5. Explications bien méritées.

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Le cœur de Charlotte battait la chamade. Toujours adossée au mur, elle tentait de reprendre une respiration lente, cachée derrière ses grosses lunettes de soleil Prada que Lacey lui avait offertes pour leur première année ensemble.

Elle marcha un moment et finit par s'asseoir sur un banc, au soleil. Elle était un peu éblouie et avait un peu chaud mais elle n'avait pas la force de bouger. C'était impossible, ses jambes n'obéissaient plus à son cerveau. Elle sentait son sang battre fort sur ses tempes et l'entendait tambouriner dans la totalité de son corps. Elle ne savait comment agir.

Elle devait retourner chez Elise, ne serait-ce que pour récupérer ses affaires. Elle voulait des explications.

Après avoir reprit des forces et avoir mangé un petit morceau, posée dans le sable, elle était rentrée chez Elise. Elle poussa la porte de la maison. Les cris fusaient entre Elise et ses parents.

Charlotte se fit discrète et fit sa valise rapidement et sans bruits. Mais elle se figea lorsque le nom de Lacey sortit de la conversation pour arriver à ses oreilles.

Elle alla au salon, lieu de la discorde.

- Ce n'était qu'une sale lesbienne ! Je nous ai débarrassé d'un fardeau ! hurlait sa mère.
- Tu te rends compte de ce que tu dis ? C'est ma sœur putain! A cause de toi je ne sais même pas ce qu'elle devient !
- Moi je sais...

Charlotte avait décidé d'intervenir, bien résolue à avoir des explications.

- Pourquoi tu t'en mêles Charlotte ? argua la brunette.

Charlotte prit une grande bouffée d'air pour se donner de la force.

- Cette petite amie qui m'a lâchée comme une merde. C'est Lacey. C'est ta sœur.
- Y a pas qu'une Lacey sur terre !
- La photo qui est dans la chambre d'amis ! C'est elle, je le sais ! Tu me crois pas ? Tiens, regarde !

Elle sortit son téléphone et lui montra une photo de Lacey. Elise resta sous le choc. Elle se rassit et laissa des larmes silencieuses couler sur ses joues.

Charlotte prit sa valise et partit. Sans un dernier mot pour cette famille qui avait tout détruit sur son passage. Son téléphone sonna. C'était Lacey. Elle regarda longuement l'écran qui s'affichait sous ses yeux, la photo d'elles deux se montrant lorsqu'elle l'appelait.

Elle hésita, mais laissa sonner. Elle n'avait pas la force d'entendre sa voix. Il était trop tôt. Demain peut être...

Elle monta dans le premier train pour Paris. Elle s'endormit durant le trajet, ses écouteurs vissés à ses oreilles et des larmes coulant sur ses joues. C'en était beaucoup trop. Bien plus qu'elle ne pouvait en supporter.

Elle fut réveillée quelques heures après par la voix du train qui annonçait l'arrivée en gare de Lyon.

Elle monta dans le même bus qu'elle avait prit deux jours plus tôt et rentra chez elle.

Elle sortit les clés de son ancien appartement, qu'elle avait gardé pour entreposer les meubles trop volumineux et les souvenirs de famille des deux jeunes femmes.

Elle s'allongea sur le lit qui avait gardé la même place qu'il y a deux ans. Elle respira l'odeur des draps qu'elle changeait tous les mois. Il lui arrivait de prêter ce lieu à des amies à elle pour les dépanner.

Elle retrouva un t-shirt à Lacey, signifiant qu'elle était venue ici quelques jours plus tôt. Elle avait un double des clés pour venir entreposer ou récupérer des affaires qui ne tenaient pas dans leur appartement commun.

Elle alla ouvrir le frigo et y trouva des bières et du pain de mie. Un pot de Nutella était posé sur le plan de travail. Encore une preuve que Lacey était venue ici peu de temps avant Charlotte.

Son téléphone sonna a nouveau. Toujours Lacey. Elle hésita longuement, mais finit par faire glisser son doigt de la droite à la gauche de l'écran. Elle porta l'appareil à son oreille et entendit la voix de Lacey.

- Charlotte...

Ce n'était pas à pleine voix mais dans un murmure que Lacey avait prononcé le prénom de la rouquine.

- Lacey...
- Où es-tu bon sang ? J'étais tellement inquiète qu'il te soit arrivée quelque chose !

La plus jeune des deux perçut des larmes dans la voix de la plus âgée.

- Je suis chez moi, tu n'as pas à t'inquiéter.

Un silence se fit de l'autre côté du téléphone.

- Lacey ?...
- Je suis trop nulle... Je suis si stupide Charlotte !

Les yeux de la rouquine se remplirent de larmes, et l'une d'elle roula sur sa joue.

- J'ai été nulle aussi... J'aurais jamais du partir. Je suis désolée Lacey... On a toutes les deux nos torts.
- Je... J'ai besoin que tu reviennes près de moi... Je t'aime Charlotte...
- Lacey je... J'ai besoin d'un peu de temps, je... J'ai rencontré ta soeur Lacey...

Un silence se fit entendre à l'autre bout du fil. Charlotte ressentit alors comme un coup de poignard dans le coeur.

- Lac'...
- Non stop. Je ne veux pas parler d'elle. Tout le monde m'a laissée tomber dans cette "famille". Alors non, je ne veux pas en parler. C'est trop dur pour moi Cha' ... C'est tellement dur...
- Je sais Lacey... Je le sais...
- On peut se voir ? Ce soir ?
- Lac'... Je...

Charlotte prit une grande inspiration et se décida finalement.

- Je prends une douche et j'arrive. Devant chez toi ?
- Devant chez nous... Ok. Envoie moi un message quand tu arrives...

Elle se rua presque sous la douche, en sortit à peu près à la même vitesse, et s'habillait. Elle mit un bon moment à trouver ma tenue, puisque elle était à moitié heureuse de la revoir, et elle considérais ça comme une sorte de rendez vous, mais elle voulait également avoir l'air plus ou moins détaché de la situation. Finalement, elle se décida sur un jean, une paire d'escarpins et un haut un peu voilé, donc un peu transparent et "sexy". Elle attrapa un gilet et son sac à main avant de sortir de son appartement, dans le froid, stressée.

" J'arrive."

" Ok, tu veux monter ? "

" Je préfère pas. "

" Je descends. "

Peu après, elle vit une Lacey apprêtée descendre de l'immeuble. La brune voulut déposer un baiser sur ses lèvres, mais Charlotte tourna la tête pour esquiver cet accès de tendresse, après tous ces propos virulents qu'elle avait tenu à son propos.

- On y va ? questionna la plus jeune.
- Où tu veux qu'on aille ?
- N'importe où. On va dîner ? J'ai un petit peu faim.
- Ok...

Et elles marchèrent, côte à côte, durant de longues minutes.


I'm feeling lonely...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant