Kamala (ChanBaek)

Cinquième pétale

Baekhyun avait dormi longtemps. Il ne savait pas combien d'heures exactement, mais beaucoup. Quelque rayons traversaient ses rideaux et venaient cruellement s'écraser sur son visage. Il ne voulait pas se lever. Il était encore un peu bouffi, mou. Il se plaisait dans ses draps emmêles. Cela faisait maintenant un petit moment qu'il s'était réveillé pour une première fois. Mais il s'était détaché, enfui plutôt, de la réalité assez rapidement pour retomber dans son sommeil.

Un sommeil cette fois interrompu. Par quelques flashes. Des rêves ? Des souvenirs ? Aucune idée. Ça tournait en boucle et le moindre fait semblait durer une éternité. Parfois c'était un sourire. Maternel. Alors apparaissait un petit gamin qui rendait ce sourire. Mais cette expression rassurante et aussi douce que les ailes d'un papillon se fanait peu à peu. Brûlait. Peut-être que l'enfant commençait à pleurer à cause de ça. Mais il se stoppait bien vite. Il avait peur. Une peur un peu enfantine que l'on ressent quand on ne veut pas que maman et papa se fâchent. Alors il se taisait. Il recevait tout de même un regard empli de reproches. Tout lui semblait un peu flou.

Parfois ça sentait bon. Le gamin suivait cette odeur qu'il reniflait avec gourmandise. Et il découvrait un dos rassurant, affairé aux les fourneaux. Il s'approchait. Mais il ne devait pas trop avancer. Il ne savait pas pourquoi, mais son petit cœur innocent lui criait de rester distant. Maman va encore me gronder si je fais quelque chose de pas bien. Il marchait le plus silencieusement possible et se mettait sur la pointe des pieds pour voir ce qu'elle faisait. Elle ne le remarquait pas tout de suite, mais elle finissait par sursauter. Il semblait au petit que quelque chose tombait, alors, par reflexe, il se protégeait avec ses petits bras. Chaud. Maman criait. Elle n'était pas contente. Elle l'attrapait par le poignet. Pas la petite pièce ! Il se sentait tiré. Pas ça ! Il se retenait de pleurer comme un grand garçon, peut-être que maman serait fière de lui, alors. Mais la porte claquait. Non ! Pas encore ! Alors les larmes coulèrent sur ces petites joues rebondies.

Les mêmes scénarios et d'autres encore se répétaient inlassablement.

Ses cheveux fins lui cachaient un peu la vue - pas qu'il y ait grand-chose à voir à propos du plafond de son actuelle chambre. Sa main vint la lui boucher un peu plus. Peut-être qu'ainsi, il ne verrait plus cette laideur qui l'entoure. Il se remémora brièvement ces souffles à desseins obscènes dans le métro. Et il appuya un peu plus sur ses yeux. Il la bougea un peu, la tourna, l'examina. L'autre la rejoignit. Il longea ses veines bleutées bien visibles de ses longs doigts. Ses yeux vitreux suivaient le même chemin, minutieusement. Mais il ignora volontairement ces traces désormais blanches qui craquelaient sa peau fragile. Il devait se lever.

Café.

Une nuée de gouttelettes microscopiques venaient se poser sur son visage alors que le petit blond regardait ce liquide brun bienfaiteur. Il amena le rebord de sa tasse à ses lèvres et une douce chaleur se répandit en lui. Il soupira de contentement, passant sa langue à la commissure de ses lèvres humides. Que serait ma vie sans cette merveilleuse chose qu'est le café.

En face de lui, au milieu de la table, trônait une fleur presque fanée, qui luttait encore et encore dans cet air vil. Mais elle continuait de dépérir au fil des secondes, sans vraiment pouvoir changer quelque chose à son état déplorable. Elle n'avait pas la capacité de faire quoi que ce soit pour survivre alors, résolue, elle se laissait juste mourir. Baekhyun la contemplait. La situation lui semblait bien familière, mais il ne voulait pas vraiment y réfléchir.

Un petit son détourna son attention de la cuisine et son regard se porta vers la provenance du bruit. Dans le salon. Il abandonna à grands regrets sa tasse de café pour se diriger vers l'autre pièce. C'était une sonnerie. Mon téléphone. Le petit blond grimaça, peu sûr de vraiment vouloir le retrouver. Il se résigna à fouiller l'endroit et finit par trouver l'appareil caché derrière un coussin de son canapé. Ses yeux s'agrandirent quand il vit le nombre d'appels en absence, de messages vocaux et de rappels à l'ordre de Jongin. Il dicte ma vie. Il se laissa tomber sans douceur dans un fauteuil. Quelle belle journée en perspective.