Chapitre 5

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Il fallut un moment à Torrance pour comprendre ce qu'il venait de dire. Enfin elle hocha la tête, lui signifiant qu'elle acceptait. Mason émit un long soupir. Au même instant, il sentit monter en lui un sentiment violent, mélange d'impatience, d'attente et... de bien plus encore. Evidemment, il la désirait physiquement, impossible de le nier. Mais il y avait autre chose, quelque chose qui le perturbait.

- Une fois qu'on sera là-bas, qu'est-ce qui va se passer ? demanda-t-elle.

Mason tenta de retenir le sourire vorace qui naissait sur ses lèvres, mais en fut incapable. Il ne parvenait plus à déguiser sa voix, maintenant haletante et brisée, et les beaux yeux inquiets de la jeune femme s'écarquillèrent d'émotion.

- Le plus important, c'est que tu y arrives en un seul morceau, Tor. Ensuite, on verra.

- Ça me plaît que tu m'appelles Tor, dit-elle. Personne ne m'a jamais appelée comme ça.

Elle se tut soudain, visiblement étonnée de sa propre confession, et il la regarda avec plus d'attention. La veille, elle lui avait paru très sage avec sa tresse d'écolière, mais aujourd'hui, ses cheveux ondulaient sur ses épaules en une masse soyeuse d'un roux intense. L'envie le prit soudain de voir ces cheveux flamboyants éparpillés sur l'oreiller, Torrance allongée nue sous lui, ses yeux embrumés de plaisir... La force de cette image érotique lui coupa presque le souffle. L'instant d'après, il se reprit, et un sourire narquois flotta sur ses lèvres. Décidément, cette femme avait un étrange pouvoir sur lui.

- Tu te rends compte que ça va être dur pour moi ?

- Quoi donc ? demanda Torrance.

Il la parcourut lentement du regard en essayant d'oublier les sourds battements de son cœur.

- D'être près de toi, murmura-t-il.

- Ah.

Dans ce simple mot, il y avait de la peur et de la réserve, mais aussi de la curiosité, nota Mason, ainsi qu'une petite note de satisfaction.

Il souhaita de tout son cœur être capable de se maîtriser.

Elle paraissait si fragile, si petite et menue à côté de lui ! Comparé à elle, il avait un peu l'impression d'être un géant, mais, bizarrement, cela ne faisait que l'exciter davantage. Depuis le premier jour où il avait satisfait les besoins sexuels de son corps, Mason avait résolument évité les femmes de ce genre. Il se sentait maladroit en leur présence, et il n'arrivait jamais à oublier qu'il pourrait leur faire mal si jamais il perdait sa maîtrise de soi.

Mais, cette fois, c'était différent.

Cette fois, au contraire, l'aspect primitif de sa nature prenait le dessus, éveillant en lui des fantasmes qui rougeoyaient dans son esprit comme autant de charbons ardents.

A ce moment, Jeremy s'approcha d'eux, montrant la montre en argent qu'il portait au poignet.

- Il est tard. Si vous êtes prêts, on ferait mieux d'y aller.

- O.K., acquiesça Mason. On s'en va.

Son coéquipier avait raison, mieux valait gagner la montagne avant la nuit tombée.

Un instant plus tard, ils s'engouffraient tous les trois dans le 4x4. La boue séchée qui maculait le pare-chocs et les roues semblait confirmer que les deux hommes venaient bien de la montagne. A l'intérieur régnait une odeur de cuir, mélangée à un parfum viril et musqué. Torrance respira profondément ce cocktail primitif et enivrant auquel se mêlaient les senteurs terreuses de la forêt. Cela lui évoquait un monde totalement différent de tout ce qu'elle avait connu jusqu'ici. Jeremy avait proposé de prendre le volant... et avait eu un rire étouffé lorsque Mason était monté à l'arrière avec Torrance. Les longues jambes et les épaules larges de son voisin donnaient à la jeune femme le sentiment d'être presque à l'étroit.

L'empreinte du loup | RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant