9 - Tensions

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« « Les aiguilles de pin sur le sol picotaient ses pieds nus alors qu'il marchait doucement sur elles. Un puits de lumière au centre de la forêt semblait l'attirer inexorablement comme un aimant. Ce n'était pas la lune qui berçait ce doux havre de paix dans une chaleur réconfortante, mais bien le soleil. Les feuillages denses et obscures encore au dessus de sa tête empêchaient les rayons de passer, ce qui faisait qu'il restait dans l'ombre en attendant d'accéder à la lumière. Mais alors qu'il continuait d'avancer, il lui semblait pourtant ne pas véritablement progresser jusqu'à cette petite clairière agréable qu'il apercevait à quelques dizaines de mètres devant lui. Il était frustrant de voir devant soi un lieu dans lequel nous aimerions être, mais qui nous était impossible d'atteindre.

Ses pieds finirent par s'engourdir, à force de se faire blesser par les épines et il dû se poser un instant contre un tronc d'arbre afin de reprendre son souffle. Il ne faisait que marcher, tout simplement et pourtant, c'était comme s'il venait de courir un marathon ! Il fixait toujours ce petit coin de paradis, de peur, peut-être, qu'il disparaisse le temps qu'il détourne son regard. Mais un clignement d'yeux de sa part fit que le drame se produisit et comme par enchantement, la clairière disparut sans laisser de trace, abandonnant le jeune homme dans l'obscurité. Il se redressa et inspecta la foret d'un rapide coup d'œil à la recherche d'un éventuel autre halo de lumière qui pourrait se distinguer des ténèbres ambiantes ... Mais rien d'autre que le noir de la nuit ne pu lui faire écho. Il jura en fronçant les yeux, vexé de s'être lui même fait dérober son petit puits chatoyant, mais lorsqu'il les rouvrit, il s'aperçut que, non loin de lui, le petit havre de paix était réapparu.

Stupéfait, mais n'ayant pas oublié la leçon, il s'efforça à garder les yeux ouverts alors qu'il tentait de se rapprocher encore de la lumière du jour. Les aiguilles continuaient toujours de lui lacérer ses orteils et ses talons et il se rendit compte que même en courant, le décor semblait s'allonger et ainsi, il ne pourrait jamais atteindre ce jardin de verdure luxuriante, alors qu'il s'en était tout de même rapproché. Comment allait-il pouvoir s'y rendre ? Sur l'instant, il ne su pas exactement ... Mais après un petit instant de réflexion, ayant pesé le pour et le contre, il se décida à refermer ses yeux. Une fois ses paupières relevées, sans véritable surprise, tout était redevenu noir ... Alors il avança sur quelques mètres, s'arrêta, ferma les yeux puis les rouvrit. La clairière était toute proche ! Il réitéra l'opération et lorsqu'il sentit sous ses pieds nus les aiguilles de pin céder à l'herbe tendre et fraîche de ce paradis exquis qu'il s'imaginait, il rouvrit les yeux et avec beaucoup de satisfaction, il se retrouva en plein milieu d'un vaste espace bercé par la lumière du jour.

Cette luminosité soudaine lui fit plisser les yeux, mais comme par reflex, il s'empêcha de les fermer totalement, maintenant enfin arrivé là où il voulait, en plein soleil, au milieu d'un tapis de verdure fraîche. Depuis quelques temps déjà, il espérait trouver autre chose que de la brume et des ténèbres dans cette maudite forêt ... Et il y était enfin parvenu. Il était là, seul, dans un cadre enchanteur, à présent allongé dans l'herbe abondante et douce, appréciant comme il se devait cet instant de bonheur à l'état brut. Mais bien évidemment, qu'est-ce qu'aurait été un moment de telle satisfaction sans quelque chose qui puisse noircir le tableau ! Car, alors qu'il détournait son regard d'un paisible bosquet de fleurs où des roses semblaient se pavaner et montrer à toutes les autres qu'ici elles étaient les plus belles, ses yeux vinrent se poser sur une silhouette qui se détachait d'un buisson de roseaux près d'un petit lac, où une cascade crachait gracieusement une eau aussi translucide que du cristal. Cette forme, qui à première vue ne semblait en rien effrayante, lorsqu'elle s'approcha, fini par prendre tout de sa dimension épouvantable, alors qu'il reconnu une personne qui non seulement l'intriguait beaucoup, mais qui lui aspirait la plus grande crainte et le plus grand effroi.

Lay Down in a Bed of RosesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant