Chapitre 6

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Le 4x4 bondit en avant, mais, bien que Jeremy eût le pied au plancher, il lui fut impossible de distancer les démons qui les poursuivaient. Les hurlements continuaient à s'élever du couvert des arbres, à hauteur de la voiture. La route montait, de plus en plus raide, serpentant entre les bois baignés de soleil.

Au détour d'un virage que Jeremy négocia trop rapidement, Torrance se retrouva projetée contre la portière. Avec un juron, Mason la ramena sur la banquette. Elle tenta de s'agripper à la poignée; mais, l'instant d'après, un arbre s'écrasait avec un bruit tonitruant juste devant la voiture. Jeremy freina de toutes ses forces. La voiture s'arrêta dans un crissement métallique.

- Les salopards ! Ils nous coupent la route, s'écria Jeremy en frappant le volant du plat de la main.

Il se retourna pour regarder par la lunette arrière du 4x4.

- Ils en ont fait tomber un autre à cent mètres derrière nous. On va devoir se battre si on veut sortir d'ici.

Un nouveau hurlement, beaucoup plus proche cette fois, s'éleva des arbres qui bordaient la route. Un souffle de vent rabattit des branches basses sur le toit de la voiture et les fit crisser contre le métal. Torrance fut prise d'une terreur muette et elle comprit que Mason le sentait. Il l'attira contre lui et posa un baiser rapide sur ses lèvres.

- Tor, je veux que tu t'allonges au sol et que tu ne sortes pas de la voiture, quoi que tu puisses entendre.

Le contact des lèvres de Mason lui avait donné le vertige, mais elle réussit à articuler :

- Qu'est-ce... qu'est-ce qui se passe dehors ?

C'était là une question de pure forme, car elle savait fort bien ce qui se passait. Mais elle n'était pas prête à accepter la réalité, à savoir qu'ils étaient cernés par d'horribles créatures, des loups-garous mangeurs d'hommes, tout droit sortis de ses pires cauchemars.

Mason repoussa une mèche de cheveux plaquée contre la joue de Torrance.

- Ne t'en fais pas, dit-il. Jeremy et moi, on a l'habitude de gérer ce genre de situation. Crois-moi. Il est hors de question qu'il t'arrive quelque chose.

Elle essaya de sourire mais ses lèvres se mirent à trembler.

- Qu'est-ce que je dois faire ?

- Exactement ce que je viens de te dire. Rester couchée et ne pas faire de bruit.

- Tu ne peux pas appeler quelqu'un à l'aide ?

- On n'a pas le temps, dit-il d'un air sombre.

- Je... Tu peux me prêter une arme ?

- Je ne porte jamais d'arme quand je vais en ville, et de toute façon, mon ange, cela ne te servirait à rien.

Il se retourna vers elle et lui caressa la joue d'un geste tendre qui contrastait avec la colère gravée sur son visage.

- Les balles nous ralentissent, mais elles ne peuvent pas nous tuer. Nous perdons du sang si nous sommes gravement blessés, mais la seule manière de nous exterminer est de nous briser la colonne vertébrale ou de nous décapiter.

Il lui fit un clin d'œil, et ajouta d'un ton plus léger :

- Si jamais tu te demandais comment te débarrasser de moi, tu le sais maintenant.

- C'est noté, dit-elle avec un rire mal assuré.

Il se tourna vers la portière, mais elle lui attrapa le bras et s'agrippa au muscle ferme qu'elle sentait sous la flanelle douce de sa chemise.

L'empreinte du loup | RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant