- Nina-
Un cri sourd me réveille, le visage terne et cerné, je me redresse d'un bon. Je regarde autour de moi alors que mon cœur s'emballe. Il n'est que trois heures du matin, mais mon bipper s'agite sur la table de nuit. Un autre cri strident vient endommager mon ouïe.
Il me faut quelques secondes pour comprendre que mon patient à besoin d'aide. Je me lève du lit, attrape mon uniforme et mon bipper puis sors de ma chambre en toute vitesse. J'enfile ma blouse tout en courant dans le couloir sombre qui mène aux pièces des détenus. Mon bipper ne fait que sonner et la diode rouge s'agite comme le gyrophare d'un camion de pompier.
En longeant les barrières de chaque pièce de patient, je tourne la tête de droite à gauche pour retrouver le visage de John Rider, puis soudain, un énième cri vient frapper les murs de l'hôpital et fait résonner tout le couloir. Certains détenus se réveillent et hurlent à leurs tours.
Mes yeux clignotent et mon cœur palpite, une boule au ventre m'envahit jusqu'à que je me trouve devant la bonne pièce. Il est devant moi, de dos, entrain de se débattre sur son lit, il tape sur les murs et sa respiration est irrégulière. Il se retourne et soudain, son visage me marque, comme une claque qu'on se prend, une bonne claque qui nous remet toutes les idées en place.
L'horreur que je perçois dans ses yeux, la douleur sur ses lèvres, son cri. C'est une abomination d'être comme ça. Et je me dis que cette chose n'est pas humaine, mais nous sommes tous les monstres de dieux, alors je me ressaisie, et prends sur moi.
– John, John ! Regardez-moi, regardez-moi ! Dis-je en passant ma main à travers un des barreaux.
Il continue de crier, ses poings sont fermés.
– John, dis-je plus attendrissante. Regardez-moi, prenez ma main.
Les cris s'arrêtent, ses articulations se détendent. Il avance vers moi, les bras collés à son corps. Sa respiration est forte, telle une bête enragée.
Je ne le lâche pas du regard, ma main toujours en avant, tremblante. Sa main agrippe la mienne et soudain, la pression de ses muscles augmente dans ma paume. De mon autre main je sors une boite de neuroleptiques de ma poche. Ses yeux remplis de terreurs ne regardent que les miens, remplies de peine, de tristesse, et de peur.
Il jete un coup d'oeil aux pillules que je lui tends, tout en serrant de plus en plus ma main. Il repose son regard sur mon visage.
– Faites moi confiance John, ça va enlever toute cette douleur.
Pendant qu'il ouvre la bouche, je lui glisse les pillules à l'intérieur. Il détache lentement sa main de la mienne tout en reculant. Je ferme les yeux de soulagement, puis souffle un grand coup. Je m'accroche aux barreaux tout en le regardant se poser sur son lit. Il entre dans son drap puis je le vois avaler les deux pilules. Un simple et petit sourire vient se nicher sur mon visage, et je ne peux que me féliciter pour avoir réussi à faire face à ça.
Sans m'en rendre compte, trois étudiantes comme moi s'étaient aussi réveillées pour venir calmer leur patient.
– Tu es la nouvelle, c'est bien ça ? Me chuchote une jeune blonde.
Je n'arrive pas trop à percevoir son visage car la seule lumière allumée se trouve à au moins une dizaine de mètre de nous. Je regarde les deux autres femmes parler à leur protégé puis je pose mon regard sur le peu du visage que je perçois de la fille.
– Oui, je suis vraiment désolée pour ce bazar, je n'ai pas réussi à aller plus vite, dis-je anxieuse.
– Tu rigoles ? Tu t'en es vraiment bien sortie pour une première fois.
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Psychotic
ActionStudieuse, amusante, heureuse de vivre, Nina Hale ne se plaignait que rarement. Hors du commun, malade, Ian Peters aimait tuer, il subissait la vie. Un alter ego peut en révéler un autre. Et lorsque la personne qui vivait pour deux n'arrive plus à...