L'Amarante

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« Mais qu'est-ce que je fous là ? »

Entre le cocktail rance de centaines de sueurs entremêlées, les dizaines de corps la percutant sans ménagement et la musique réduisant ses tympans en bouillie, les sens d'Anna étaient saturés à l'extrême. Les bras croisés contre sa poitrine, elle cherchait à se réfugier dans un coin au calme où elle pourrait enfin respirer sans avoir l'impression de porter un corset six tailles trop petit.

Pourquoi avait elle accepté de venir déjà ? Oh oui, c'est vrai, cette fichue pression sociale. Tu verras, l'Amarante c'est trop trop bien, avaient promis Véronique et sa clique entre deux gloussements. Anna savait pertinemment que Miss Parfaite l'avait invité, elle, le vilain petit canard dont tout le monde se moquait, pour lui servir de faire valoir. Après tout, n'importe quel groupe de filles digne de ce nom à besoin d'une mocheté pour faire passer ses selfies de potable à bombasse sans Photoshop. Malgré ça, elle n'avait pas su refuser. S'il lui fallait sacrifier les dernière gouttes de son amour propre pour rendre un tant soit peu tolérable son année dans ce nouveau lycée, ainsi soit-il.

D'ailleurs, quand on parle du loup, Véronique se frayait un chemin jusqu'à elle dans la foule. Même ça, elle le faisait avec grâce, le vieux barbu tout la haut faisait vraiment du favoritisme. Approchant ses lèvres luisantes de gloss de son oreille, la belle hurla.

- Alors, génial non ?

- Ouais, c'est super, répondit Anna en affichant son plus faux sourire.

- Quoi ?

- Je disais que c'est super ?

- Mais trop, allez, viens danser, il y a plein de mecs craquant !

"Anna l'âne", danser avec des mecs mignons ? Ah ah ah, c'était la vanne du siècle. Elle se moquait d'elle, comme toutes les autres mais Anna n'allait pas gâcher tous ses efforts en le faisant remarquer. De toute façon, Miss Parfaite n'attendit même pas de réponse ; Elle disparaissait déjà dans la foule, ses cheveux blonds dansant au rythme de son popotin moulé dans une robe de soie noire. Ce détail lui fit grincer des dents. Elle, elle ne portait qu'une robe d'été à motif floral, la seule à peu près présentable qu'elle possédait et qui dissimulait une partie de ses bourrelets. Mais bon, ce n'était pas comme si elle comptait infliger le spectacle de sa graisse ondulant à chacun de ses mouvements à un mâle en rut, très peu pour elle.

Après force coups de coude, Anna dénicha enfin un coin tranquille à l'écart. Quitter la chaleur des corps compactés lui fit l'effet d'une bouffée d'air frais. Essuyant la sueur qui coulait de son front, elle s'assit lourdement sur un canapé en skai en tâchant de ne pas lancer d'œillade au couple à deux doigt de copuler juste à côté. Le visage masqué derrière une de ses mèches brune, elle soupira. La soirée promettait d'être longue.





L'ange blancOù les histoires vivent. Découvrez maintenant