VI.

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-Nina-

Une fille de bon sens, avec peut-être aussi une petite parcelle d'humanité serait partie en courant dans sa chambre pour se faufiler sous sa couverture à faire cauchemar sur cauchemar. Mais je n'ai pas d'humanité et je ne sais pas faire preuve de bon sens à ce que je vois, je ne réfléchis pas. On ne peut même pas appeler ça du courage, je suis folle. On devrait m'enfermer dans un de ces trucs. Moi qui disais que le mot « fou » restait propre à un certain genre de personne, ce n'est pas gagné pour moi. C'est à la limite d'être débile, mais effectivement, je n'ai pas pris mes jambes à mon coup pour me faufiler sous ma couette mais pour me cacher derrière les murs en suivant les gardes que Ian à sur le dos. Ses mains sont plaquées contre son crâne et, les pieds ligotés, il marche rapidement poussé par les deux immenses hommes à ses côtés. Je me plaque dans un rectangle ombragé, ils ne peuvent pas me voir.

Ce qu'il m'a dit me fascine. Je ne pensais pas qu'une personne, aussi sainte d'esprit que moi (quoique) auparavant, puisse en arriver à un tel stade de mépris de soi-même. Comment peut-on se détester autant ? Je me demande bien ce que je pourrai ressentir si un jour ma pire ennemie (qui serait donc moi-même) était omniprésente à chaque instant de ma vie. Je ne tiendrai pas, je ne suis pas aussi forte que Ian. Personne ne l'est.

J'avance jusque dans la salle des dossiers pendant que les gardes emmènent Ian au « trou ». Stella se pointe devant moi, en travers la porte.

Hey, salut !

Coucou Stella, que fais-tu ici ? Tu n'es pas montée en grade ?

Oui, mais le directeur m'a demandé de surveiller la salle des dossiers, personne ne peut y rentrer. Tu t'en rends compte ? Il me fait confiance pour ça !

–Super, dis-moi, penses-tu que je puisse jeter un coup d'œil à un dossier... ?

–Hum...peut-être que je pourrai me retourner quelques seconde...mais hum (elle se retourne) que fais-tu ici, nous sommes en week-end tu devrais être chez toi.

Je me précipite dans la salle et ouvre tous les tiroirs à dossier jusqu'à la lettre P. La sueur me submerge, cette fille est géniale.

–Oui je...monsieur Ronald voulait me tester (j'attrape trois dossiers Peters). Donc pas de repos.

–Tu en as de la chance ! Tu sais que dans les dortoirs tout le monde parle de toi ?

J'ai trouvé le dossier de Ian Peters. Je l'enfile dans ma blouse et sors en vitesse.

–Ah bon ? Dis-moi...hum tu me raconteras ça plus tard, hin ? Merci Stella !

Je pars en la laissant seule mais s'il arrivait que je me fasse attraper...je n'ose même pas penser ce qu'il pourrait m'arriver. J'enchaîne les escaliers jusqu'au rée de chaussez pour rejoindre ma chambre. Je jette un coup d'œil à l'horloge du couloir en piteux état, elle annonce qu'il est quatre heures du matin. Cela voudrait dire que nous sommes déjà dimanche ? J'avais complètement oublié l'anniversaire de ma mère. J'attrape mon oreiller et ouvre la taie pour y incérer le dossier. J'empoigne mon téléphone et retire ma blouse pour me vêtir de ma bonne vieille doudoune. J'emprunte à nouveau ce foutu couloir, dont j'ai l'impression d'y passer mes journées, pour rejoindre l'extérieur. Les lumières s'éteignent soudainement toutes simultanément. J'accélère le pas et des cliquetis de verrous me font sursauter. J'atterris enfin derrière l'immense porte.

Une dizaine de stagiaire sont assis sur les marches ou font les cent pas sur les dalles, une cigarette à la main, le calme n'est pas à son comble. A peine je descends une marche que les regards menacent et les paroles fusent sur mon dos. Je m'écarte de toutes ces menaces et compose le numéro de ma mère sur mon téléphone. Après trois essaies sans réponses je m'avance vers ses personnes que je n'avais encore jamais vu.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 11, 2016 ⏰

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