Chapitre 4 - Confidences

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Je me réveillai en sursaut, ce mardi 30 Septembre, en entendant mon téléphone vibrer. Il était un peu plus de midi et je venais de recevoir un SMS de Martin. 

"Vivement que ma journée se finisse. J'ai rien mangé tellement je veux pas être là."

Je me rappelai alors que Martin avait sa journée d'appel aujourd'hui. Je lui répondis que c'était bientôt fini et qu'après, il n'aurait plus jamais à y retourner. 

Je me fais rire moi-même en fait. J'ai pas eu le cran d'y aller. Les médecins m'ont dispensée de cette journée. Et je dis ça à Martin. Je suis une véritable blague parfois. 

Martin me répondit : "Heureusement que tu es là." suivi d'un petit cœur. 

Oui, c'est adorable. Oui, j'apprécie ce qu'il me dit. Mais avec ce que j'ai appris la veille, je sais plus trop quoi penser. Je veux pas être entre lui et sa copine. C'est hors de question. Je refuse d'être ce genre de personne sans gêne. 

Je lui envoyai un simple smiley souriant. 

Tout au long de la journée, il me disait comment ça se passait. Plus la fin approchait, plus il se détendait. Puis quand l'heure de sortir de là fut arrivée, Martin m'envoya : "FINI ! :D". 

Après le repas du soir, je rejoignis Martin et Max en ligne. A mon arrivée dans la conversation, Martin me lança :

"- Plus jamais Lylah ! 

- Regarde, t'es encore en vie. Tout s'est bien passé. Lui répondis-je.

- Une chose est sûre, je ne m'engagerai jamais dans l'armée." 

Je rigolai. Puis, Max proposa de jouer avec d'autres de ses amis. Martin accepta et je suivis le mouvement. 

En même temps de jouer, Max voulait enregistrer la partie et nos voix pour pouvoir mettre la vidéo en ligne. Tout le monde accepta, moi compris mais je détestais ça. C'est évident, je ne parlerai pas et la partie sera trop sérieuse. 

Ça n'a pas loupé ! La partie fut tellement sérieuse que je me suis ennuyé du début à la fin. Et je ne comprenais rien à ce qu'ils disaient. Dans ce genre de jeu, il y a un vocabulaire particulier. En anglais, en plus. Par exemple, pour dire "Suis cet ennemi." ils vont dire "Chase-le." Un véritable baratin en franglais. 

Après ça, je décidai de ne plus jouer avec eux pour ce soir. Je découvrais une facette de Max qui m'agaçais fortement. Il devenait beaucoup trop sérieux. Il n'y avait plus aucune rigolade avec lui. 

Je me déconnectai donc du jeu et je me rendis sur le salon de discussion où j'y retrouva mon amie "Rose".

"*Rose* : Tu as parlé à Martin aujourd'hui ?

*Nesquik* : J'ai pas voulu en parler avec lui. Ça me regarde pas, après tout.

*Rose* : Bon... Sinon, comment tu vas aujourd'hui ?

*Nesquik* : Comme d'hab'. L'autre arrête pas de me mener en bateau, pour pas changer. 

*Rose* : Pourquoi tu le dégages pas ?

*Nesquik* : J'y arrive pas. Je le déteste. J'ai juste envie de l'insulter et de lui cracher dessus mais je sais pas... J'y arrive pas. Il a tout fait pour que je m'attache à lui et il a bien réussi.

*Rose* : Tu sais très bien que tu te fais du mal. Il te trompe avec je ne sais combien de filles, il te ment, il te fait passer pour ce que t'es pas aux yeux de ses amis, de sa famille. Tu mérites pas ça, Lylah. Tout le monde te dit qu'il te mérite pas et que tu mérites pas tout ce mal. Quand je t'ai connu, tu étais pétillante et toujours en train de rire pour n'importe quoi. Depuis que t'es avec lui, t'es plus la même et ça aussi tout le monde te le dit. Tu sais, des garçons qui sauront te faire sourire, il en existe plein. Seulement, tu les vois pas à cause de lui. Si je te dit ça, c'est pour ton bien. J'en ai marre que tu souffres.

*Nesquik* : Je sais, Julia."

J'étais touchée par ses mots. Je relisais son message plusieurs fois... Chaque mot résonnait dans ma tête. Je me rendais compte un peu plus chaque jour que je m'enfonçais dans un malheur que je ne désirais pas. La vie fait que l'on rencontre des gens qui la transforme. Mais on est responsable de qui l'ont fait entrer ou sortir de notre vie. J'étais pétrifiée à l'idée de me retrouver seule. Je crois que c'était la seule raison pour laquelle je laissais cette ordure rester dans ma vie. Avant de le rencontrer, je venais de perdre un de mes amis que je considérais comme mon frère. J'étais mal mais je recommençais à sourire. Il a profité de mes faiblesses jusqu'au bout et il a brisé tous mes efforts.

Je le hais tellement que je ne prends même plus la peine d'écrire son prénom. C'est un moins que rien et ça le restera. 

Alors que la conversation se poursuivait, je commençais à avoir les larmes aux yeux. J'avais une vie tellement chiante mais tellement belle avant tout ça. Aujourd'hui, je ne suis plus que l'ombre de moi-même. Je suis manipulée comme un pantin. 

Je finis par mettre fin à la conversation en la remerciant d'être là pour moi et en lui souhaitant une bonne nuit. Je mettais tellement d'énergie à essayer d'aller bien que je finissais par être épuisée. 

Un peu avant que je tombe dans les bras de Morphée, je reçu un SMS de Martin. 

"Bonne nuit Lylah. Encore merci d'avoir été là aujourd'hui. ❤"

Durant les deux jours suivants, j'envoyais des SMS à Martin. Mais je ne recevais jamais de réponse. Comme une ignorance totale. Il ne me répondait pas non plus sur le jeu et encore moins sur Skype. 

Dans l'après-midi du 2 Octobre, j'en parlai à Max. Au début, il croyait que je plaisantais. Puis il se rendit compte que j'étais vraiment inquiète. Martin était connecté partout. Mais il ne répondait nulle part. 

En fin de soirée, Martin me répondit, enfin ! 

"Martin : Je suis désolé, je jouais."

Je l'avoue, j'étais un peu vexée. Je pensai immédiatement à Ophélie. Il devait passer son temps avec elle et oublier de répondre à ses amis. 

Martin a certainement dû voir que je le prenais mal car il me proposa de l'appeler. J'acceptai sans trop hésiter. 

Pendant plus de deux heures, on parla de tout et de rien. A un moment, il me demanda :

"- Je me pose une question depuis quelques jours. Tu m'as dit que tu avais été dispensée de la journée d'appel. Mais pourquoi ?"

Je lui expliqua alors. 

"- Depuis toute petite, je vis avec une phobie sociale. Ou anxiété sociale. J'ai peur du jugement, du regard des autres et de l'inconnu, en gros. Quand j'ai reçu la convocation pour cette journée, j'étais pétrifiée. Ma mère me l'a donné et à partir de là, mon monde s'est arrêté de tourner. J'en ai parlé à mon médecin généraliste qui m'a expliqué que c'était possible de se faire dispenser mais avec des justificatifs et une raison valable. Il m'a fait un certificat en expliquant mon problème. Une psychiatre l'a fait aussi. Et jusqu'à que je reçoive la lettre comme quoi j'étais bien dispensée, je ne vivais plus."

Je continuai à me confier, comme ça, pendant un moment, à Martin. Lui aussi le faisait. C'est à partir de là que j'ai découvert son côté sensible. 

Le lendemain soir, je le rappelai et nous continuions à parler, à se confier. Puis, il me parla du lendemain. Le 4 Octobre. Ce soir-là, j'avais la fête d'anniversaire de ma cousine Hanna. Je sentais que téléphoner chaque soir à Martin avant de dormir allait rapidement devenir une habitude. Je lui annonçai que je ne savais pas si je pourrais lui parler. Là où vit ma cousine, on ne capte rien. Sauf internet... et encore. 




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