Chapitre 7 - Le mot de trop

27 1 1
                                    

Cinq Octobre - Neuf heures du matin - Je suis affalée dans le canapé de mon grand-père, absent. 

Hanna vit à juste cinq cent mètres de la maison familiale. Là où habite mon grand-père, seul depuis le décès de mon adorable grand-mère. Il est actuellement au Maroc, en vacances dirons-nous. 

Aux alentours de sept heures du matin, après que Martin se soit endormi au téléphone, j'ai entrepris de nettoyer la table du salon d'Hanna et de ranger un peu tout ce bazar. Et c'était pas du luxe ! Il y avait de tout dans les verres. Lisa avait mélangé du gâteau au chocolat avec de la pizza, du jus de fruits et d'autres boissons non-identifiables, des bonbons et certainement d'autres choses inimaginables. 

J'étais pas vraiment fatiguée après ça alors je me suis dit que j'allais aller regarder la télé chez mon grand-père, Hanna n'ayant pas la télévision chez elle. Les clés de secours se trouvaient toujours au même endroit depuis des années. 

Mes paupières se fermaient doucement alors que je regardais tranquillement une série espagnole pour adolescents à la télé. Avant que je ne sois plus capable de rien, je mis mon réveil pour midi et j'envoyai un message sur Facebook à Hanna pour la prévenir de l'endroit où j'étais et l'heure de mon retour. 

A treize heures, je me réveillai tant bien que mal. J'avais eu du mal à ouvrir les yeux une heure plus tôt... Avec l'impression d'avoir un éléphant sur le dos, j'éteignis la télé, je rangeai la couverture, je mis mon manteau et je partis chez ma cousine.

A mon arrivée, il n'y avait plus aucunes de ses copines. La dernière était partie cinq minutes avant que j'arrive. Hanna me tendit une chocolatine (ou pain au chocolat, puisque ça se dit comme ça aussi) et m'invita à m'asseoir.

- "Et bah, cette soirée je m'en souviendrai ! Tu t'es amusée ? Me demanda-t-elle.

- Ouais, dis-je en croquant dans ma chocolatine, c'était super. Même si j'ai pas profité jusqu'à la fin. 

- T'as fait quoi après qu'on soit aller dormir, d'ailleurs ?

- J'ai nettoyé la table et toutes les choses bizarres qu'il pouvait y avoir dessus et je suis allée me reposer chez papy. Je répondis.

- Ah oui, j'ai vu que t'avais mis les saladiers sur la table de la cuisine. Merci ! Et t'as dormi ? Je t'ai pas vu sur le canapé en venant dans le salon.

- Je suis montée chez papy vers huit heures. Après, je sais pas, j'ai dû dormir de neuf heures à treize heures. 

- Bon. Et t'as aimé la soirée ?

- Ouais ! C'était sympa. Tes copines sont rigolotes. Rétorquai-je.

- Tant mieux ma Lylah. J'espérais que tu t'amuses."

Ma tante, mon oncle et mon cousin rentrèrent pratiquement au même moment. Ma tante était ravie de voir que la maison n'était pas sans dessus dessous, que c'était rangé, que le canapé avait retrouvé sa place initiale et que nous avions l'air d'avoir passé une bonne soirée. 

Dans le début d'après-midi, ma mère ne tarda pas à venir me récupérer. J'étais exténuée et ravie de pouvoir retrouver mon lit douillet. Malgré cette fatigue insupportable, il m'était impossible de me reposer. Je n'arrêtais pas de penser à Martin...

                                                                                          *              *              *

Durant presque toute la semaine qui a suivi, mon quotidien s'est résumé à Martin, dormir, Martin, manger, Martin, envoyer des textos au mec qui me capte pas, Martin, jouer, Martin... 

Sauf une nuit... qui m'a parue épouvantable. Mais quand je dis épouvantable... Je me suis sentie trahie comme jamais je ne l'ai été. Même le-gars-qui-me-fait-croire-qu'il-m'aime-alors-qu'il-a-quatre-vingt-conquêtes ne m'a pas autant trahie. 

Je ne saurai plus dire quel jour de la semaine on était... Ce soir-là, une de mes "amies", sur le salon de discussion, et un ami à elle discutaient tranquillement entre eux. Jusqu'au moment où j'ai dit une phrase, n'importe laquelle. Sans que je comprenne le pourquoi du comment, cette fille et ce garçon, que l'on nommera "Laeti" et "Greg" se sont mit à me dire toutes les horreurs du monde. Selon eux, je ne sers à rien, je fais ma victime, je suis inutile, j'invente ma vie... Et j'en passe. Je ne répondais rien. Absolument rien. J'ignorais. Avec ce genre de personnes, je préfère les laisser s'exciter dans leur coin plutôt que de dire quelque chose et que ça empire. Pour Laeti, je me sentais mal. Je la considérais comme une amie. Je l'aimais bien. Elle était un peu folle mais je l'aimais bien... Quant à ce Greg, je ne le connaissais ni d'Eve, ni d'Adam. 

Ils avaient arrêter un peu leur cirque jusqu'au moment où cet idiot de Max... a fait comme eux. Devant mon écran, je lisais. J'étais bouche-bée face à ce retournement de situation. Je ne comprenais absolument rien. L'effet de groupe sur internet était clairement là. La "cyberpuissance" comme j'aime l'appeler. Tout derrière l'écran mais en face, il n'y a jamais personne. 

Je laissais parler Max. J'avais rien à dire. Il avait fait débordé le vase. C'était trop. Autant vous dire que j'étais pas bien du tout ce soir-là. 

Puis, Martin a écrit quelque chose à Max, quelque chose auquel je n'ai pas réellement prêté attention. Je m'attendais au pire. Max et lui étaient tellement proches qu'avec ce retournement de situation, je pouvais m'attendre à absolument tout. Pendant une dizaine de minutes, Max, Laeti et Greg continuaient leur cinéma. Martin ne disait rien. Jusqu'au moment où une petite fenêtre lumineuse avec le pseudo de Martin s'est affichée sur mon écran. Je cliquai dessus, sans être réellement rassurée.

"*NoHope_* : Qu'est-ce qu'il se passe avec Max ? '-' Et c'est qui Laeti et Greg ?"

Il avait l'air de ne rien comprendre lui non plus... Et de ne surtout pas vouloir prendre parti à leur stupide jeu. 

"*Nesquik* : Laeti était une de mes amies. Enfin, c'est ce que je croyais. Greg, je le connais pas. Je sais pas d'où il sort. Et Max... Je sais pas. Je comprends pas non plus. Je préfère rien dire du tout.

*NoHope_* : Ne dis rien, ça vaut vraiment pas le coup. Ecoute, j'ai une idée. Ils m'ont invités tous les trois dans une conversation vocale. J'y vais, j'écoute ce qu'ils se disent et je te répète. Si ça peut t'aider à comprendre."

Je ne voyais pas tellement ce qu'il y avait à comprendre mais j'acceptai, sans trop de conviction. J'avais peur qu'ils embarquent Martin dans leur histoire. Et qu'il finisse par se retourner contre moi, lui aussi. 

Au fil de leur conversation, Martin me disait qu'ils n'arrêtaient pas de rire, que Max se fichait de moi, que Laeti disait que j'étais une pauvre fille...

Jusqu'au moment où j'ai pété un plomb et que j'ai écris en privé à Max.

"*Nesquik* : Ça t'fais rire de faire ça ? Bah rigole bien. Tu m'as donné une bonne raison de te laisser tomber. Moi qui croyait qu'on était amis et que tu tenais à moi. Mais quelle idiote ! Tu peux le répéter à tes potes, j'en ai rien à faire. Laeti, elle à qu'à se le taper mon mec puisqu'elle en rêve. Répètes-le ça aussi. De toute façon, une fille de plus ou de moins, il verra pas la différence. Bien joué Max."

J'ai dit "Merci et bonne nuit..." à Martin et je me suis déconnectée. Tellement énervée par cette bande d'immatures. Je ne veux pas faire ma victime, je déteste ça, mais il sait très bien que j'ai une phobie sociale et que ça, ça me fait perdre tous mes moyens. Il en a joué... Il m'a fait mal. 

Martin m'envoyait des tonnes d'SMS. Il voulait m'appeler, être là pour moi, me parler, me rassurer. Mais j'avais tellement peur de le perdre lui aussi... 



Dream to realityOù les histoires vivent. Découvrez maintenant