9. Grands discours et autant de souffrances.

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Avant de commencer, un message a faire passer a la France et au monde. nous ne nous tairons pas. nous serons plus fort. En ce jour sombre, je ne pensais pas publier, mais malgré mon soutien et mon respect, on ne se taira pas. on vaincra.

Lacey était réticente. Un peu trop. Même bien trop. Charlotte eut un fou à la faire sortir de la chambre pour parler avec sa sœur. Quand elle réussit finalement à la faire sortir de son sanctuaire, elles s'assirent toutes autour de la table, une infusion de camomille face à elles. Charlotte souhaitait détendre l'instant, mais vu l'état de tension entre les deux jeunes femmes, la camomille ne serait sans doute pas suffisante.

- Bon, si je ne vous laisse pas seules, c'est parce que je tiens à mon appartement et que je veux le garder en bon état. Mais on va parler. Ok ?
- Charlotte je...
- Non Lacey, c'était une question de rhétorique. Vous parlez, point. - Charlotte ce n'est pas une bonne idée...
- Ah mais tu ne vas pas t'y mettre aussi Élise ?! Vous êtes infernales ! Ça fait plus de vingt putains d'années que vous ne vous êtes pas vues, ni parlées. Stop les conneries. La famille c'est sacré. Moi sans ma sœur je ne serai rien. Alors Élise exprime à ta sœur ce que tu n'as jamais pu lui dire. Et Lacey, tu te tais et tu écoutes. Merci d'avance.

Les deux jeunes femmes furent stupéfaites des réactions de Charlotte, mais elles finirent par obtempérer.

- Lacey je suis sincèrement désolée. J'avais même pas dix ans, je n'ai pas compris ce que maman te reprochais. Papa est muré dans un silence de plomb depuis que tu es partie. Il faut que tu l'appelles. Tu lui manques. Et à moi aussi...
- Écoute Élise c'est beau cet idéal de famille que tu aimerais reconstruire. Mais c'est impossible. J'ai vécu quelque chose que tu ne pourrais pas imaginer. Personne ne le peut si il ne l'a pas vécu. Moi je l'ai vécu, Charlotte l'a vécu avec moi. C'est elle et moi maintenant.

Elle agrippa la main de sa compagne et entrelaça leurs doigts. C'était un soutien nécessaire à la jeune femme pour avancer en paix avec elle-même.

- Élise... Je... Au fond, je crois que je ne fais pas bien les choses. Le distinguo entre toi et maman. C'est une erreur, je sais ! Mais que veux-tu que j'y fasse ?... Je n'y suis pas pour grand chose malheureusement...
- Je comprends tu sais, je ne peux pas imaginer combien ça a pu être dur pour toi. Mais laisse moi être là pour toi maintenant.

Elle posa sa main sur celle de sa grande sœur, qui ne rechigna pas et laissa même couler quelques larmes. Élise se leva, suivie de Lacey, et elles s'enlacèrent.

- Tu m'as manquée Élise...
- Toi aussi, si fort...

Charlotte s'éclipsa finalement, laissant les deux jeunes femmes se retrouver. Elle s'affala sur son lit et sur son visage se dessina un sourire inconscient. Elle ferma les yeux un instant, se laissant submerger par la joie qu'elle ressentait. Elle les avait réunies. Enfin.

Le hasard ne fait visiblement pas mal les choses. Charlotte avait rencontré Élise. Élise avait aidé Charlotte. En retour, Charlotte aidait Élise. Rien n'était laissé au hasard.

Et évidemment, les deux jeunes femmes sortirent fêter ça avec un verre. Charlotte les laissa entre sœurs, malgré l'insistance de sa compagne pour qu'elle se joigne à elle, elle avait décliné à chaque fois.

- Retrouvez vous. Je resterai là moi. Vous en faites pas.

Les deux sœurs finirent par céder et partir dans Paris pour fêter leurs retrouvailles. Une fois la porte fermée, Charlotte regarda son téléphone et relut ce message qui m'avait tant bouleversée.

"Chérie, le moment fatidique est arrivé. Lucie est à l'hôpital. Ce sont ses dernières heures. Viens la voir, tu ne te le pardonneras jamais sinon. Je t'aime... Ta grande sœur. "

Des larmes dévalèrent ses joues sans aucun contrôle. Ça y était. La mucoviscidose l'avait emportée. Elle nous avait vaincues à force de tenter de la vaincre...

Elle alla à la fenêtre et s'alluma une cigarette. Les larmes dévalaient toujours ses joues, mais elle ne cherchait aucunement à les vaincre. Elle prit une bière, son sac et sa veste et sortit. Elle erra dans Paris et prit le premier métro pour l'hôpital où était hospitalisée sa cousine.

Il était vrai que, à se renfermer sur elle-même, elle était longtemps passée à côté de sa famille, même si celle-ci l'avait beaucoup rejetée. La vie avait été rude avec elle. Mais elle ne pouvait décemment pas laisser tomber sa cousine dans ces moments-là.

Elle arriva à l'hôpital. Sa sœur l'attendait dans le hall, les yeux brillants. Elle qui ne pleurait jamais... Elles longèrent les couloirs déserts pour arriver à la chambre de Lucie. C'en était déjà trop. Son ventre se tordit. Sa sœur lui prit la main et elles entrèrent. Voir Lucie reliée à toutes ces machines, si petite dans cet immense lit. C'était si dur.

Lucie ne parlait pas, mais tendit la main en direction de Charlotte. Celle-ci s'approcha et la saisit.

- Je ne t'abandonne pas Lucie. Je serai là. A jamais ici.

A ce mot, elle pointa le cœur de la petite fille du doigt et tapota doucement sur sa peau.

- Et tu seras toujours dans mon cœur chérie... Je t'aime Lucie, même si je n'ai pas eu l'occasion de te le montrer bien souvent. Je t'aime.
- Maintenant, je peux partir en paix... Je t'aime aussi Charlotte.

Les yeux de la petite fille se fermèrent et les machines se mirent à sonner. Un médecin les débrancha et Charlotte embrassa la petite brunette sur le front avant de partir en courant, fuyant cet endroit où l'air lui manquait de plus en plus.

Une fois dehors, elle respira un bon coup, s'adossa à un mur et se retourna finalement pour y décrocher un coup de poing majestueux. Elle frappait, elle criait, elle pleurait. Deux infirmiers tentèrent de l'attraper par les bras, mais elle se dégagea et courut jusqu'à perdre haleine. Elle stoppa sa course dans le parc près de son immeuble et y découvrit son banc, occupé par deux ados qui s'embrassaient à pleines bouches. Ce temps là, c'était quelque chose que Lucie ne toucherait jamais du doigt. Sur cette pensée, elle s'assit contre un arbre, se replia sur elle-même et pleura. Elle pleura longtemps, jusqu'à s'endormir.

I'm feeling lonely...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant