Kamala (ChanBaek)

Troisième pétale

Les cheveux encore tout ébouriffés, les yeux à moitié fermés témoignant de son réveil récent, vêtu d'un simple pull qui lui arrivait mi-cuisse, Baekhyun courait d'un bout à l'autre de sa petite chambre. Son sac de cours manqua de le faire trébucher alors qu'il s'affairait à préparer ses vêtements et à trouver un emplacement discret. Ce dernier serait destiné à accueillir son paquet de cookies à moitié vide. Derrière une pile de vêtements, ça fera l'affaire. Il ne tenait pas à ce que Jongin tombe dessus lors de sa très probable venue après les cours.

Baekhyun était sa chose après tout. Juste sa chose. Une jolie poupée. Calme et docile. Qui ne discutait jamais rien. Mais il n'en avait de toute façon pas la force. Entrouvrir ses fines lèvres, même de la manière la plus légère qui soit, et laisser échapper son mécontentement était bien trop dur pour le petit blond. Il était bien trop faible pour lutter. Trop fragile pour résister. Trop lâche pour riposter. Alors il laissait tout couler. Et cette sensation de vulnérabilité, d'être en dessous de tout, lui collait désagréablement à la peau.

Il secoua vivement la tête pour faire déguerpir ces idées mornes.

Aujourd'hui, il devait être heureux. Pas nécessairement le montrer. Juste l'être. Ses biscuits l'avaient gentiment aidé à remplir son ventre – de vieilles conserves abandonnées au fin fond d'un placard s'étaient bien aimablement proposées, mais Baekhyun s'était vu obligé de refuser poliment, au vu de la date de validité.

Aujourd'hui était un jour spécial. Un jour qui démontrait l'extrême bonté de ses parents à son égard. Un peu d'argent. Par acquis de conscience. C'était là la preuve de tout l'amour qu'ils lui portaient. Mais ce n'était certainement pas son ventre qui allait rechigner cette aide si bien venue. Le gargouillis qui s'éleva dans la pièce semblait être du même avis.

Il enfila rapidement son pantalon, sautillant maladroitement jusqu'à se cogner le dos contre son armoire. Il ne s'en formalisa pas pour autant et, sac sur l'épaule, se précipita dans l'entrée pour lacer ses chaussures, sans oublier son petit trousseau de clés. Une fois, pas deux.

En claquant la porte, il frissonna à cause du souvenir d'une nuit fraîche passée sur son palier en pleines fêtes de fin d'année, le concierge de l'immeuble ayant bien évidemment passé la nuit dans la maison familiale.

Il ne put s'empêcher de courir –l'appel de la faim oblige – le long du couloir, dépassant l'appartement mitoyen au sien. Baekhyun avait la chance d'avoir des voisins silencieux –il douta même les avoir vus un jour. Eux ne pouvaient malheureusement pas dire la même chose. Le rouge monta jusqu'à ses oreilles, honteux du spectacle auditif qu'il avait pu offrir à maintes et maintes reprises à ces pauvres gens.

Une fois devant la boite aux lettres, il enfourna sa paie dans son sac et sortit à l'extérieur. Peu de personnes étaient alors présentes dans les rues. La ville s'éveillait à peine, et beaucoup regardaient le petit blond suspicieusement, sûrement à cause de ses pas guillerets. Il arriva à la terrasse d'un café tout juste ouvert.

Il s'installa bien confortablement de sorte à pouvoir observer la rue. Il passa, à son plus grand bonheur, commende. Le serveur semblait légèrement déconcerté par le sourire éclatant du jeune garçon. Sa mâchoire allait se décrocher sous peu, il semblait bien s'en ficher. Alors il tourna les talons et alla chercher ce café réclamé avec tant de joie et d'impatience.

Le petit blond soupira de contentement. Aujourd'hui, il aurait sa dose de caféine. Enfin. Il balada ses yeux de personne en personne, tentant de se calmer un minimum. Il devait paraître fou aux yeux des autres. Le teint pâle, livide même. Des poches bien marquées –et impossibles à camoufler – maquillant son regard qui ne savait plus rester fixe. La tête qui bougeait de tous les côtés, attirée par le moindre mouvement, le moindre bruit. Le pied qui trépignait d'envie et d'empressement. Les mains qui tripotaient, retournaient, inspectaient tout ce qu'elles trouvaient. Il paraissait fou mais il était heureux. Il était moins malheureux que d'habitude du moins.