« you're all i have »

CHAPITRE 5 : "une révélation„

Les heures suivantes furent un vrai cauchemar. Tout cela était trop impossible, irréel, tout droit tiré d'un film d'horreur, pour être véritable. Mes lèvres restaient closes, mon visage tiraillé et sans expression. Il m'arrivait par moment de pousser des cris, puis d'éclater subitement en sanglots incontrôlables, presque douloureux -dans ce cas, je me serrai contre les épaules réconfortantes de l'un de mes parents.

Je ne vivais pas réellement les événements. J'étais une coquille vide, mon âme semblait s'être complêtement éteinte. Cependant, j'étais au courant de deux informations cruciales ; mon frère était bel et bien décédé -et non d'une mort naturelle, comme j'avais bien pu le deviner.

Jimmy ne s'était pas montré, je ne l'avais pas vu, ni aperçu, depuis que des infirmiers m'avaient fait sortir de force de la chambre où avait eu lieu le crime. Je me demandais où il pouvait être -est-ce que des policiers l'avaient interrogés ? lui avaient seulement adressé la parole ?

Avait-il quelque chose à voir dans le meurtre de Bill ?

J'étais assise sur l'un des fauteuils fermes et inconfortables du cabinet de police, seule, perdue dans des pensées incohérentes. Mes deux parents étaient partis signer je-ne-sais quels papiers importants et obligatoires. Ma mère ne cessait de pleurer, de murmurer des paroles tristes et désespérées. Quant à mon père, il semblait plus en colère -il avait agressé plusieurs forces de l'ordre, et était une fois allé crier dans les toilettes de la gendarmerie. De la famille était en route -ils arriveraient dans quelques heures, venant de l'état de New York lui-même.

La nouvelle avait secoué tout Saint Louis. On nous envoyait, toute les minutes, des dizaines de messages désolés, affolés, et honnêtement presque humiliants.

Aylee avait annulé son rancard de rêve pour venir de soutenir, m'apporter un réconfort inutile -rien, ni personne, n'aurait pu me consoler, à l'état dans lequel j'étais. Elle portait sa robe de fête, un maquillage grandiose, et embaumait les fleurs en pleine éclosion.

-Violet, ne cessait-elle de murmurer contre moi.

A un certain moment de la nuit, aux premières lueurs douces et prospères de l'aube, on ouvrit en grand la porte de la gendarmerie. Tout le monde se tut, guettant le moindre mouvement. Jimmy venait d'entrer, les cheveux ébouriffés, les yeux plus cernés que jamais, le visage froid et sec. Il ne m'adressa même pas un regard, se dirigeant à pas décidés vers la réception.

Je criai son nom, brisant le silence inconfortable, mêlé à un mix de tristesse et de malaise. Aylee me tenait fermement par le bras, m'empêchant de ce fait d'avancer pour me jeter dans les bras de mon bien-aimé.

Il chuchota quelque mot à un gendarme, et je ne parvins même pas à lire sur ses lèvres. Soudain, il y eut plus d'animation ; deux hommes baraqués se postèrent derrière lui, lui mirent des menottes et l'emmenèrent dans un couloir sombre et innacueillant, direction la salle d'interrogatoire.

-Jimmy ! hurlai-je en arrivant à me détacher de l'emprise de mon amie.

Il ne se retourna pas.

Le jour d'après, le verdict était tombé ; Jimmy Gates avait tué mon frère. Ils avaient fait, tout deux, la une des journaux et des émissions de télévision nationaux. Dans les reportages, on filmait des images de Saint Louis, de la gendarmerie, et même de l'immeuble dans lequel je vivais. Une voix monotone proclamait que les causes du meurtre n'avaient pas été déterminées, mais que l'assassin était bien celui que l'on pensait ; on avait retrouvé des empreintes sur l'arme du crime (un couteau de cuisine). D'autres analyses étaient à faire.

On disait aussi que Jimmy était un adolescent dérangé, timide et à l'écart des autres personnes de son âge. Il s'agissait d'odieux mensonges.

Personne ne connaissait Jimmy comme moi je le connaissais. Personne ne pouvait savoir à quel point il était attentionné, à l'écoute, et tellement aimant. Comment avait-il bien pu faire cela ?

Je me rappellerais toujours ce que m'avait dit ma mère, en pleurs, après avoir appris la nouvelle. "Les gens changent, tu sais."