I.

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 - Nina -

Le plus grand hôpital de psychiatrie, Radley, m'a offert une place de stagiaire dans leur institut, pour combler et rendre mon rêve réalité. J'ai trois semaines pour faire mes preuves et je compte bien tout donner pour être acceptée, car tout le monde n'a pas cette chance, je n'aurais plus d'opportunités comme telle.

Ce genre de comportement m'attrait, me fascine. Peut-être est-ce de devoir soigner les gens, afin de ne pas limiter l'humanité? Ou alors est-ce le fait de changer quelqu'un, en marge de la société, en quelqu'un d'acceptable pour eux ? Sincèrement je n'en sais rien, mais ça me passionne. J'aimerais tellement pouvoir réussir à donner de la vie dans leur monde, ce n'est pas leur faute, ils n'y sont pour rien. Je pourrais même me considérer comme étant futuriste, voulant changer ce monde, si cruel, qui rejette ses propres pions, faute de perdre la partie contre la vie.

             – Mademoiselle Hale, vous êtes la meilleure dans votre domaine à l'Université, vous n'avez aucun problème avec la discipline et vous êtes major de votre promotion. Je dirais même promue à un bel avenir. Voilà pourquoi vous serez en stage chez nous durant trois semaines. Lors de votre essai vous devrez assister le docteur Jefferson ainsi que son patient principal, John Rider, me prévient le directeur de Radley, monsieur Ronald comme je lis sur la plaquette posée devant son bureau.

Bien sûr monsieur. Je me suis un peu informée sur le système de votre institut. A quel stade est le patient?

Au premier, me répond-t-il en me tendant le dossier. Vous trouverez toutes les informations le concernant dans ce dossier. Monsieur Rider à 27 ans et a été interné il y a seulement quelque jours, aucune amélioration n'a été constatée.

J'ouvre le dossier, lis les informations nécessaires. Il est inscrit que monsieur Rider à été interné à cause de ses tendances psychotiques. Tentative de meurtre sur sa mère, agression sur mineur pour sa sœur de seize ans, suivi de plusieurs tentatives de suicides. A l'université nous travaillons sur de faux patients pour s'exercer, et des cas comme celui là, nous en avons eu plein, mais je n'ai jamais travaillé avec de vrais psychopathes, proprement dit.

Je coince le dossier entre ma taille et mon bras puis me lève lentement de la chaise. Monsieur Ronald gribouille sur son calepin tout en pianotant son clavier. Je rajuste mon tricot et mon jean, puis décale une mèche de cheveux qui me tombe sur le nez.

Très bien monsieur, puis-je commencer tout de suite, je lui demande.

Vous êtes là pour ça, mademoiselle.

Je hoche la tête et m'apprête à sortir quand le directeur me coupe dans ma lancée :

Attendez! Votre uniforme.

Je lui souris et attrape la blouse et le badge d'accès qu'il me tend. Avant de passer le pas de la porte il m'interrompt une seconde fois. Je soupire mais souri face à lui.

Soyez prudente, s'il vous plaît. Nous avons ici les pires psychopathes qu'il puisse exister.

Je m'arrête, confuse, mais continue ma marche.

Comment peut-il traiter ses patients de « pires psychopathes qu'il puisse exister » ? C'est pour cela que je veux faire ce métier, pour changer ça, la façon de voir des gens de l'extérieur, ceux qui entrent dans la norme de la société. Ce sont des humains, bon sang.


- Ian -

Ma main enfonçant un couteau dans son corps frêle. Le sang. Le meurtre. Un massacre. Et quand tout cela est fini, une immense joie qui envahit tout mon être. Voici les seuls choses qui comblent mon esprit, toute la journée, tous les jours, à chaque fois que mes pulsions s'accélèrent. Surtout quand je suis en présence d'une psychiatre (non « ma » psychiatre, j'ai déjà beaucoup de mal à supporter cette femme, alors je n'ai aucune envie de considérer qu'elle m'appartienne), mademoiselle Berry, et que cette insupportable personne ne cesse de parler. Seule, qui plus est. Ensuite, c'est moi que l'on traite de fou.

Monsieur Peters, reprenons où nous nous étions arrêtés le jour précédant, me dit-elle, comme si une conversation s'échangeait entre nous. Comment vous sentez-vous, me demande-t-elle en se répétant, voyant que je ne réagis pas -comme d'habitude, j'ajouterais.

Le fait-est que, je ne parle jamais. À personne. Personne ne comprendrait où je veux en venir. Les seuls sujets de conversation qui me viennent en présence de gens voulant faire la conversation sont les meurtres, la torture et la joie que me confère tout ceci. Et puis, pourquoi parler quand je pourrais faire toutes sortes de choses à toutes sortes de personnes? Non, mieux vaut garder le silence, et prolonger ce plaisir.

Ian, je pose cette question sûrement tout les jours mais dites-moi, pourquoi ne prenez-vous pas la parole ?

Si elle savait, elle s'encourrait très certainement. Je devrais lui dire simplement pour voir sa réaction de demoiselle apeurée. Je souris, un sourire de ceux qu'ils aiment appeler sadiques, malicieux, mademoiselle Berry penche son visage terne, pale, tout en me dévisageant.

Pourquoi souriez-vous, Ian ?

Le regard que je portais à son égard vient sur son corps assis, tout en revenant sur ses yeux ridés. Mes phalanges me démangent alors que mon sourire continue à masquer mon envie de lui sauter dessus, malgré les chaines à mes poignets.

Où voyez-vous un sourire, dis-je en la dévisageant, d'un air narquois.

Ses traits se redressent, comme surprise, stupéfaite. Elle écarte ses yeux, et un petit sourire vient se nicher au coin de ses lèvres.

Alors, pourquoi ne pas répondre si vous avez le don de la parole?

Je crois que j'ai assez parlé pour aujourd'hui, à chaque jour son mot. Fini la séance. Je m'affale sur ma chaise et fait pencher ma tête sur le rebord de celle ci.

Pas de réponse? Très bien. La séance est finie. Levez-vous, Ian, pour que la sécurité puisse vous ramener dans votre chambre.

Il m'attrape le bras et me conduit jusqu'à ma chambre. J'ai l'impression à chaque fois que cette folle-dingue me parle comme on parle à un enfant. Elle ne comprend donc pas que c'est ça le plus excitant, l'autorité, j'aime tellement la dévier, la forcer.

Mon séjour ici est morneet monocorde, depuis un an. Pourl'instant.    


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J'espère que ce premier chapitre vous a plus, nous espérons avoir le plus de votes et commentaires possible pour nous donner une idée sur vos ressentis...

Compte solo de Chiara, avec ses œuvres personnelles aussi magnifiques qu'intéressantes : TheMadNumberOne

Compte solo de Carla, avec ses œuvres aussi splendides qu'intrigantes : CarlaFiction

Nous vous espérons une bonne lecture !


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