CHAPITRE 2 : "réveil„

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Nous étions une légende. Nous ; notre couple. Tout les adolescents, plus âgés, ou de loin plus jeunes que nous, nous regardaient passer dans les couloirs du lycée, enviant notre magnifique couple et chuchotant de nous sans discrétion. Ce manège quotidien s'était installé à nos un an, lorsque notre relation s'était réellement concrétisée. Nous étions tellement complices -tout le temps l'un à côté de l'autre, à rire à des blagues incompréhensibles ou à s'échanger des légères messes basses. Aucun autre couple ne pouvait nous égaler, même si il faisait de grands et énergiques efforts. Nous n'avons même pas à faire d'efforts. Nous nous complétions.

J'aimais me réveiller à ses côtés, le week-end ou pendant les jours fériés. C'était justement son dos musclé que je vis, la première fois que j'ouvris les yeux, la journée où tout a changé.

Très engourdie, je me redressai sur le lit, à l'aide de mon coude. Je parvins à discerner les contours des meubles de sa petite chambre dans l'obscurité -sa commode, son bureau d'architecte bien propre où s'entassaient des paquets de feuille, sa bibliothèque design. Je baillai à m'en décrocher la mâchoire, et tendis ma jambe droite, qui vint atterrir sur la sienne. Comme chaque matin, j'avais envie de le voir, de l'embrasser, de le câliner.

Il roula vers moi, les yeux plissés. Un sourire ravageur fendait son beau visage en deux. Il avait des pommettes hautes, des fossettes adorables, et un regard vert foncé.

-Salut, grommela t-il en étirant ses bras musclés.

Je répondis par un gémissement matinal, et lui rendis son sourire. Il m'attira près de lui -ma tête reposa sur son épaule. Il m'embrassa amoureusement le front. Ses doigts s'entremêlèrent aux miens. C'était le matin, et pourtant, il embaumait déjà une odeur marine, masculine, sexy.

-Je dois rejoindre Aylee en ville dans une heure, soupirai-je. C'est-à-dire...

-Que tu ne dois pas rester trop longtemps au lit.

Je hochai la tête doucement. Il me pressa tout de même une nouvelle fois contre lui, enfonçant son nez dans mes cheveux très emmêlés et secs. Je parvins à me dégager de son étreinte, et à me lever du lit en un petit bond. Lui tentait d'émerger, sous la couette blanche. Un rai de lumière parvenait à passer dans la chambre.

-Tu dois la voir super tôt, ta copine, murmura t-il d'une voix enrouée.

-Il est onze heure.

Je me penchai pour ramasser un long t-shirt blanc que j'avais jeté par terre, la veille au soir, et l'enfilai rapidement. Je fis de même pour un jean moulant et noir, très simple et passe-partout.

-Je n'étais même pas sensée dormir ici, soupirai-je en passant aux soquettes. C'est de ta faute si je suis en retard, tu m'as retenue.

Sa tête apparut par dessus la grosse couette. Ses cheveux étaient ébouriffés par la nuit passée, ses yeux très légèrement cernés. Je mourrais d'envie de le rejoindre une nouvelle fois, mais le temps passait rapidement -mon amie habitait à Clayton, une ville très résidentielle située à quelques kilomètres de Saint Louis.

-Tu ne disais pas non, me taquina t-il gentiment.

Je lui jetai un coussin décoratif, qu'il évita avec brio. Malgré mes tentatives pour être sérieuse, un sourire se dessina sur mon visage. La veille, je désirais être sérieuse et sage, afin de rentrer chez moi sans encombres pour me lever de bonne heure le lendemain, mais une fois de plus, il avait réussi à m'attirer dans son lit.

Notre première fois s'était déroulée lorsque nous avions quinze ans -nous sortions ensemble depuis huit mois, et nous étions encore jeunes et tout émoustillés par le sujet étranger et vaste qu'était le sexe. Nous avions essayé trois fois, auparavant -toujours, il y avait un problème ; soit nous ne possédions pas de préservatif, soit nous avions très peu de temps seuls, soit nous étions tout simplement trop gênés pour passer à l'ultime acte. Nous l'avions finalement fait chez lui, dans sa jolie maison de Pine Lawn -nous avions tout préparé à l'avance, tout organisé en détails (ce qui n'avait finalement pas servi à grand chose, car nous nous étions lancé sur le coup, sur le canapé de son salon, alors que nous avions préparé de le faire dans son lit). Depuis ce jour si particulier, notre désir l'un pour l'autre n'avait pas diminué.

Une fois habillée, je me hissai sur le lit pour l'embrasser. Il me rendit le baiser, et vint même à le prolonger, passant son bras autour de ma hanche. Il se serra contre moi -je sentais son sourire sur mes lèvres. Je me détachai bon gré mal gré, et chuchotai, encore tout près de lui :

-Je dois vraiment y aller.

Il n'eut pas l'air de m'écouter, et m'allongea, me basculant sur la couette. Au dessus de moi, il se remit à m'embrasser, plus passionnément cette fois.

« you're all i have »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant