riant. Alors l'imitation de mon père lui courra après, la petite le vit et voulut accélérer et trébucha et s'érafla le genou qui commença à saigner. Le regard de l'homme se posa immédiatement sur la plaie de la fillette, ses pupilles rétrécirent pour devenir deux fentes. Sa bouche s'ouvrit et ses canines s'allongèrent. Soudain mes yeux devinrent ceux de la petite fille, j'étais à sa place. Je vis l'homme s'approcher et planter ses dents dans le genou. Je hurlai sous la douleur. Mes yeux se rouvrirent. Des infirmières me regardaient bizarrement. Je me rendis compte que c'était parce que je hurlais encore, je m'arrêtais donc. J'attendis une remarque de la part des infirmières. Mais elles continuèrent de me regarder de la même façon.
- Il est midi, vous pouvez donc partir, me lança une d'elles.
- Merci, répondis-je en me levant.
J'enfilai mes chaussures sous le regard médusé des femmes. Je me rendis à l'accueil pour récupérer mes affaires. J'enfilai mon casque et le branchai sur mon téléphone. Je sortis de l'établissement la musique a fond. Je ne savais ce qu'était cette musique, ne savait meme pas qu'elle etait la langue. Je marchai dans la rue, quand je sentis la pluie sur mes joues. Je levai le nez et trouva un ciel bleu sans nuage. Ce n'était pas de la pluie mais des larmes : je pleurais. Je ne m'en été pas aperçu. Je ne savais même pas pourquoi je pleurai. Je sortis un mouchoir de ma poche et me moucha bruyamment. Je m'essuya les yeux avec rage. Heureusement qu'on m'avait démaquillée, sinon je ressemblerais à un monstre. Ce dernier mot me rappela mon rêve. Ce n'était bien que cela : un rêve. Je poussai la porte de chez moi. Il était trop tôt pour que ma mère soit rentrée, mais je trouvai assise sur le canapé du salon, Rose. Elle lisait un magazine. En me voyant, elle se leva directement. Je la vis bouger les lèvres. Elle me regarda comme si elle attendait quelque chose. Ma meilleure amie soupira et s'approcha de moi en tendant les mains. Elle me retira mon casque. Ses lèvres bougèrent à nouveau et cette fois-ci j'en compris le sens.
- Toi et ton satané casque... Sinon ça va, tu as une tête de déterrée ?
- Si je n'avais pas failli mourir, oui je pense que j'irais bien.
- Ah voilà je te retrouve ! s'exclama Rose en m'adressant un clin d'œil.
Je m'affalai sur le canapé et alluma la télé.
Je sentais que Rose me lançait des regards insistants, mais je ne voulais pas la regarder. Je ne voulais pas plonger mon regard dans ses yeux bleus nuit. Et surtout je ne voulais pas parler de ce qui c'était passé. Rose soupira a nouveau, puis se laissa tomber à côté de moi.
- Tu sais, tu ne pourras pas te cacher éternellement.

Ce fut à mon tour de soupirer.

- Je sais. C'est bien ça le problème.

Nous entendimes la porte claquée , mais je relevai a peine la tête.
Je sentis le canapé craqué quand elle monta dessus. Ses mains s'enroulèrent autour de moi. Pour l'instant j'avais juste besoin de ça. D'une mère. Rose me fit un gros baiser baveux sur la joue puis s'en alla. Super. Maintenant j'allais avoir une trace de rouge a lèvres rouge. Je ne sais pas combien de temps, nous restâmes comme ça. Dans les bras l'une de l'autre. Pas besoin de parler, elle comprenait. Pas tout bien sûr, ma vie était tellement compliquée que je ne la comprenais pas vraiment moi-même. À un moment, ma mère me lâcha. Elle ne me posa pas de question, se contentant de me regarder dans les yeux. Ce que je lisais dans les siens fut de l'amour. Non pas de la pitié comme je le redoutais mais de l'amour.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 10, 2015 ⏰

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