En route

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-Il est hors de question que tu partes pour Ville-Royale pour poursuivre ce rêve totalement stupide! C'est de la désillusion, jeune homme!

Mon père venait de me couper net dans mon élan.

-Mais père je t'en supplie, c'est le seul moyen pour que je réussisse à entrer à l'académie et devenir chevalier!

-Ah oui? Et que comptes tu faire si ils te refusent tout de même?

-Ils ne me refuseront pas! Je leur prouverai à quel point je suis courageux!

- Jacob Braveheart, j'en ai assez de tes enfantillages! Tu prendras la ferme, tu te marieras et tu vivras une vie normale et respectable, un point c'est tout.

Sans dire autres choses, il fit volte-face et se dirigea vers le champs.

Je n'en croyais pas mes oreilles. La dernière chance qu'il me restait venait de partir en un coup de vent, portée sur la voix de mon père, comme une feuille sur la brise automnale.

Minerva sortit du buisson dans lequel elle se cachait, l'air complètement outrée. 

-Non mais pour qui il se prend celui-là? 

Elle se mit à voleter à une vitesse incroyable autour de ma tête en vociférant une foule d'autres choses, qui ne seraient pas raisonnables de répéter.

Elle se calma finalement et vint s'asseoir sur mon épaule, qui était visiblement devenu son perchoir favori. Elle semblait plus affectée par la décision de mon père que moi. 

-Mais qu'est-ce que tu vas faire maintenant?

-Je ne sais pas, avouai-je

Je décidai de me remettre au travail. Rester planté là ne m'avancerais à rien. Peut-être était-il seulement temps que je me fasse une raison: jamais je n'apprendrais à me battre à l'épée, jamais je je ne sauverais de pauvres villageois; jamais je n'honorerais la mémoire de ma mère. 

J'avais une profonde envie de frapper dans quelques choses, mais tout ce que j'avais pour occuper mes mains, c'était une stupide bêche, pour retourner de la terre, sur une ferme tout aussi stupide. Une larme coula, mais je reniflai. Allez Jacob, les hommes ne pleurent pas. 

Minerva ne disait rien, elle était assise sur une pierre et contemplait pensivement un scarabée qui passait par là.

Le seul son qui venait interrompre le lourd silence de nos pensées était le bruit de ma bêche retournant le sol à un rythme régulier. Je finis par rompre ce silence:

-Je crois que j'irai tout de même.

-Mais de quoi parles-tu? me questionna la petite fée.

-À Ville-Royale. J'irai tout de même et au diable les interdictions de père.

-Tu es sûr? Après tout, ton père n'a peut-être pas tort tu sais, on se sait même pas si tu arriverais à leur prouver que tu mérites d'être chevalier.

-Mais c'est toi qui m'as dit que je devrais y aller!

Elle soupira:

-Je sais ce que j'ai dit, mais je ne voudrais pas que tu fasses l'erreur que j'ai moi-même commise.

-Je préfère commettre une erreur que de ne rien faire et passer le reste de ma vie à me dire que j'aurais dû y aller.

-Si tu le dis. Après tout, tu sais ce qu'on dit: «Qui ne tente rien n'a rien.»

-Exactement! Approuvai-je, regagnant mon ardeur.

-Alors, on part quand? me lança-t-elle malicieusement

L'Académie des chevaliersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant