Deuxième pétale

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Les yeux un peu rougis, la gorge douloureusement sèche, les membres ankylosés, une trace encore visible sur ses fins poignets, Baekhyun tenta de se relever en position assise au milieu de ses draps défaits. Il regretta de suite. Ses reins le lançaient et lui tirèrent une grimace. Ses yeux se plissèrent face à la lumière qui rentrait paisiblement dans sa chambre. Ses mains vinrent frotter ses paupières encore endormies, puis se placèrent sur son matelas pour qu'il se glisse hors de son lit. Ses jambes le conduisirent vers l'entrée de la pièce mais ne supportèrent bien vite plus son maigre poids. Un soupir las franchit ses lèvres alors qu'il était étalé au sol de manière lamentable. Il se retourna difficilement sur le dos et posa son regard vide sur le plafond.

Quand est-ce que ça avait commencé ? Baekhyun ne s'en rappelait même plus. L'intrusion de Jongin dans sa vie n'avait pas été brusque, ni soudaine. C'est à peine s'il s'en était rendu compte. C'était arrivé lentement, doucement, sans précipitation. Le courant placide du vent les avait menés l'un à l'autre. Mais maintenant, il commençait à douter.

Il commençait à douter de ces petits regards lancés à travers la foule, et d'autres, plus appuyés, lorsqu'il y avait moins de monde. De ces légers signes de tête pour saluer l'autre alors que trop de personnes encerclaient le petit blond. De ces rencontres maladroites au détour des couloirs. De ces confidences livrées au beau milieu de la nuit. Mais à présent, il se rendait compte que seul lui avait fait part de ses faiblesses, de ses craintes. Sans le savoir, il avait donné tous les outils à Jongin pour pouvoir le détruire. Il n'ignorait désormais plus aucune de ses failles, alors que lui, ne savait rien du grand brun. Il connaissait l'existence du masque Byun Baekhyun, et derrière, il n'y avait que Baekhyun, lui et seulement lui. Un petit être au départ éperdument amoureux et qui, maintenant, avait toutes les peines du monde à se sortir de là.

Le souvenir de belles paroles le berçait doucement alors que de faibles rayons venaient chauffer sa peau glacée en passant à travers les rideaux. Il oubliait peu à peu la douleur, là, couché à même le sol. Le brouhaha du dehors ne lui parvenait que légèrement. Ce vacarme se glissait doucement dans ses oreilles pour être finalement réduit en silence. Un mal de crâne le menaça, mais il n'y prêta guère attention, se focalisant uniquement sur sa respiration. Il n'avait pas beaucoup dormi depuis que Jongin était reparti chez lui et le sommeil le guettait dangereusement. Un mince sourire prit place sur son visage alors qu'il savait qu'il aurait encore plus de courbatures en se levant, mais il était si fatigué. Il n'avait pas la force de lutter et n'en avait pas l'envie. Il laissait tout couler, ne changeait jamais rien. Son esprit embrumé lui accorda alors un moment de répit.





Baekhyun grogna quand le reflet de la lumière sur sa montre jetée au hasard la veille lui avait brulé le visage un peu trop longtemps. Il se releva maladroitement mais sa tête lui rappela de ne pas se brusquer. Comme il l'avait prédit, ses membres engourdis ne le laissèrent que difficilement accéder à son salon-cuisine. Un mur bien aimable accueillit son dos alors qu'il avait manqué de tomber. Pour la deuxième fois de la journée, un soupir lui échappa. Il porta son regard sur son appartement toujours aussi vide. Terne. Silencieux. Froid. Puis une petite touche de gaieté, qui tentait de se faire une place dans cette pièce à l'ambiance maussade et à l'air plus lourd que du plomb. Un petit bouquet qui combattait du mieux qu'il pouvait cette atmosphère pesante.

Les fines mains du petit blond tremblaient. De froid peut-être. Lequel ? Celui qu'il ressentait sur sa peau et faisait hérisser ses poils ou bien celui incrusté au plus profond de son être ? Celui qui ne le quittait jamais, qui s'était niché en lui depuis peu et qui l'empêchait de se réchauffer. Il fallait tenter quelque chose. Café. J'ai besoin de café, je crois. Il contourna la table de la cuisine pour préparer de quoi se réveiller et peut-être lui amener un peu de réconfort. Il fouilla dans ses tiroirs, dans ses étagères, ses placards. Tous plus vides les uns que l'autres. Il devrait penser à les remplir. Rien. Pas de café. Un bourdonnement infâme prit place dans ses oreilles. Il se les boucha, en vain. Ces fichus maux de tête revenaient. Silence ! Mais le bruit s'intensifia. Ça l'oppressait. Il sentait sa respiration s'accélérer. Il fallait qu'il sorte d'ici. Cet endroit où tant de mauvais souvenirs se mêlaient à ses pensées déjà un peu trop brouillonnes. J'étouffe, ici. Ses yeux s'accrochèrent à ces petits pétales bleus. Ça le rassurait un peu. Mais la réalité ne tarderait pas à venir torturer son faible esprit. Un peu d'air lui ferrait sûrement du bien. Oui, c'est ça, de l'air.

Kamala (ChanBaek)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant