Décision

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Ebénezer n'avait pas peur, tout au plus était-il contrarié. Ce n'était pas la première fois que quelqu'un menaçait de lui tirer dessus, à vrai dire, ce ne serait même pas la première fois que quelqu'un lui tirerait dessus. L'expérience était certes désagréable mais rien que son âme, fraîchement nourrie, ne saurait réparer. Il avait de toute façon trop d'influence sur le conseil restreint pour que l'Inquisition aille plus loin qu'une punition minime. Pour ne froisser personne, il jouerait le jeu, résisterait vaguement et finirait par leur offrir sa confession.

Le sbire d'Azael pressa la détente. la déflagration assourdissante explosa contre ses tympans, transformant les sons lointains de la musique électronique en sifflement continu. L'odeur âcre de la poudre mêlée à celle métallique du sang, envahit la loge. Ebénezer avait fermé les yeux, un de ces réflexes animal incompréhensible qui le fascinait, comme si ne pas voir l'arme la rendait soudainement inoffensive. La douleur se faisait attendre.

Ebénezer ouvrit les yeux. L'homme de main regardait le sol, incrédule, son pistolet fumant à la main. Il n'eut pas besoin de baisser la tête pour comprendre. Vibrant contre son âme, il percevait les battement du cœur de sa proie, le seul pouls de toute la pièce, qui s'éteignaient doucement.

L'outre à sang s'était interposée, l'imbécile.

- On dirait que tu aurais mieux fait de complètement la saigner celle là finalement, hein face de cul ? J'espère au moins qu'elle n'est la fille de personne d'important sinon ça sera double taf pour nous et double punition pour toi.

Le sacrifice de cette catin était parfaitement inutile. De quel droit avait elle pris cette décision seule ? Elle aurait encore pu le servir. Heureusement, il en trouverait d'autres, moins stupide, cela ne faisait aucun doute. Pour ce qui était de l'irremplaçable tapis persan qu'elle souillait de son sang, c'était une toute autre histoire.


L'ange blancOù les histoires vivent. Découvrez maintenant