Kamala (ChanBaek)

Quatrième pétale

Sa chaise grinçait. Ce petit son exaspérant venait torturer les oreilles de Baekhyun. Le sort semblait s'acharner sur lui. Alors qu'il tentait de ne plus se dandiner, tous les bruits qui l'entouraient étaient décuplés. Il porta le regard sur l'horloge au fond de la pièce, tic-tac, et suivait consciencieusement le trajet des aiguilles. Tic-tac. Ca résonnait, aussi bien dans le cabinet que dans sa tête. Tic-tac. Il savait qu'il allait finir par exploser, mais ne pouvait s'empêcher d'être hypnotisé par ce tapage répétitif. Tic-tac. Le blond, sous ses frêles allures, était une petite bombe qui allait éclater si elle n'avait pas son quota de sommeil.

Il se força à diriger toute son attention vers la personne qui lui faisait face. Il ne tenait pas à finir en lambeaux. C'était d'ailleurs pour ça qu'il se trouvait ici, sur cette chaise qui grinçait au même rythme que les secondes. Son esprit était à présent focalisé sur le grattement rapide d'un stylo sur une feuille d'ordonnance, entrecoupé du petit cliquetis qu'émettait la souris d'un ordinateur dernier cri et du tapement des doigts de son médecin sur les touches du clavier.

Le jeune garçon ne devait pas ressembler à grand-chose. C'était d'ailleurs sûrement pour ça que son vis-à-vis avait accepté de lui prescrire des médicaments ainsi que quelques jours de repos. Sans cette mine atroce, il ne serait qu'un étudiant cherchant un prétexte pour manquer les cours. C'était ce que tous les autres patients encore présents dans la salle d'attente avaient pensé, jusqu'à ce qu'ils remarquent son manque de réaction.

C'était son voisin qui l'avait ramené à la réalité en lui donnant un coup de coude sans la moindre douceur. Il devait être bien pressé pour agir ainsi, ou peut-être était-il sur les nerfs. Des regards désapprobateurs et indignés lui avaient été lancés par des femmes témoins de la scène. Baekhyun ne s'en était pas formalisé –l'avait-il seulement remarqué ? – et avait suivi la personne venant le chercher. Son allure fantomatique n'avait échappé à personne, pas plus qu'au médecin qui lui avait tout de même broyé la main sans ménagement. Ils s'étaient assis, et c'est là qu'avait commencé l'enfer auditif du plus jeune. Tic-tac.

Il avait répondu à quelques questions dont il ne se rappelait déjà plus rien. L'autre avait bien vite compris, au vu de ses yeux absents et de ses paroles manquant cruellement de sens, que continuer cette discussion n'aurait mené à rien. Alors il avait commencé à remplir sa paperasse, en abandonnant le blond avec ses tourments intérieurs, esclave du silence.

Sans même qu'il ne s'en rende compte, l'entrevue s'était terminée sur une nouvelle poignée de mains et un « Faites attention en rentrant. ». Par politesse ou par souci réel, ça n'avait aucune importance. Il se contenta d'acquiescer faiblement et rejoignit des rues qui lui étaient peu familières. Métro.

L'odeur de nicotine vint lui picoter les narines alors qu'il descendait lourdement les marches crasseuses d'un escalier menant aux sous-sols de la ville. Il s'en rendait à peine compte. Son cerveau en état de veille ne lui permettait pas de percevoir ce genre de chose. Il faillit même poser sa main sur la rampe à sa droite, mais par un miraculeux réflexe, la retira juste à temps. Il afficha une moue de dégout. Ne jamais toucher ce genre de chose. Ses parents lui avaient répété mille et une fois que les lieux publiques étaient parfois des plus insalubres.

Le petit blond avançait mécaniquement. Il ne se contrôlait presque plus. Du moins pas consciemment. Il marchait, mû par une force inconnue. Celle qui ne désirait que rejoindre ses draps moelleux. Il bouscula plusieurs personnes en entrant dans le métro. Aucun des grognements des autres passagers ne lui parvint. Il ne remarqua qu'une chose. Plus de place assise. Il tendit faiblement un bras vers un point d'accroche avant que l'engin ne démarre. Cela ne l'empêcha pas de tanguer et d'écraser quelques pieds au passage.