Prologue 2/2

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Quelques heures plus tard je revins dans les laboratoires avec un joli pansement et trois points de suture. Il me fallait à présent terminer mon expérience avec seulement neuf doigts. Je voulu prendre ma fiole qui se trouvait sur.. ma fiole, elle n'était plus là ! Impossible, j'ouvris mes tiroirs, les armoires, mais aucune trace de cette satanée fiole. Je l'avais pourtant posée là, dans le.. oh mon dieu, je me suis trompé en la rangeant. Je l'avais malencontreusement posée dans les affaires de Robert, mon collègue. Je ne m'étais pas absenté trop longtemps, avec un peu de chance il venait de l'embarquer. D'après son planning, il devait se trouver dans la zone 4 pour effectuer des expérimentations nucléaires. Après quelques minutes de marche dans le dédale de couloirs de la base, je me retrouvai face au local ou se trouvait Robert. Il venait d'introduire dans un caisson atomique ma fiole que je reconnus aisément grâce à la trace de mon sang. Que faire ? Si je me fais encore remarquer, je peux dire au revoir à mon projet de super soldat.. Je décidai d'attendre qu'il finisse ses tests pour récupérer la fiole et jeter tout ça. Je n'aurai plus qu'à tout recommencer.

Une heure plus tard, il se décida enfin à sortir pour faire une pause. Il me dit en me croisant dans le couloir; « Ah voilà la vedette, prêt à rejoindre un nouveau projet ? »

Je répondu assez sèchement à ses propos.

— Prépares-toi plutôt à quitter le tient, je suis sur quelque chose d'énorme ! 

— Encore ta bactérie super-soldat, la troisième guerre mondiale aura commencé que tu ne seras pas encore prêt.

Je ne prêtai pas attention à ses propos. Quand il disparut au bout du couloir, je couru à l'intérieur pour récupérer ma fiole. Elle était là, intacte, juste à côté de son prototype. Le contenu venait sûrement d'être irradié. Fatale même pour le meilleur des supers soldats, je pris soin de ne rien déplacer d'autres, aucune chance qu'il ne remarque ma présence ici.

De retour à mon labo, je mis le contenu de mon tube à essai sous microscope. Curieux de savoir ce qu'il était advenu de ce malheureux petit ovule. Quel ne fut pas ma stupéfaction de découvrir que la division cellulaire avait commencé. Impossible, je n'y comprenais plus rien. Les radiations auraient du tout désintégrer. Je décidai de ne prendre aucun risque en essayant de féconder un deuxième ovule, mais je ne parvins plus jamais à y arriver. Serait-ce l'exposition aux radiations qui auraient permis le miracle de se produire ? Quoi qu'il en soit J'introduis cet ovule dans une femelle requin de nos bassins à poissons.

Hélas pour moi la gestation d'un requin prenait de 7 mois à deux ans.. et mes autres expérimentations sur les bactéries ne menèrent à rien. Je ne pus défendre mon projet devant mon chef, et fus donc bien malgré moi assigné au projet Moufette. En secret je continuai tout de même à m'occuper de la femelle requin fécondée. Voici quelques notes de mon journal de bord:

2ème mois de gestation : Je décida de procéder aux premières analyses; l'embryon est encore petit mais promet de donner un magnifique bébé requin croisé à .. difficile à dire pour le moment mais je commences à douter qu'il s'agisse de cellules humaines.

4ème mois de gestation : J'ai effectué une analyse plus en profondeur des tissus du poisson se trouvant dans la calotte glacière. Il s'agit effectivement d'un mégalodon ayant vécu il y a plus de deux millions d'années. Les radios montrent déjà que le petit à une taille inhabituellement grande.

8ème mois de gestation : La femelle requin commence à nager bizarrement. Je crains que le petit qu'elle porte ne soit trop imposant pour elle. Elle enfle de jour en jour cela devient impressionnant, j'ai peur que mes collègues se posent des questions.

10ème mois de gestation : Je suis vraiment inquiet, je crains que le petit mégalodon ne survive pas. La mère reste au fond de l'eau et se déplace très lentement.. Elle n'a pas l'air de supporter la gestation, j'ai l'impression qu'elle pourrait éclater. J'ai effectué de nouvelles radios, ce n'est définitivement pas des cellules humaines qui composent ma chimère.

Vers le 11 ème mois de gestation, je fus appelé de toutes urgences aux bassins à poissons. Celui contenant ma femelle requin était rempli de sang et des morceaux de poissons flottaient un peu partout.

Le gardien affolé déclara.

On aurait dit que quelqu'un a jeté une grenade dans l'eau, le requin a explosé !

Tu es responsable de quelque chose ? C'était ton bassin d'expérimentation non ?  m'accusa Robert

Le gardien intervint, avant que je puisse répondre « Regardez la, vous avez vu, un aileron dépasse et il bouge »

— On dirait même qu'il s'avance vers nous .. Rétorqua mon exaspérant collègue

L'aileron s'avançait effectivement vers nous à vive allure mais impossible de le voir complètement à cause de la concentration de sang dans l'eau qui la rendait opaque.

Arrivé au bord, la bestiole sauta hors du bassin. Nous étions tous surpris. La créature avait quatre pattes mais se tenait sur deux et penchée en avant comme le ferait un tyrannosaure. Pas plus grande qu'une très grosse grenouille avec une tête de requin. Son corps était constitué d'un mélange d'écailles et de poils noirs, sur son dos les poils étaient blancs. A son extrémité, une queue se balançait de haut en bas.

— Mais qu'elle est donc cette horrible créature ? 

Je voulu répondre le croisement d'un mégalodon et d'une autre chose d'inconnue s à cause d'un imbécile travaillant avec moi, qui a mal étiqueté les cellules rangées dans notre armoire. Mais je dis plutôt «Je l'ignore »

Le gardien s'en approcha et voulu le faire bouger avec sa matraque, mal lui en prit. La bête s'énerva, recula pour prendre son élan et lui sauta au visage pour le griffer. Robert qui était face au gardien voulu attraper la bestiole par l'arrière mais elle leva la queue et lui péta littéralement à la gueule. Une boule de gaz sortit par son cul et asphyxia Robert. Les deux hommes à terre, elle s'avança lentement vers moi. Je reculai jusqu'à me retrouver dos au mur. Qu'allait elle me faire, peut être me dire « Papa ? »

Elle s'apprêtait à m'attaquer tandis que moi je venais enfin de deviner quel gène j'avais utilisé. Cette posture d'attaque, ces poils noirs et blancs, cette boule de gaz. Mais oui c'était évident, ça ne pouvait être qu'une moufette ! Je venais de créer le prédateur ultime, ayant la puissance d'un mégalodon et la finesse d'une moufette. Sans oublier la résistance supplémentaire que lui apportait mes bactéries.

Tel le docteur Frankenstein, je venais de donner la vie, et j'allais peut-être la perdre dans quelques instants..


Skunk Shark VS Iron CaribouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant